Guy Cotret et Jean-Luc Vannuchi lors d'une soirée speed dating à l'AJA au mois de décembre (DR)

 

 

Mais à quoi joue donc Guy Cotret ?

Il trace la voie et l'objectif puis met tout le monde sous pression, avec des exigences dont l'ex-banquier n'a manifestement pas les moyens.. On ne mène pas une communauté humaine et sportive avec des ratios de chiffres et équations glacées.

Il y a le sang, le coeur, les tripes, le respect, la valeur d'exemple, la capacité à entraîner derrière soi et  montrer une vision de l'avenir, du jeu, de l'aventure humaine.

Guy Cotret est incontestablement un bon gestionnaire de chiffres mais pour le reste, il a encore tout à démontrer.

Le succès, la réussite comme la confiance ne se décrètent pas. Cela se gagne petit à petit et se construit au fur et à mesure.

Pourquoi l'AJA n'est pas constante dans ses perfomances ? Pourquoi n'arrive-t-elle pas à imposer un jeu, un style ? Pourquoi avoir concédé ce nul de reprise contre Valenciennes après le non match au Havre en clôture de 2015 année de finale de Coupe de France ? Pourquoi cet effondrement en deuxième mi-temps au Havre alors que les Bleus menaient 0-1 et semblaient avoir mis la main sur le match ? ... Péripéties dans une saison.

Alors oui, on peut incriminer les joueurs, individuellement ainsi que collectivement. Les invectives pleuvaient sur les réseaux sociaux dont parfois les commentaires donnent envie de vomir tant ils puent l'ignorance et la haine surtout. Réactions humaines violentes traduisant la frustration, la déception de gens qui ne prennent pas de recul et dont il semblerait qu'ils n'ont que le foot et leur équipe pour agrémenter leur vie.

Alors oui, on peut chercher le bouc émissaire classique, l'entraîneur et le vouer aux gémonies après l'avoir célébré pour le parcours en Coupe de France et certains matchs exceptionnels dont celui contre Guingamp en demi-finale au Stade Abbé-Deschamps ressuscité.

Trop facile et insuffisant.

Le fond, et toutes les personnes de bonne foi le savent en leur for intérieur, c'est que cette équipe est très jeune par l'expérience et le nombre de gamins qui y évoluent. Pire, elle n'a pas cette structure de cadres d'expérience habitués à jouer ensemble. C'est donc une mission quasi impossible pour Vannuchi de faire monter une équipe aussi fragile, manifestement et structurellement. Pour qui connaît un tant soit peu le foot, il n'y a pas de baguette magique qui permet de réussir d'emblée dans la durée.

Nous irons jusqu'à dire que ce qu'a réalisé Vannuchi depuis son arrivée est plus qu'honorable dans ces conditions.

Qui a géré en dernier ressort l'effectif et les recrutements ? Guy Cotret. Qui a laissé partir Djellabi, Sammaritano, Ben Idir, Léon et Castelletto après avoir claironné qu'il voulait conserver une ossature pour poursuivre la construction de l'équipe en devenir qu'il faut rebâtir de A à Z ? Guy Cotret.

On ne parlera pas de d'Haller prêté avec option d'achat pour 600 000 euros à Utrecht aux Pays-Bas, qui vient aujourd'hui de refuser une offre de 9 millions d'euros de Norwich en Angleterre.

Qui a recruté pour zéro euro ou de petites sommes ? Guy Cotret.

 

La confiance

 

Qui dans ces conditions a imposé l'objectif de monter en Ligue 1 cette année, car les finances du club l'exigent (sous-entendu sinon on ferme), ce qui revient à, d'une part mettre une pression exogène inappropriée et, d'autre part à une forme de chantage ?

Qui est allé débaucher Jean-Luc Vannuchi, à Martigues (CFA) alors que ce dernier était encore sous contrat et son équipe bien placée pour la montée ? Guy Cotret qui a connu Vannuchi comme entraîneur au Paris FC.

Qui aurait dû prolonger le contrat de Vannuchi qui arrive à terme échu en juin cette saison ? Guy Cotret.

Car non, le président de l'AJA n'a toujours pas prolongé le contrat du coach. Il se comporte exactement comme il l'a fait avec Bernard Casoni. Qu'il a fait mijoter jusqu'au bout avant de le licencier.

Cela met une pression sur l'environnement sportif, ouvre la voie aux spéculations les plus diverses et est improductif.

Mais Guy Cotret apparaît dans toute sa puissance comme le grand décideur vers lequel tous les regards se tournent. Le voici au centre mais sans ballon. Cela traduit une absence de vision à long terme au profit d'une gestion sportive au jour le jour selon les circosntances.

Attendre cela signifie qu'on ne fait pas confiance et que l'autre partie doit apporter de nouveaux gages et de nouvelles preuves de ses compétences. Bref qu'on doute d'elle. Dans cette hypothèse il va falloir qu'il explique pourquoi il s'est trompé dans le recrutement de son coach.

Comment travailler dans la sérénité dans ces conditions. Qu'en pensent les joueurs qui subissent aussi des pressions?

Comment travailler l'esprit tranquille ? Faute professionnelle ?

À chaque fois que Guy Roux fut en difficulté au classement, Jean-Claude Hamel l'a prolongé avec un contrat de longue durée, à chaque fois. Autrement dit, le boss montrait que dans l'épreuve et la difficulté, il était avec son coach, pour le meilleur comme pour le pire. Un signe très fort en interne et pour l'extérieur.

Mais l'AJA, autrefois, c'était une aventure humaine, une aventure programmée, non pas par un banquier sans moyens mais par un marchand de camions et un passionné fou de foot, manager de surcroît. À chacun son métier. Aujourd'hui l'AJA a tout faux de ce point de vue.

En ce mois de janvier, le contrat de Jean-Luc Vannuchi n'a toujours pas été prolongé. Comment construire dans ce contexte ? Sachant que pour bâtir durablement, il faut des années.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

Guy Cotret et Bernard Casoni, qu'il a fait lanterner jusqu'au mois de janvier 2014 avant de le licencier (DR)