Personne ne peut dire comment va évoluer la situation politique au cours des prochains mois.

Jamais le jeu n'a été aussi ouvert, la situation aussi liquide, comme disent les spécialistes politiques pour caractériser l'état des opinions publiques.

Brexit, Trump, le Pen, les ressorts se détendent. La progression inexorable des populismes dans les urnes répond à des situations locales diverses, qui obéissent toutes à un rejet de la modernité, concept fourre-tout, et à des votes de repli de citoyens méprisés.

Voici Donald Trump qui préconise le retour au courrier écrit, aux lettres. Voici les Britanniques qui oeuvrent pour ne pas sortir de l'Europe. Voici Marine Le Pen qui renonce à sa flamme, se poudre pour séduire les journalistes et défendre la liberté de la presse dans laquelle elle dit ne pas se reconnaître ni en tant que femme ni en tant que politique.

Florian Philippot l'ancien chevènementiste, lui, y va à la hache : les articles qui ne lui plaisent pas sont forcément écrits par des "militants" donc pas par des journalistes. Cqfd.

Les primaires PS apparaissent, pour le moment, comme un sprint (premier tour dans moins de trois semaines) au début d'un mois de janvier frigorifique et triste. D'où jaillira la lumière ? Des trois débats prévus ? Quels sont les thèmes ? Pour le moment c'est le néant à l'exception de la notion de revenu universel très indéfini, mal chiffré,notion différente selon les candidats qui le poussent en avant.

Les catalogues de propositions-affirmations des candidats se lisent comme des litanies, donc personne ne les lit.

Contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire, une élection présidentielle ne se joue pas sur un programme : cela se saurait. Les citoyens choisissent un homme ou une femme (?) en fonction de leur perception, de ce que dégage le candidat et de ce qu'il véhicule vraiment, au-delà des mots et des postures. C'est le lien qui se noue entre un élu et le peuple.

Le Pen qui s'y voit cette fois et brûle, Fillon qui ne rassure pas replié dans une France des clochers, Hollande évaporé mais toujours présent laissant une gauche désenchantée face à ses divisions, Mélenchon qui brigue le meilleur score à gauche pour signer l'épitaphe du PS, Macron qui laboure le terrain et maintient sa percée médiatique ; les acteurs sont en place pour jouer leur dernière partition avant l'élection présidentielle dans 15 semaines.

Le résutlat de la primaire socialiste ne préjuge pas de l'avenir.

Lorsque le maire social-démocrate d'Auxerre Guy Férez explique que si Manuel Valls son favori ne l'emporte pas, il se demande s'il ne votera pas pour Emmanuel Macron, ce n'est pas tant l'enjeu personnel qui est signifiant que l'enjeu et l'issue finale. Férez dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

Nombre de barons socialistes ou proches, ne s'aligneront pas forcément derrière le vainqueur de la primaire socialiste, une primaire indigente concoctée au dernier moment pour valider la candidature de François Hollande. Pas dans l'esprit. Devenue une primaire croupion, Mélenchon et Macron sont partis avant en visant le premier tour de la présidentielle qui somme toute, constitue la meilleure primaire de toutes.

Seulement voilà, la donne, entretemps, a changé. Et les lignes peuvent encore bouger. Les sondeurs ont d'ailleurs décidé de ne plus sonder.

 

Pierre-Jules GAYE