"Tout est bloqué. Or nous n'avons pas le temps... Comment expliquer le refus d'une offre qui va pérenniser le club ?. Nous ne sommes pas morts mais ce n'est pas l'euphorie...."

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Guy Cotret président de l'AJA (DR)

 

Le président de l'AJA accélère et met, malgré lui peut-être, une certaine forme de pression dont il a le secret. Guy Cotret, avocat de formation et banquier de carrière qui l'a conduit au sommet national, se veut pédagogique.

Il met la pression sur l'association AJA l'actionnaire minoritaire, en interne, comité d'entreprise, syndicats, sur l'environnement immédiat du club, supporters, partenaires et sponsors, sur la presse.

Le message est simple : il faut que les Chinois d'Org Packaging, qui ont fait une offre écrite (6 millions pour le rachat des actions de l'actionnaire majoritaire Corinne Limido et 2 millions par an en augmentation de capital pendant trois ans), achètent le club.

Les Chinois du  groupe Org Packaging n'ont pas signé comme prévu, jeudi dernier, le contrat de vente et d'achat des parts de l'actionnaire majoritaire de la SAOS, Corinne Limido qui veut vendre et dont il apparaît qu'elle doit vendre.

" Tout était bouclé et finalisé en un peu plus de cent pages. Il ne restait qu'à signer et parapher, y compris les clauses suspensives car il y en a plusieurs donc pas seulement celle qui concerne l'augmentation de capital et la dilution des parts de l'association AJA. En dépit d'un contrat totalement finalisé, les Chinois n'ont pas souhaité le signer, jeudi, comme prévu.", regrette Guy Cotret, même si il trouve "normales les négociations ".

" L'association AJA qui est en négociations avec l'acquéreur chinois potentiel, a fait une contre-proposition fumeuse (1) et les Chinois qui sont au moins tout aussi intelligents que nous, ont décidé d'attendre et de poursuivre les négociations. L'association a pris un avocat ce qui devrait favoriser la compréhension des acteurs ainsi que le dialogue".

Guy Cotret affirme ne pas comprendre la position de l'association AJA car le deal est clair et cette dernière voit ses droits et sa représentation équivalents et garantis noir sur blanc dans le contrat. Les dirigeants de l'association en question considèrent quant à eux qu'ils ont été écartés d'entrée des négociations qui se sont faites dans leur dos, ce qui revient à un passage en force.

Selon le président Cotret, le contrat ciselé qui est prêt et peut être signé à tout instant, stipule que l'association AJA conserve les mêmes droits ou équivalents, avec des parts diluées de 40 à 23 % ainsi que trois représentants au conseil d'administration. En outre elle verrait sa subvention de fonctionnement conventionnelle passer de 310 à 410 000 euros.

 

Les scénarios

 

" Je ne comprends pas mais je ne désepère pas car ce qui se joue, c'est ni plus ni moins la pérennité du club à court terme. Non on n'a pas le temps ! Les représentants de l'association ont entendu comme moi le président de la DNCG affirmer que sans apport financier, l'AJA serait contrainte au dépôt de bilan en avril-mai si nous ne faisons par rentrer 2 millions d'euros d'ici là ..." assure le président Cotret.

Un peu de pédagogie pour mieux comprendre son point de vue. Résumons.

Scénario 1 : L'AJA dans le budget prévisionnel 2016-2017 présenté à la DNCG (le gendarme financier du foot français), par le président Cotret, a une ligne qui prévoit une recette de 2 millions d'euros à venir. Soit les bonus sur les transferts de Ntep de Rennes à x, Haller de Utrecht à Y (vendu par l'AJA 600 000 euros) et Boly de Braga à Z.

Un bonus est une des clauses du contrat qui consiste par exemple à dire qu'en cas de revente du joueur avec bénéfice, le club initial en perçoit une portion définie dans le contrat. Prenons l'exemple de Sébastien Haller formé à l'AJA qui a explosé aux Pays-Bas. Le club Batave (et le joueur?) a refusé au mercato d'hiver une offre de 5 millions d'euros d'un club anglais. Considérons une offre de 7 millions cet été, avant la fin du mercato le 31 août.

L'AJA, selon Guy Cotret percevrait 1,2 millions d'euros dans le meilleur des cas. Pourquoi ? Parce que nul ne maîtrise les conditions d'un contrat futur. Par exemple, un achat peut correspondre à un transfert plus le prêt ou le transfert d'un joueur. Donc les sommes ne sont pas les mêmes.

En outre, beaucoup de contrats aujourd'hui, sont payés sur deux voire trois ans. Bref on étale faute de moyens. Les 1,2 millions d'euros pour Haller, peuvent se transformer en 600 000 euros sur deux ans. Loin du compte. Des 2 millions nécessaires à l'AJA pour boucler son budget 2016-2017. On peut comprendre l'inquiétude de Guy Cotret d'autant que tout lui échappe, c'est-à-dire qu'il ne maîtrise rien dans ce domaine celui des transferts de ces joueurs qui ne dépendant pas de lui.

