Patrick Tuphé a cassé les codes et tout s'est débloqué comme par enchantement (DR)

 



 

Il avait commencé par se démarquer de ses colistiers d'opposition sur le dossier de la menace de fermeture du collège Bienvenu-Martin. Affirmant haut et fort, à contre courant, que ce symbole de la République dans ce quartier où il a vécu dix ans, ne devait pas mourir. Une intervention qui provoqua les applaudissement nourris des membres de l'assemblée municipale.

L'ancien inspecteur du travail, ancien adjoint aux travaux de Jean-Pierre Soisson, dirigeant historique du RCA, entrepreneur cofondateur de Bourgogne Interim, spécialiste de l'insertion,  membre fondateur des Copains d'abord, en a eu marre et en a marre.

Marre des blocages de dossiers qui polluent la vie publique. Marre des conflits et rapports de force ou de coqs entre le département et le conseil municipal d'Auxerre, entre le maire et le président du conseil départemental de l'Yonne qui ont pourtant usé leurs culottes sur les bancs de Jacques-Amyot dans la même classe.

Marre que les citoyens soient pris en otage. Marre que les politiques de tous bords ne semblent toujours pas avoir tiré les enseignements des dernières consultations électorales.

Marre - c'est son analyse - que le conseil départemental assèche la ville d'Auxerre dans un esprit de politique politicienne et de revanche, afin de reprendre le pouvoir.

Alors qu'a-t-il fait le bougre ? Il a pris sa plume pour rédiger un voeu qu'AUXERRE TV publie en intégralité ci-dessous. Un voeu adopté à la quasi unanimité.

Vu l'heure tardive on va faire court.

L'animal politique Tuphé a sorti une fourchette, expression rugbystique qui signifie un mauvais geste consistant dans les regroupements à neutraliser son adversaire en lui enfonçant deux doigts tendus dans les yeux.

Tuphé a proposé au conseil municipal d'Auxerre de prélever 600 000 euros sur les indemnités d'assurances perçues (1,6 millions d'euros) par la ville à titre de dédommagement de la destruction par un incendie en 2012, du gymnase Albert-Camus, pour financer la quote part non assumée par le conseil départemental sur le projet d'aménagement de nouveaux vestiaires du RC Auxerrois.

Or c'est cette quote part du cofinancement quasiment bouclé par ailleurs, qui manquait. Et bloque le dossier. L'État via le préfet, le ministère des sports, la fédération (Pierre Camou le président de la FFR est venu à Auxerre), la région (Frédérique Colas s'emploie), la ville d'Auxerre (Guy Férez) ont tous oeuvré dans le même sens.

Manquait le département, qui subordonnait sa part de financement au RCA à l'acceptation par la ville d'Auxerre d'être le maître d'ouvrage de la reconstruction du gymnase Albert-Camus. C'est le jeu politique.

 

Larrivé a percuté

 

Autrement dit, plus fondamentalement, selon Tuphé, à chacun ses compétences de la loi Notre et ses vaches qui seront forcément mieux gardées. La ville d'Auxerre finance le RCA et le département les collèges et les gymnases. Point barre.

En tant que membre de l'opposition municipale, Patrick Tuphé a informé son leader Guillaume Larrivé deux jours plus tôt, de sa démarche, ainsi que ses colistiers. Sur un dossier bloiqué, en attente, depuis 5 ans.

Le tout nouveau secrétaire départemental de parti LR a aussitôt percuté malgré ses nombreuses activités et obligations nationales (absent hier à Auxerre il était au club de la presse d'Europe 1 pour commenter le remaniement du gouvernement), et avisé son comparse André Villiers le président UDI du conseil départemental.

Politiquement, la démarche Tuphé signifiait que l'argent de l'assurance allait dans les poches de la ville d'Auxerre et que le département ne le reverrait jamais pour la reconstruction du gymnase. Au-delà, cela signifiait que désormais la ville d'Auxerre s'en tiendrait aux compétences strictement définies par la nouvelle loi de réforme territoriale.

