ARQUEBUSADE
C'est la France qu'on assassine
le jeudi 02 mars 2017, 09:23 - ARQUEBUSADE - Lien permanent
Il a mis la droite et le centre en mauvaise posture. A renforcé les dangereux extrêmes, mais c'est lui qu'on assassine. François Fillon
Du Pénélopegate il est arrivé à faire une attaque contre sa-femme-Pénélope-qu’il-aime. Or personne n’a imaginé une seconde que c’était elle qui aurait intrigué pour avoir un emploi fictif au salaire réel. Du chaos qu’il a créé à deux pas des élections il accuse… les autres, détournant la faute sur autrui : Pénélope peut-être – qu’il va innocenter bien sûr - et puis les vilains machiavels d’en face.
Lui, enfant de chœur irréprochable, se demande d’où arrive toute cette hostilité.
Alors qu’il n’a rien fait d’illégal (et que le premier qui n’aurait pas pistonné les siens jette la première pierre, OK, mais entre la gestion d’une boulangerie ou épicerie familiale et la carrière d’un Mr Fillon qui grimpe au sommet, il y a une marge, notamment dans ce qui rentre dans l’escarcelle familiale et ce qui sort comme énergie), qu’il est clair qu’il n’est pas justiciable comme les autres citoyens (mais si, mais si Mr Fillon, souvenez-vous de la vitesse-éclair avec laquelle on a réglé la gifle donnée à Manuel Valls… ), que la loi et la démocratie sont bafouées, l’Etat de droit violé.
Enfin, rien ne lui est épargné…
Et c’est un assassinat politique – mais il prend, ici aussi, le soin de mettre ce terme dans la bouche de « nombre de ses amis politiques et ceux qui l’ont soutenu à la primaire et ses 4 millions de voix » (petit rappel au son des trompettes…). Un assassinat politique, rien de moins. Mais oui, sauf que l’assassin n’est nul autre que lui.
Il a mis son parti à mal. Comme il le dit, le vote des électeurs de la droite et du centre est fauché. Et le faucheur c’est lui. Des gens qui lui faisaient confiance sont horrifiés et ne peuvent plus la lui accorder. D’autres se cramponnent et font chorus du mieux qu’ils le peuvent avec ses cris indignés, parce que c’est leur parti qu’ils veulent sauver, et on peut les comprendre – un peu. Ceux des autres bords se frottent les mains, et oui, le crime va peut-être leur profiter mais encore une fois, l’assassin est celui qui crie au crime.
Il dira sa vérité qui est LA vérité. Tout le monde ment, se trompe, a mal compris, est contre lui, et il a LA vérité. Il sera au rendez-vous de la démocratie.
Et bien sûr, tout ceci arrive à point nommé pour ceux qui ne voulaient ni de lui ni de son parti, mais c’est lui qui a fourni les armes, lui avec son jeu de scène je suis au-dessus de tous soupçons, irréprochable, pur et dur comme un chevalier sorti des légendes du Rhin.
Il y aurait eu tant de manières de mettre grandeur et intelligence dans sa manière de se défendre – ou d’expliquer. Il n’y en a pas. Parce que Mr Fillon n’en a pas. Il est rusé et grandiloquent. Mais ni grand ni intelligent.
Suzanne DEJAER
Commentaires
Extrait d'une interview au Monde de Pierre Rosenvallon, Historien, professeur au Collège de France où il est titulaire de la chaire d’histoire moderne et contemporaine du politique. Il est un analyste internationalement reconnu de l’histoire intellectuelle de la démocratie en France. Auteur d’un triptyque sur l’invention démocratique,
De quoi la déclaration de François Fillon est-elle le signe ?
