"Pour la première fois, cette présidentielle se déroulera sans le président sortant. Cette configuration singulière explique l'organisation tardive de la primaire à gauche et l'incertitude concernant l'identité du candidat qui représentera la gauche socialiste.

Pour la première fois, cette présidentielle est organisée à l'issue de primaires (droite, écologistes, gauche).

Pour la première fois, elle se tiendra dans une France en état d'urgence.

Enfin, elle est marquée par le retour des nationalismes, des populismes. Et les menaces sur le plan extérieur.

Le politologue Pascal Perrineau a révélé que le terrorisme, enjeu radicalement nouveau et le chômage sont en tête des préoccupations des Français, très loin devant l'imigration enjeu pour les frontistes. Viennent ensuite l'avenir de la protection sociale, les inégalités, la pollution et les conséquences sur la santé, le niveau des dépenses publiques, très lon derrière.

Les médias traditionnels ne forgent pas les convictions des électeurs. Internet a modifié le paysage médiatique. Il ne fait pas disparaître les autres médias mais les obligent à se redéfinir.  Internet nourrit la défiance vis-à-vis des institutions démocratiques alors même qu'il renforce la culture démocratique en facilitant la conversation des internautes entre eux, a estimé Gilles Achache, spécialiste de l'opinion (Scan-research).  

 

"On ne peut mettre 4 dans 2"

 

Pascal Perrineau politologue pour une réforme des institutions et du mode participatif (DR)

 

L'exigence de transparence absolue (cfr Wikileaks) qu' implique internet ne fait qu'accentuer la crise des institutions démocratiques et la défiance à l'égard des politiques.

"Cette défiance est née de la déception", a estimé Pascal Perrineau dont il situe les prémices dans les années 80. C'est à ce moment, après les chocs pétroliers, que la politique a témoigné son impuissance à traiter la question du chômage. Deux réactions : certains ont choisi l'abstention quand d'autres ont décidé de politiser leur rejet de la politique en se tournant vers le FN.

Quelles réponses apporter ? Aujourd'hui, on ne peut pas mettre 4 dans 2 martèle Pascal Perrineau qui voit quatre familles sur l'échiquier politique aujourd'hui : la gauche radicale, la gauche social démocrate, la droite et le centre, le FN. Or le système de scrutin français favorise la bipolarisation. Ce système est dépassé juge le politologue qui soutient qu'il est totalement anormal que le FN ne dispose que de deux élus à l'Assemblée nationale alors qu'il est le premier parti de France.

Aussi propose-t-il une bonne dose de proportionnelle qui permettra une meilleure représentation nationale et un meilleur fonctionnement des institutions. Démocratie représentative, d'une part mais aussi démocratie participative, au travers de possibilités renforcées données aux citoyens de s'exprimer entre les échéances électorales.

 

 

Salle comble à Vaulabelle pour un débat de fond sur les enjeux de l'élection présidentielle (DR)

 

Le plateau des intervenants (DR)

 

"La divergence est une condition du mouvement..."

 

"Beaucoup estiment que la gauche a arrêté de penser et que c'est dommageable. La césure à gauche entre ceux qui pensent et ceux qui agissent est devenue trop grande. En dehors d'initiatives circonscrites la gauche a pris ses distances avec la pensée critique. Comme si elle s'en méfiait. Or la réflexion nourrit l'action.

La mondialisation aujourd'hui est un impensé de la politique alors que ses conséquences sont considérables. Le plus grave pour la gauche c'est que les citoyens ne croient plus en elle. La gauche n'a pas accompli ce travail sur elle-même, ce retour nécessaire sur son exéprience militante, ses épreuves du pouvoir, son action publique. Personne n'incarne la gauche aujourd'hui, parce que personne ne porte les idées, les valeurs, les convictions les solutions à proposer et à partager. Personne ne l'incarne vraiment car personne ne porte ce que la société fragilisée en attend légitimement.

"La gauche ne dit plus depuis longtemps le sens de son action. Et elle a renoncé à ses causes et à ses méthodes : le goût du débat, de la dispute, de la controverse. La divergence est une condition du mouvement. malheureusement la gazuche s'est désarmée lorsqu'elle a cessé de croire à la parole et au verbe. (D'après Christiane Taubira au #1)