Les parents anticipent et font des scénarios pour la prochaine année scolaire, alors que rien n'est encore décidé et qu'il n'y a pas encore eu de débat sur le sujet au conseil départemental de l'Yonne dont c'est une des compétences par excellence. Aucun ordre du jour n'a encore prévu l'examen de cette hypothèse.

Près de 300 parents de Saint-Georges-sur-Baulche et des quartiers du collège Denfert-Rochereau, craignant la répartition sous forme de dispatching des quelques 365 collégiens de Bienvenu-Martin dans les collèges Jean-Bertin de Saint-Georges et Denfert Rochereau dont la capacité d'absorption est grande, sont allés se renseigner à Saint-Jospeh (St Jo, collège plus lycée, soit près de 1 800 élèves).

Autrement dit, des parents, inquiets pour la qualité de l'enseignement, cherchent à trouver refuge en école privée et s'éloignent de l'école publique.

L'image d'une population d'élèves problématique issue des quartiers Sainte-Geneviève et Saint-Siméon est colportée sous forme de préjugés, et ne correspond en rien à la réalité objective. Le collège Bienvenu-Martin assure une mixité que d'aucuns pourraient envier dans la mesure où le collège accueille les élèves des communes rurales alentours, notamment Vallan, Gy-l'Évêque, Lindry. Et qui sait que le collège jouit d'un réseau d'éducation prioritaire assez exemplaire associant les écoles primaires des quartiers que va renforcer le contrat de ville signé entre la ville et l'État ?

L'afflux vers Saint-Jo, sorte de valeur refuge dans l'imaginaire des gens ne prend pas en compte la réalité. Saint-Jo est saturé. Le principal problème du proviseur est certes l'intégration plus difficile que prévue des classes d'élèves footballeurs du centre de formation de l'AJA ; mais surtout le collège-lycée Jeanne D'Arc à Avallon, un établissement historique, en grosse perte de vitesse et d'effectifs pour des problèmes que nous n'aborderons pas ici car ce n'est pas le sujet.

Admettons que le collège Bienvenu-Martin ferme à la rentrée. Ne resterait dans le quartier comme symbole républicain que la mosquée, témoignant de la liberté de culte dans notre République laïque et l'école privée Saint-Jo, établissement de qualité certes mais pas forcément la panacée.

À force de fuir la réalité, ne fuit-on pas la République et les conditions du bien vivre ensemble ?

 

P-J. G.