Du Pénélopegate il est arrivé à faire une attaque contre sa-femme-Pénélope-qu’il-aime. Or personne n’a imaginé une seconde que c’était elle qui aurait intrigué pour avoir un emploi fictif au salaire réel. Du chaos qu’il a créé à deux pas des élections il accuse… les autres, détournant la faute sur autrui : Pénélope peut-être – qu’il va innocenter bien sûr - et puis les vilains machiavels d’en face.

Lui, enfant de chœur irréprochable, se demande d’où arrive toute cette hostilité.

Alors qu’il n’a rien fait d’illégal (et que le premier qui n’aurait pas pistonné les siens jette la première pierre, OK, mais entre la gestion d’une boulangerie ou épicerie familiale et la carrière d’un Mr Fillon qui grimpe au sommet, il y a une marge, notamment dans ce qui rentre dans l’escarcelle familiale et ce qui sort comme énergie), qu’il est clair qu’il n’est pas justiciable comme les autres citoyens (mais si, mais si Mr Fillon, souvenez-vous de la vitesse-éclair avec laquelle on a réglé la gifle donnée à Manuel Valls… ), que la loi et la démocratie sont bafouées, l’Etat de droit violé.

Enfin, rien ne lui est  épargné…

Et c’est un assassinat politique – mais il prend, ici aussi, le soin de mettre ce terme dans la bouche de « nombre de ses amis politiques et ceux qui l’ont soutenu à la primaire et ses 4 millions de voix » (petit rappel au son des trompettes…). Un assassinat politique, rien de moins. Mais oui, sauf que l’assassin n’est nul autre que lui.

Il a mis son parti à mal. Comme il le dit, le vote des électeurs de la droite et du centre est fauché. Et le faucheur c’est lui. Des gens qui lui faisaient confiance sont horrifiés et ne peuvent plus la lui accorder. D’autres se cramponnent et font chorus du mieux qu’ils le peuvent avec ses cris indignés, parce que c’est leur parti qu’ils veulent sauver, et on peut les comprendre – un peu. Ceux des autres bords se frottent les mains, et oui, le crime va peut-être leur profiter mais encore une fois, l’assassin est celui qui crie au crime.

Il dira sa vérité qui est LA vérité. Tout le monde ment, se trompe, a mal compris, est contre lui, et il a LA vérité. Il sera au rendez-vous de la démocratie.

Et bien sûr, tout ceci arrive à point nommé pour ceux qui ne voulaient ni de lui ni de son parti, mais c’est lui qui a fourni les armes, lui avec son jeu de scène je suis au-dessus de tous soupçons, irréprochable, pur et dur comme un chevalier sorti des légendes du Rhin.

Il y aurait eu tant de manières de mettre grandeur et intelligence dans sa manière de se défendre – ou d’expliquer. Il n’y en a pas. Parce que Mr Fillon n’en a pas. Il est rusé et grandiloquent. Mais ni grand ni intelligent.

 

                                                                                 Suzanne DEJAER