Une femme à fleur de peau qui se dit hyperactive, fatiguante pour les autres, usante ... (DR)

 

 

 REVIVEZ LA CÉRÉMONIE DANS SON INTÉGRALITÉ

 

 

 

C'est une femme d'une rare trempe, casse-cou dans son enfance, au parcours exceptionnel qui a été décorée par Jacques Chanut président de la Fédération française du bâtiment à Auxerre, où Delphine Grémy la récipiendaire, 42 ans, préside la Fédération de l'Yonne du BTP depuis 2008.

Conseillère municipale de Colemiers dans le Sénonais, conseillère départementale du Gâtinais-en-Bourgogne, candidate sans étiquette aux élections législatives de juin 2017 dans la troisième circonscription de l'Yonne, mère de cinq enfants, chef d'entreprise, femme engagée, femme de défi, et de parole vraie, Delphine Grémy est quelqu'un d'entier qui n'aime pas les compromis.

Son engagement citoyen en politique, elle a choisi d'y aller seule pour poser un regard nouveau sur des sujets qu'elle juge essentiels à la reprise en main d'un pays où les hommes et femmes politiques ne sont plus en prise avec le quotidien des Français.

« Je suis une femme d’engagements, une femme de défis, une femme de combats. L’époque tourmentée que nous vivons nous impose de faire notre devoir. De nous engager. »

Ingénieure, consacrée en Allemagne où elle a exposé sa thèse de fin d'études sur le béton apparent soutenue en allemand, Delphine Grémy a obtenu une note de 17/20 au bac de philo. C'est dire que celle qui va aussi s'engager dans le service civil (réserve citoyenne de Défense et de sécurité, auprès de la Délégation Militaire Départementale) possède plus d'une corde à son arc fondé sur le libre arbitre auquel elle est profondément attachée. Femme de coeur, femme de devoir.

Mère de cinq enfants, 42 ans, dirigeante d’une entreprise de maçonnerie ( elle dit avoir le bâtiment dans la peau), Delphine Grémy préside la Fédération française du bâtiment de l’Yonne depuis 2008.

La cohorte de la Légion d’honneur de l’Yonne compte désormais 238 légionnaires.

 

Mardi soir à la Maison du Bâtiment à Auxerre, rue de l'Ocrerie (DR)

 

 

Un petit bonheur partagé (DR)

 

Le préfet de l'Yonne s'est attardé à cette cérémonie empreinte d'authenticité, à l'image de la récipiendaire qui a touché les membres de l'assemblée dans son discours (DR)

 

Monsieur et Madame (DR)

 

 

 

Le discours de Delphine Grémy

 

"Et bien nous y voilà, c’était bien plus facile à écrire dans l’intimité de mon bureau, qu’à prononcer devant vous, après tant d’émotions et d’honneur. Pour moi qui suis toujours à fleur de peau, entière, hyperactive, fatigante et usante parfois aussi, si, si, je sais…, qui ris autant que je pleure, qui râle autant que je m’enthousiasme, l’émotion est très vive ce soir, évidemment perceptible, à la hauteur de l’immense honneur qui vient de m’être fait.
Je veux tout d’abord vous remercier, d’avoir si nombreux, répondu positivement à mon invitation, afin de partager avec moi ce moment unique, empreint de solennité, dans ce lieu hautement symbolique pour moi, où j’use les fauteuils depuis près de 20 ans, où j’ai fait mes armes de militante syndicale avec Etienne, et où j’ai déjà engrangé tant de souvenirs. Je me demande parfois, d’ailleurs, comment j’arriverais à ne plus monter sur cette scène pour porter haut et fort les couleurs de mon engagement devant vous, mais ça c’est une autre histoire, une autre page que nous tournerons ensemble à l’automne.

Si vous êtes là ce soir, c’est que nos chemins se sont croisés au cours des 20 dernières années et que vous avez tous joué un rôle dans mon parcours d’acteur de la société civile. A un moment ou un autre, pour une raison ou une autre, simplement parce que nous avons partagé des tranches de vie, qui font partie intégrante de moi, qui m’ont façonné et qui m’ont porté dans mon élan de femme, de mère, de chef d’entreprise, d’élue et de militante patronale.
C’est finalement une aventure commune qui nous a menée à ces retrouvailles là, tout comme les nombreuses personnes excusées, qui n’ont pas pu nous rejoindre ce soir, et c’est donc vous aussi, tous réunis, qui méritez cette distinction avec moi. On ne se fait pas seul, on se construit au fil des évènements et des rencontres, des victoires et des échecs, des envies et des rêves, et du sens qu’on a souhaité donner à sa vie, du rôle de citoyen qu’on a voulu tenir, de l’empreinte que l’on a voulu laisser.
Oui, je suis une femme d’engagement, une femme de défi, une femme de combat. Je suis citoyenne Française, attachée à mon pays, à son histoire et ses fondements ; une femme active, qui veut prendre sa part à la construction de notre société, pour apporter compétences et énergie, aussi bien pour améliorer le présent que pour préparer un avenir meilleur aux prochaines générations, au premier rang desquelles, nos enfants, mes enfants, présents ici ce soir pour mon plus grand bonheur.

