Le succès de la primaire à droite et au centre est incontestable, avec environ 3,5 millions de votants dès ce premier tour, contre 2,7 millions en 2011 pour la primaire de la gauche.

Les électeurs français ont renversé la table d'une manière telle que personne ne s'y attendait.

Il ne faudrait pas se méprendre.

Sarkozy humilié, renvoyé par son camp, c’est une droite dure et conservatrice incarnée par François Fillon qui reprend le flambeau.
Il a su assumer une droite décomplexée, conservatrice, et tranquille, en évoquant notamment l'avortement qu'il considère aujourd'hui comme un droit non-fondamental, et l'adoption plénière pour les couples gays qu'il souhaite abroger

Son autorité sereine et ferme, la constance de ses idées répétées, meilleur débatteur non par défaut mais à défaut d'enthousiasme par ailleurs ont propulsé un homme taxé de traîtrise vers le sommet dynamique aidant. Le battu digne de l'UMP face au tricheur Copé - 0 voix à Saint-Sauveur-en-Puisaye - est apparu au grand jour dans la lumière. La dynamique gagnante a fait le reste.

Comment certains ont-ils pu sérieusement penser - sauf à bourrer les urnes - que celui qui avait été défait, battu par François Hollande, pourrait s'imposer à nouveau ... ? Incarnant quelque part la défaite dans la défaite, comme une double ration de frites tel un Gaulois trivial ?

Quant à Alain Juppé et sa fragilité, désire-t-il vraiment devenir président de la République ...?

L'électorat de droite comme de gauche, déjà douché par le bilan du quinquennat 2007-2012, sans mentionner celui de 2012-2016, veut d'autres réponses que les sempiternelles scies musicales servies de manière arrogante parfois dont ne semble pas se départir le monde politique. Emmanuel Macron de ce point de vue insuffle un appel d'air vers autre chose qu'une Marine le Pen désormais embourgeoisée reniant les symboles de son parti pour faire clean.

Disqualifié par les scandales, Nicolas Sarkozy est apparu, à tort ou à raison, comme l'homme qui voulait se mettre à l'abri des poursuites de la justice dont il est l'objet. Une sorte d'impunité revendiquée qui flotte comme un parfum connu dans toute la classe politique. Cela ne marche plus et c'est tant mieux car il est plus que temps. Que tout cela change.

 

Pierre-Jules GAYE