SOCIETE
Elisabeth Badinter : "Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe"
le mercredi 06 janvier 2016, 21:56 - SOCIETE - Lien permanent
Un an après l'attentat contre "Charlie Hebdo", la philosophe, sur France Inter, appelle à ne pas se laisser bâillonner par le politiquement correct lorsqu'il s'agit de défendre la laïcité
Avant d'appeler, toujours en parlant de la laïcité, à ne pas craindre de la défendre coûte que coûte, quitte à déranger : "Il faut s'accrocher et il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe, qui a été pendant pas mal d'années le stop absolu, l'interdiction de parler et presque la suspicion sur la laïcité. A partir du moment où les gens auront compris que c'est une arme contre la laïcité, peut-être qu'ils pourront laisser leur peur de côté pour dire les choses."
Invitée un peu plus tard à préciser ses propos, Elisabeth Badinter assume : "On ferme le bec de toute discussion sur l'islam en particulier ou d'autres religions avec la condamnation absolue que personne ne supporte : 'Vous êtes raciste ou vous êtes islamophobe, taisez-vous !' Et c'est cela que les gens ne supportent plus : la peur, pour des gens de bonne foi, qu'on puisse penser que vous êtes raciste ou anti-musulman fait que vous vous taisez. C'est la meilleure arme qu'on pouvait trouver à l'égard des gens de bonne foi."
Certes, Elisabeth Badinter appelle "évidemment" à "combattre au maximum le racisme, l'antisémitisme, le racisme anti-musulman, etc". Mais elle persiste et signe sur l'islamophobie : "Je me suis aperçue depuis quelques années que c'est la phrase clé qui arrête tout et je veux pouvoir, comme beaucoup d'autres, discuter d'une religion, de toutes les religions. Donc je ne veux pas qu'on me ferme la bouche avec ça."
Commentaires
Plus précisément, ces délits qui auraient dû être traités comme agression, vol, harcèlement sexuel ou pas, restaient souvent sans intervention sérieuse des autorités à cause de l"étiquette de "raciste" que l'on collait immédiatement sur les plaignants. L'agresseur; voleur harceleur, était "victime" de la mauvaise foi raciste de gens qui "en remettaient honteusement" pour créer un climat de tension.
Par conséquent, un sentiment de colère et d'impuissance s'est développé, créant un vrai racisme.
Des femmes qui portaient plainte contre des hommes - qui étaient aussi musulmans - se sont souvent vues menacer par sos racisme... Mais c'était la même chose lors d'agressions ou vols... sos racisme ne faisait pas le tri, il suffisait d'être noir ou musulman et automatiquement l'autre passait de victime à tourmenteur raciste. Et finalement, c'est un peu ça qui a renforcé le vrai racisme aussi...