Ntep relève d'une xème blessure à Rennes ce qui refroidit les offres à son endroit. Willi Boly a encore deux ans de contrat, donc pas sûr que son club Portugais veuille le céder, d'autant qu'il a été performant ces derniers temps.

Si les transferts se font, il est possible que l'AJA réussira àrecueille les 2 millions nécessaires.

Scénario 2 : L'AJA ne récolte pas les 2 millions de recettes prévues avec les bonus contractuels hypothétiques. Dans cette hypothèse, le club doit déposer le bilan, explique le président Cotret qui ajoute que c'est la rétrogradation administrative en championnat amateur. C'est sans appel. " Le président de la DNCG Monsieur Tcheng, a été formel. La relégation administrative serait incontournable." Version contestée par le président de l'assocaition AJA Michel Parmentier, et un administrateur de l'association AJA, Alain Géhin, présents lors de la réunion à la DNCG.

Scénario 3 : L'AJA a recueilli les 2 millions nécessaires pour équilibrer le budget. La saison 2016-2017 se conclut par la non montée de l'AJA en Ligue 1. Le club est contraint de fermer le centre de formation pour ramener le buget de 12 millions d'euros à 9 voire 8 millions d'euros. À partir de là, cela devient du bricolage avec ambition sans moyens.

Mais on n'en est pas là. Du moins pas encore.

 

"165 emplois en jeu"

 

Guy Cotret a pris ses précautions et les devants, en informant les instances représentatives du club, comité d'entreprise, syndicats, partenaires, sponsors, réunis la semaine dernière. Les choses ont été dites.

" Les gens ne se rendent pas compte que 165 bulletins de paye sont en jeu et que je suis obligé, dès à présent, de supprimer 2 à 3 emplois ..."

Lorsqu'on lui oppose l'argument de la minorité de blocage, fondamentale semble-t-il, pour les membres de l'association AJA dépositaires du patrimoine accumulé au fil des décennies, par l'Abbé-Deschamps, Guy Roux et Jean-Claude Hamel, Guy Cotret assène un contre immédiat.

" La question de la minorité de blocage est un faux argument. Quel que soit le pourcentage d'actions, par convention de droit commercial, les parties peuvent définir des droits équivalents et des obligations. Non, en-dessous de 33%, l'association AJA n'est pas morte, comme on veut le faire croire...", assène le président Guy Cotret.

En attendant le président de l'AJA garde espoir.

Vendredi 5 août, jour de match, le premier à l'Abbé-Deschamps de la nouvelle saison contre le Gazélec d'Ajaccio entraîné par un certain Jean-Luc Vannuchi, des réunions vont précéder la rencontre dont le coup d'envoi sera donné à 20 heures.

D'abord, le conseil d'administration de la SAOS AJA est convoqué de manière informelle où des dirigeants Chinois de Org Packaging seront présents. Peut-être même le big boss du groupe ...

Après ou dans le même temps, à 17 heures, le conseil d'administration de l'association AJA se réunira en présence des dirigeants Chinois d'Org Packaging, avant une réunion où tous les membres de l'association sont conviés. Idem le 2 septembre pour l'assemblée générale.

D'ici là, le président Guy Cotret n'exclut aucune hypothèse, y compris celle d'une signature avec les Chinois. D'autant que le délai contractuel pour lever les conditions suspensives (dont l'augmentation de capital) obligerait les parties jusqu'au 30 septembre.

D'un mot, le président de l'AJA comptait sur 2 millions d'euros injectés par les Chinois dès cette saison avant la fin du mercato pour renforcer son équipe. Le pourra-t-il encore ?

Il reste à rêver d'un mercato d'hiver, si les vents s'avèrent contraires sur les terrains de jeu.

Et des hypothétiques transferts fructueux de Boly, Haller et Ntep.

 

Pierre-Jules GAYE

 

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(1)  Selon nos informations, l'association AJA a proposé de céder gratuitement 6% de ses actions (de 40 à 34% ce qui maintient la minorité de blocage) qu'elle détient dans la SOAS AJA à Org Packaging. En contrepartie, Org Packaging s'engage à injecter 2 millions tout de suite et ensuite les parties apprennent  à mieux se connaître et à travailler ensemble. Si on se plaît et que ça marche, l'association en prendra acte et cédera d'autres actions. D'autres pistes ont été évoquées dans la négociation entre l'association et les représentants du groupe chinois, telle que la cession d'un terrain aux Chinois aux fins d'y construire une résidence pour les pensionnaires chinois, joueurs et entraîneurs, du centre de formation. Car c'est le centre de formation de l'AJA sa légende et sa réalité, qui semble fasciner les Chinois.

 

 

 

Le président de l'AJA Guy Cotret affirme ne pas comprendre le comportement de l'association AJA, l'actionnaire minoritaire, mais garde l'espoir que les choses s'arrangeront dans l'intérêt du club (DR)