L'Avallonnaise Murielle Vergès-Caullet est conseillère régionale déléguée au service public de l’orientation, présidente de la commission Apprentissage et formation professionnelle - sanitaire et social - lycées - enseignement supérieur - recherche (DR)

 

 

"Comment le préfet a- t-il prévu de concilier le développement de l'activité économique prévue sur l'ancien camp militaire de Jaulges ?
"J'ai l'impression qu'il a complètement oublié cela et j'espère qu'il va s'en souvenir rapidement car il y a un beau projet en cours depuis plusieurs années, qui arrive à son terme : Champ'Yonne."

Murielle Vergès-Caullet, conseillère régionale socialiste de Bourgogne-Franche-Comté a posté ce commentaire en dessous de l'article d'AUXERRE TV relayé par Facebook, consacré à l'arrivée de migrants à Jaulges près de Saint-Florentin.

La question, pertinente, vient-elle tardivement ? Sans doute.

 

Le préfet lié

 

Le préfet de l'Yonne dans un courrier adressé, l'an dernier, en réponse au ministère de l'Interieur qui l'avait interrogé sur les capacités d'accueil de migrants dans l'Yonne, a fait état d'un chiffre généreux. Ce qui eut le don de mettre en colère le député maire d'Avallon Jean-Yves Caullet et le maire d'Auxerre président de la communauté d'agglomération Guy Férez, estimant que l'Yonne ne pouvait pas accueillir autant de monde.

Depuis le début de l'année 2015, le préfet de l'Yonne se trouve lié par cet engagement contracté, objectivement, aux dépens d'un projet d'installation d'entreprise quasi abouti mené par Gontran Derly sur la moitié de la superficie de l'ancien camp militaire de Jaulges. Une champignonnière à ciel ouvert avec 50 emplois à la clé, 200 à terme.

L'affaire fut étouffée avec la complicité objective de la DREAL (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) alors que le PETR (pôle d'équilibre territoriaux et ruraux) du Grand Auxerrois que préside Guy Férez, s'était positionné ainsi que la communauté des communes du Florentinois.

L'État développe depuis peu une politique de vente des domaines militaires qu'il n'utilise plus. Ainsi, dans l'Yonne, le camp de Chemilly et celui de Jaulges sont en vente, avec un cahier des charges prévoyant une dépollution. Des appels d'offre ont été lancés, infructueux.

 

Le vente du terrain militaire bloquée

 

Par exemple, l'entreprise candidate pour acheter la moitié de la superficie (20 hectares) du camp de Jaulges proposait 700 000 euros estimant que la valeur était celle du gardiennage, de l'ordre de 200 000 euros par an. Le raisonnement consistait à dire que  les terrains militaires étaient amortis depuis longtemps. Or le préfet de l'Yonne estimait le prix de vente à 4,7 millions d'euros, révisé à 2,5 millions. En raison du cuivre contenu dans le sous-sol de cette ancienne gare de transit, évalué par certains à plusieurs centaines de milliers d'euros ... ?

Il est utile de préciser que le préfet dans l'Yonne et le DGI (directeur général des impôts) sont complètement indépendants l'un de l'autre au nom de la séparation des pouvoirs. Sauf pour les Domaines où la compétence est partagée. D'un côté le DGI veut faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État selon les prescriptions de ce dernier, de l'autre le préfet, représentant du gouvernement et de l'État dans l'Yonne qui doit veiller à l'ordre public, y compris en accueillant des migrants en nombre.

Les migrants il faut pouvoir les accueillir. Jusqu'à présent des centres d'accueil à Saint-Bris, à Avallon, à Appoigny et dans le nord à Villeblevin ainsi que des places hôtelières, ont fait l'affaire. Aujourd'hui, il faut en héberger davantage depuis la démolition du camp de Calais.

Et voilà comment l'ancien camp militaire de Jaulges que le préfet avait en magasin, à l'esprit, lorsqu'il a évalué la capacité d'accueil de migrants dans l'Yonne, s'est trouvé gelé pour toute autre opération, ce que regrettent d'aucuns et dénoncent d'autres, sous des formes diverses.

L'une explique que les quelques 44 hectares de Jaulges devraient revenir de fait à la Communauté de communes du Florentinois. Plusieurs montages financiers furent proposés, notamment par Yves Delot, maire de Saint-Florentin, qui s'est beaucoup démené sur ce dossier dans une région où le chômage dépasse les 10 %. Mais les négociations ont été bloquées, pour employer un terme général.

Aujourd'hui, c'est l'attente. De l'arrivée des contingents de migrants. Qui sont de passage, en principe.

 

P-J. G.