Quand on reçoit une telle décoration, on doit normalement parler de soi pour expliquer ce qui nous vaut un tel honneur. Pourtant, pour moi, bien plus que le sentiment du devoir accompli, c’est plutôt un encouragement et un devoir à continuer que je ressens, à poursuivre mes efforts, à en faire toujours plus, au service des autres, au service de la nation.
Je ne vous ferais donc pas l’affront d’un autre inventaire à la Prévert, cela a déjà été fait par notre Président, mon cher Jacques, et je t’en remercie. C’est trop d’éloges et trop d’honneur, de la part d’un homme tout autant engagé que moi et qui sais bien que je n’ai pas vu les années passer, que comme tout chef d’entreprise, les épreuves comme les victoires ont coulé sur moi, l’euphorie et la solitude aussi, les choix cornéliens comme les paris fous……inexorablement, forgeant mon caractère et me donnant chaque fois l’envie d’aller de l’avant, encore et toujours.
Alors bien sûr, être intégrée dans l’ordre de la Légion d’Honneur est un exercice difficile, fait d’honneurs et d’obligations mais aussi de fierté et de reconnaissance.

Honorée je le suis, de recevoir cette distinction à la demande de la Profession. Vous qui m’avez élue, vous qui m’avez reconnue comme une professionnelle digne de vous représenter, vous qui m’avez tant appris et tant donné, sachez que la reconnaissance qui m’est faite aujourd’hui ne sera pas oubliée, et qu’elle est appréciée à la hauteur de la symbolique. Je vous en remercie tous !
J’étais libre de choisir le Légionnaire qui me remettrait cette distinction, mais le choix fut rapide. Nul doute dans mon esprit, c’est dans cette famille que je souhaitais vivre ce moment, c’est dans cette maison que je souhaitais le partager, c’est par la Fédération du Bâtiment que je voulais être décorée.

Cher Jacques, toi-même Chevalier de la Légion d’Honneur, entrepreneur, maçon de surcroît (les meilleurs…), Président émérite de cette Fédération si chère à mon cœur, ami fidèle et droit, je te remercie d’avoir accepté ma requête pour sacraliser cet instant.
Mon engagement pour cette fédération est un pan de ma vie important, j’aurais pu porter le même tatouage que sur cette magnifique affiche, car c’est vrai, le bâtiment je l’ai dans la peau, la Fédération du Bâtiment aussi, je l’ai dans la peau.
Alors du coup, ce soir, c’est de mes nouveaux engagements dont j’ai envie vous parler, puisqu’ils sont le pendant de cette distinction, qu’ils sont le prolongement de ma volonté plus marquée encore de participer activement à la défense des valeurs de citoyenneté, de civisme, et de patriotisme.

Etre spectateur passif n’a jamais été une option pour moi, quotidiennement agacée des injustices ou des aberrations que nous livre l’actualité, j’ai toujours souhaité agir et réagir pour ramener un peu de pragmatisme et de professionnalisme face à toutes ces idéologies. Je pense sincèrement que nous sommes trop souvent complices, par notre immobilisme, notre désintérêt, et notre goût prononcé pour le compromis de plus en plus intolérable, du désarroi économique, politique et social, dans lequel nous nous trouvons.

Je suis convaincue que nous devons tous reprendre la main sur notre destin, assumer notre part de responsabilité, nos devoirs envers la nation, pour vivre pleinement notre citoyenneté et rendre à notre patrie ce qu’elle nous apporte.
Nous sommes Français, et c’est une chance qu’il faut savoir apprécier, mais aussi et surtout un devoir qu’il faut savoir honorer. L’époque tourmentée que nous traversons, nous impose d’autant de faire notre devoir et de nous engager pour accompagner le changement. C’est bien sûr par l’instruction, l’éducation, et la transmission des valeurs civiques et morales que nous devons remettre nos enfants sur les rails d’un développement positif et équilibré, qu’ils se rapproprient leur citoyenneté et qu’ils consacrent leur vie, chacun dans leur domaine à préserver et améliorer les fondements de notre constitution.
Il y a bien sûr l’engagement politique, que je ne développerai pas ce soir, ce n’est ni le lieu ni le moment, et je vais avoir 4 mois pour le faire, avec ardeur et détermination, pour le plus grand plaisir de ceux qui m’attendent au tournant. Un combat de plus, un combat de coq celui- là, aux mœurs et aux pratiques parfois dépourvues de moralité et d’honneur mais qu’à cela ne tienne, j’irai avec mes la même envie d’en découdre, et de gagner !
Donc c’est un autre engagement que je veux vous faire partager ce soir.