En 48 heures, retournement.

Jeudi après-midi, Guy Férez, à sa grande surprise, recevait une lettre du conseil départemental, indiquant qu'il était d'accord pour assumer la maîtrise d'ouvrage de la reconstruction du gymnase Albert-Camus pour autant qu'une délibération du conseil municipal d'Auxerre acte le donation du terrain ainsi que le versement - en une fois - de l'indemnité de 1 million d'euros, perçue par la ville d'Auxerre à titre de dédommangement  suite à l'incendie qui a détruit le gymnase Albert-Camus, en juillet 2012.

Quant aux vestiaires du RCA, il est évident que le dossier est définitivement bouclé.

Merci aux membres de l'opposition municipale d'Auxerre qui travaillent dans l'ombre, à commencer par Michèle Bourhis, suppléante du député Guillaume Larrivé et Élisabeth Carré-Billebault, dont le lobbying auprès du conseil départemental a donc fini par contribuer à porter ses fruits au bout de quatre années, avec Patrick Tuphé, arrière centre et Jean-Pierre Bosquet en pilier de la mêlée qui se moque des arrières, estimant que le voeu ne s'imposait plus compte tenu de la lettre de Villiers. C'est pourquoi les membres de l'opposition à l'exception, bien sûr, de Patrick Tuphé auteur du voeu qui a tenu à ce qu'il soit acté, rien n'étant encore signé, se sont abstenus.

Manquaient à l'appel le député, Malika Ounès et André Millot.

Ils ont raté quelque chose, on vous le dit.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 

 

VŒU DE PATRICK TUPHÉ, CONSEILLER MUNICIPAL CENTRISTE D'OPPOSITION

ADOPTÉ À L'UNANIMITÉ MOINS TROIS VOIX DE L'OPPOSITION

 

"Monsieur le Maire, chers collègues,

 

"Le lundi 29 octobre 1979, je vivais ma première journée à Auxerre en qualité de contrôleur du travail au sein de la DDTE de l’Yonne. Il y a plus de 36 ans maintenant. J’avais 19 ans. En fin de soirée, désireux de m’intégrer au plus vite dans cette cité du nord (pour un Aurillacois), je m’empressais de rejoindre le stade de rugby pour y prendre une licence de joueur.

Ce jour là, dans un vestiaire transformé en bureau, je faisais la connaissance de plusieurs personnages historiques du Rugby club Auxerrois, dont Alain Arnaud, Roland Alvarez, M Bersan , le Père du Co Président actuel, Jean François Flèche-Loisy, Alain Mariani et bien d’autres encore dont j’ai oublié la présence.

Quelques mois plus tard, grâce à l’opération mille clubs initiée par le secrétaire d’Etat aux sports de l’époque, Jean Pierre SOISSON, s’érigeait enfin un club house toujours existant puis une tribune.

Aujourd’hui, 36 ans plus tard, les vestiaires en question sont toujours là ainsi que le Club House.

On peut dire avec fierté que la famille du rugby club auxerrois, avec l’aide de la Commune et de l’Office Municipal des Sports a bien géré le patrimoine immobilier qui lui était confié. Je doute qu’il reste aujourd’hui en France beaucoup de « mille-club » aussi bien entretenus que celui de la route de Vaux.

Malheureusement, la vétusté de ces locaux conjuguée à l’accroissement exponentiel des règles d’hygiène et de sécurité rend obligatoire la rénovation complète des vestiaires et du Club House.

Cela est d’autant plus prégnant  que le Rugby Club Auxerrois a vu son nombre de licenciés s’accroître très rapidement avec comme récompense suprême la présence de Camille CHAT, un jeune formé à Toucy et à Auxerre, dans le groupe du Quinze de France. Nous lui souhaitons de fêter sa première cape samedi face à l’Irlande au stade de France.  Il honorera ainsi tous les bénévoles des clubs sportifs de notre ville. 

Apres de nombreuses négociations, vous avez proposé, Monsieur le Maire, que les travaux de rénovation demandés depuis de nombreuses années soient réalisés. Un concours d’architectes est d’ailleurs lancé. Reste le  problème du « bouclage » financier.