Outre l’événement judiciaire, les propos de François Fillon marquent un tournant populiste dans la campagne présidentielle. A trois jours de distance, le candidat de la droite traditionnelle a en effet employé les arguments de Marine Le Pen, qui a fustigé le « gouvernement des juges » ou le rôle nocif des médias. François Fillon affirme que le seul juge, c’est le peuple. Nous avions certes aussi vu apparaître chez Jean-Luc Mélenchon le terme douteux de « dégagisme ». Mais entendre dans la bouche d’un candidat central des propos aussi agressifs à l’égard de la justice et de la presse est un événement inédit en France, car ils sont la marque de fabrique de la vision populiste de la démocratie. Ce qui est regrettable, c’est que ses amis politiques ne le critiquent pas sur le fond, ils lui reprochent surtout de ne pas avoir tenu sa promesse de renoncer s’il était mis en examen.
une porte parole de Fillon a dit qu'un ou une attaché parlementaire pouvait être payé à faire du tricot ! ! !
c'est le député ou le sénateur qui décide du travail de son attaché
Si ça ce n'est pas de l'emploi fictif c'est quoi ?
les électeurs apprécieront ( enfin ceux qui veulent bien entendre et ouvrir les yeux )
Je salue la décision de Bruno Lemaire qui m' avait déçu en se ralliant si vite à Fillon au vu de ses discours pendant sa campagne . Sa position logique aurait été de s'abstenir .
Et JB Lemoine et De Raincourt et Larrivé et ML Fort ils en pensent quoi
Fillon se fou de la G.... des Français avec ce qu'il a dit qu'il ferait si il était mis en examen
Je reste persuadé que l' affaire avec le secrétaire de l' Elysée JP Jouillet où Fillon lui aurait demandé d' accélérer la procédure contre Sakozy n' était peut être pas si fausse que ça .....
L'assassiné assassine la justice et la presse.
"La contestation des institutions, en particulier par ceux qui en sont les garants, est dangereuse pour l'État de droit", juge Michel Urvoy dans "Ouest-France".
"Dans son déni du réel, François Fillon ressemble de plus en plus à un Cahuzac de droite essayant de sauver sa seule peau, quitte à entraîner sa formation dans un naufrage collectif", estime encore Alain Dusart, de "L'Est Républicain".
"La République des Pyrénées" va dans le même sens. Sous le titre "Fillon suicide la droite", Jean-Marcel Bouguereau trouve que "le plus grave, ce sont les dégâts que Fillon cause à la démocratie".
Pour Guillaume Goubert de "La Croix", "il n'y a pas lieu, comme [Fillon] l'a fait hier, de dénigrer le travail de la justice tout en paraissant soumettre le droit au suffrage des électeurs". Selon lui, "un tel discours affaiblit la République que François Fillon aspire à présider".
Au contraire, "Le Figaro" trouve que le candidat de droite "a eu raison". "Céder aux injonctions du 'dégagisme' judiciaire, outre qu'on voit mal le bénéfice électoral que son camp en aurait tiré (aucun 'plan B' n'offre aujourd'hui la garantie de faire mieux que Fillon), eût été entériner un déni de justice autant qu'un déni de démocratie", écrit Alexis Brézet, le directeur des rédactions.
"Le forcené de la Sarthe". Avec une Une façon faits divers ce jeudi, "Libération" affirme que François Fillon "assassine la justice".
"Dans sa course suicidaire, il mine l'Etat de droit sur lequel repose notre contrat social", écrit dans un éditorial Laurent Joffrin, jugeant "calamiteuse" la défense de l'ancien Premier ministre dans l'affaire Penelope.
Le "Financial Times" titre : "Fillon brise son serment de ne pas se présenter alors que l'enquête est lancée."
En Belgique, "Le Soir" dénonce, de son côté, "une défense aux accents populistes".
François Fillon, victime et inaudible.
Le candidat de la droite ira donc jusqu’au bout, dénonçant une tentative d'« assassinat politique ».
En jouant ainsi la carte de la victimisation, il se discrédite, tout en alimentant les pires démons de cette présidentielle.