Ainsi je suis depuis peu engagée dans la réserve citoyenne de Défense et de sécurité, auprès de la Délégation Militaire Départementale et du lieutenant- colonel Tissier, ici présent. Nouveau challenge, nouveau combat, en tout cas une nécessité pour moi, parce que le contexte géopolitique dans lequel nous vivons et les crises majeures qui frappent le pays m’interpellent. Que je pense qu’il ne faut pas tout attendre de l’Etat et que c’est à nous aussi citoyens, de jouer notre rôle, de remplir notre part du marché et de nous réapproprier la fierté nationale.

Or, la Sécurité, la Défense, le Civisme, le Patriotisme sont l’affaire de tous.
La perte de valeurs morales et civiques dans notre société ne doit pas être une fatalité. Et si j’ai rejoint la Réserve de Défense et de Sécurité, c’est pour apporter ma pierre au changement des mentalités et insuffler une nouvelle énergie, pour promouvoir l’esprit de Défense auprès de la société civile.

Je dois bien avouer, que ce sentiment patriotique, s’est accentué ces dernières années, au contact de l’homme qui partage ma vie, Alessandro, officier de la marine, qui a servi dignement son pays et qui par son éclairage géopolitique et militaire, à suscité en moi autant de colères que de questions, autant d’espoirs que de frustration, de quoi forger les élans d’une nouvelle vocation.
De quelle manière vais-je donc exercer ce nouveau mandat ?
La mission qui m’est confiée sera celle d’assurer notamment le devoir de mémoire, de contribuer aussi aux opérations d’informations des concitoyens ; de promouvoir l’esprit de Défense afin d’assurer le rayonnement des forces armées auprès de la société civile locale.

Il s’agira de mobiliser mon réseau relationnel pour apporter à la fois l’expertise de la société civile mais aussi de diffuser l’esprit de Défense auprès des jeunes et de l’Education Nationale ; de développer des actions de formation dans le domaine de la citoyenneté, de m’impliquer dans l’animation des journées citoyennes auprès des jeunes ; et d’assurer le relai avec la société civile au travers d’actions de recrutement des jeunes au sein de l’armée ou d’actions en faveur des militaires en reconversion.
Voilà, comme vous le voyez, certains mandats s’achèvent, d’autres démarrent, l’envie est là, toujours présente, l’énergie aussi.
Il est à craindre malheureusement que je n’aurais pas assez d’une vie pour entreprendre tout ce qui me tient à cœur !
Enfin, pour terminer, je ne peux pas, ne pas évoquer avec vous, le thème du jour !
En effet lorsqu’il a fallu programmer cette rencontre, j’ai cherché une date au caractère historique, tout du moins symbolique pour cette célébration. Et avant que de connaître l’emploi du temps de Jacques, nous aurions dû nous retrouver ici le 23 mars, date initialement retenue.

Car si Légionnaire je suis ce soir devenue, c’est aussi « femme Légionnaire » que je suis. Et moi qui suis, comme beaucoup le savent, plutôt une anti féministe MLF, je mesure d’avantage ces dernières années le devoir d’exemplarité ou d’espoir qui finalement est le mien vis-à-vis de mes consœurs femmes.

Ainsi donc pourquoi le 23 mars, simplement parce que ce 23 mars 1944, l’assemblée consultative siégeant à Alger, adopte le principe du droit de vote des femmes par 51 voix pour et 16 voix contre.
Un mois après le Général de Gaulle ratifie une ordonnance qui, à l’article 17, prévoit le vote des femmes et leur éligibilité. Ainsi elles voteront pour la première fois en 1945 et entreront au Sénat en 1946. Et c’est bien, suite à l’engagement massif de ces femmes qui avaient rejoint les rangs de la Résistance pendant l’occupation, que le général De Gaulle reconnaitra l’égalité économique et politique des sexes.
Impossible pour Jacques le 23, qu’à cela ne tienne, ce sera le 8, qui finalement convient tout aussi bien pour l’occasion, si ce n’est mieux !