Selon mes informations, le projet a le soutien du Conseil Régional, de l’Etat avec l’intervention personnelle de Monsieur le Préfet de l’Yonne, du Député de la circonscription sur son enveloppe parlementaire, de la Fédération Française de Rugby, mais il subsiste encore un doute sur la participation du Conseil Départemental qui subordonne celle-ci à la réalisation du Gymnase des Clairions.  

Il semblerait que le point d’achoppement porte, entre autres,  sur la question de la maitrise d’ouvrage.

Cette exigence qui découle, une fois de plus, des sempiternels conflits inhérents à la superposition des compétences prend en otage le Rugby Club Auxerrois comme les utilisateurs du gymnase, qu’il s’agisse des collégiens ou des associations sportives qui l’utilisaient auparavant.

Pour ma part, puisque le gymnase des Clairions a brûlé et qu’il n’existe plus, il me parait évident que la maitrise d’ouvrage du gymnase des Clairions relève de la compétence du Département.

Les lois de décentralisation prévoient que les départements prennent en charge les équipements éducatifs destinés aux collégiens et la loi Notre n’a pas modifié cette répartition des compétences.

La ville d‘Auxerre  a perçu une indemnité assurancielle pour la perte de ce bien et  vous aviez proposé M le Maire que cette indemnité soit reversée au département s’il décidait de réaliser le gymnase.

Nous sommes donc dans une impasse puisque le département accepterait de financer le projet sportif du RCA et le Gymnase des Clairions sous réserve que la ville d’Auxerre accepte de prendre la maitrise d’ouvrage des deux opérations. Or la construction du gymnase n’est pas de la compétence de la ville.

Ces tergiversations sont épuisantes pour tout le monde.

La profession du Bâtiment souffre particulièrement et a besoin que les projets sortent des cabinets d’architectes ;

Les dirigeants du RCA ont le sentiment d’être « baladés » depuis des mois ;  

Les anciens utilisateurs du gymnase ne savent plus qui dit vrai ou faux.

Une chose est sûre et certaine ; La rénovation des équipements du stade Pierre Bouillot relève bien de la compétence de la commune puisqu’il s’agit d’un bien public, mis à disposition du club et qui entre dans le patrimoine de la ville d’Auxerre.

En conséquence, Monsieur le Maire, mes chers collègues, je vous demande de voter la sortie de l’impasse en acceptant de prendre le montant de la participation prévisionnelle du département relative au projet de rénovation du stade Pierre Bouillot, soit environ 600 000 € sur le budget d’investissement de la ville et d’affecter la différence entre l’indemnité versée par l’assurance au titre de la perte du gymnase des clairions et ces 600 000 € sur une ligne prévisionnelle de soutien à l’investissement du Département dans la reconstruction du dit gymnase.

Ainsi, par réciprocité, le montant total de l’indemnité versée par l’assurance à la ville pour la perte du gymnase des Clairions revient au département puisqu’il est exonéré de participation sur l’investissement du RCA ;  

L’objectif n’est pas de renvoyer « la patate chaude » au département sur la question du gymnase. Les contraintes budgétaires des collectivités territoriales rendent les choix cornéliens , ce qui est la cas pour le département de l’Yonne dont nous sommes aussi contribuables.

Mais il me semble que les compétences des collectivités territoriales doivent être mieux définies et respectées.

On ne peut pas continuer à faire joujou avec les électeurs en leur faisant croire que c’est toujours la faute de l’autre si l’on ne peut pas faire.

Dans ce jeu de poker menteur pratiqué par tous, quelle que soit leur couleur politique, c’est toujours la démocratie qui sort perdante ;

Le débat contradictoire doit porter sur l’intérêt de faire ou de ne pas faire en fonction de ses moyens.

Les citoyens sont assez matures pour comprendre que des choix doivent être réalisés. Ils font cela tous les jours avec leur propre budget.

  

Patrick TUPHÉ