Le scandale continue.

Les milliardaires qui ont fait main basse sur la plupart des titres de la presse quotidienne nationale (PQN) ou de la presse quotidienne régionale (PQR) empochent l’essentiel des aides directes que l’État verse, soi-disant pour venir en aide à la presse et défendre le pluralisme.

C’est ce qui ressort des tableaux statistiques portant sur l’année 2015 que le ministère de la culture et de la communication a présentés en avant-première, le 3 octobre, aux éditeurs de presse, et que Mediapart est en mesure de révéler.

Rompant avec une très longue tradition d’opacité, le ministère de la culture et de la communication publie depuis quatre ans le détail des aides directes que l’État accorde à la presse – qui viennent s’ajouter aux aides indirectes qui bénéficient à toute la presse.

Ces statistiques pour 2015 seront donc bientôt publiées sur les sites internet du gouvernement : culture.gouv.fr et data.gouv.fr.

Mais elles ont dès à présent été présentées en avant-première, le 3 octobre, aux éditeurs de presse, à l’occasion de la traditionnelle « conférence des éditeurs ».

Voici donc le tableau statistique qui porte sur les aides directes pour l’année 2015

 

Les aides directes de l'État à la presse

 

 

 

Pour parvenir à interpréter correctement ces statistiques, il faut avoir à l’esprit que, les années antérieures, les chiffres rendus publics prenaient en compte toutes les aides directes distribuées à la presse, y compris les aides à la distribution postale. C’est ainsi que, pour 2014, les statistiques (que l’on peut télécharger ici) faisaient apparaître des aides pouvant dépasser la dizaine de millions d’euros pour certains titres.

Les aides directes les plus importantes culminaient ainsi à 15,2 millions d’euros pour Le Figaro, 14 millions d’euros pour Aujourd’hui en France ou encore 13 millions pour Le Monde.

Et puis surtout, il y a une chose qui ne change pas : aux termes de critères de répartition absolument opaques, ce sont toujours les journaux qui sont la propriété (ou qui le sont devenus) des oligarques qui absorbent la plus grosse part du pactole.

Si l’on agrège les 20 titres les plus aidés, ceux qui bénéficient de crédits supérieurs à 1 million d’euros, sur les 326 journaux qui apparaissent dans le tableau, on découvre qu’ils se partagent 56,4 millions d’euros sur les 77,1 millions d’euros distribués. En résumé, les aides directes sont réparties entre des mains très peu nombreuses, puisque ces 20 titres se partagent à eux seuls plus de 73 % du pactole.

Le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (le Spiil, dont Médiapart est l’un des membres fondateurs et dont AUXERRE TV est membre), dans son manifeste (il est ici), défend de longue date l’idée d’une refondation des aides publiques, et en particulier une suppression des aides directes.

 

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