Le 8 mars, la journée mondiale des droits de la femme !!! J’ai toujours du mal à le dire, parce que finalement ça n’a rien de naturel.
Alors, bien sûr, je ne résiste pas Messieurs, en commençant par vous dire que les femmes doivent être honorées tous les jours et pas seulement aujourd’hui, que votre femme, votre mère, votre fille, votre collègue, votre assistante, votre patronne…… c’est tous les jours qu’il faut les respecter et les honorer, et pas seulement le 8 mars !
Journée des droits de la femme, expression quelque peu dérangeante car après tout, est ce qu’on viendrait à parler « de la journée des droits des Hommes » autrement qu’avec un grand H comme dans la constitution.
C’est que ces droits, il nous a fallu les gagner, et bien des femmes avant nous, ont bataillé ferme, contre vents et marées pour les décrocher, un à un.

Le droit de voter donc, celui d’affirmer nos opinions, nos idées, nos ambitions, sans l’avis de nos maris et compagnons, de nos pères, sans le poids de cette société patriarcale, le droit d’exister enfin en tant que citoyenne à part entière.
Le droit d’exercer une profession sans l’autorisation de nos chers maris……on croit rêver, surtout moi, quand on le prononce comme ça, c’était en 1965, et force est de constater que même en France, pour certaines d’entre nous, cet évidence reste un mythe et les barrières restent nombreuses…….

La reconnaissance du principe « à travail égal, salaire égal », bon alors là évidemment, on en est encore qu’au balbutiement, voté en 1972, il y a donc 45 ans, ce principe n’a que faiblement cours…est- ce l’orgueil des mâles qui perdent leur virilité quand madame fait bouillir la marmite autant qu’eux, qui les paralyse, où simplement l’hypocrisie d’une institution qui, comme souvent, s’évertue à légiférer sans avoir les moyens d’appliquer……les deux sans doute…
Le droit à disposer de notre corps, n’en déplaise à tous les pourfendeurs de la morale, c’est quand même la moindre des choses, puisqu’il fallait une loi pour le rappeler, heureusement que Simone Veil tint bon en 1975 et ne céda rien aux prédicateurs furieux qui lui ont menés un combat sans limite….

Le principe de l’exercice conjoint de l’autorité parentale, voté en 1993, quand on y pense c’est complètement fou qu’il ait fallu en passer aussi par la loi……la femme, assez bonne pour porter et enfanter mais incapable d’élever et d’éduquer seule…….
On part de loin, c’est évident, et toutes ces victoires gagnées au fil des décennies sont un héritage qu’il faut transmettre. Ne pas relâcher la pression, car comme chacun le sait, « chassez le naturel, il revient au galop », et trop souvent dans l’actualité, on peut constater que certains comportements, propos et positionnements rétrogrades, sexistes, archaïques et discriminatoires sont encore légions.

Simone de Beauvoir écrivait : « n’oubliez pas qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.
Elle avait au combien raison, plus que jamais raison, cette époque est de tous les dangers pour les femmes, c’est le moment de rester armée !! Les menaces qui pèsent sur nous sont nombreuses, pour nous faire reculer, que ce soit les arguments communautaires, religieux, sociétaux, elles prennent parfois le visage improbable de menaces culpabilisantes comme le travail, devenu denrée rare, qu’il faudrait laisser aux hommes pour mieux élever nos enfants.
Simone de Beauvoir disait également « La femme n’est victime d’aucune mystérieuse fatalité, il ne faut pas conclure que ses ovaires la condamnent à vivre éternellement à genoux ! »

Alors levez-vous Mesdames !

Et finalement, mon militantisme féministe à moi, c’est mon histoire, c’est mon parcours, mes combats, dans ce monde d’hommes, ce monde de machos, que j’ai choisi, mais qui ne m’a rien épargné, et qui en même temps m’a tout donné. Aucun regret, si ce n’est celui de na pas avoir démarré plus tôt l’apprentissage du métier !

A défaut de prétendre être un modèle, j’espère au moins être la preuve pour les jeunes femmes d’aujourd’hui, que c’est possible, que tout est possible, qu’elles ne doivent rien se refuser, qu’elles ne doivent pas se justifier, ni s’excuser. Qu’elles sont libres de choisir et diriger leur existence, sans entrave, sans restriction, pour leur épanouissement personnel.
Mesdames, soyez aussi égoïstes que les hommes, pensez à vous, à vos carrières, à vos envies, à vos désirs !
N’attendez pas que l’on vous donne la permission, lancez-vous et décrochez les victoires que vous méritez !!
Je suis femme, je suis mère, je suis chef d’entreprise, je suis militante syndicale, je suis élue, je suis réserviste et……. Je suis heureuse !!!!
Alors mesdames, à votre tour, si nul désir n’est assez fou pour un homme, alors nulles ambitions ne seront assez folles pour vous !!!!
Je vous remercie
 
Et pour conclure cette magnifique cérémonie, avant d’aller partager le verre de l’amitié, je vous invite à chanter l’hymne national de la France, La Marseillaise ! "