Au-delà des buzz qui encombrent les oreilles sinon les bouchent, au-delà des analyses savantes et souvent intéressantes, au-delà des sondages qui se réhabilitent par oeuvre de communication sous couvert de compétence, au-delà des hommes et femmes politiques engagés dans cette camapgne pour l'élection présidentiellle bien française avec deux voire trois trotskystes sur la ligne de départ, au-delà de la rivière et sous les arbres ; une chose apparaît de manière tellement évidente que personne ne semble y prêter vraiment attention.

Et cette chose, est percutante.

Aucun thème dominant ne se dégage contrairement aux autres campagnes présidentielles, de la fracture sociale en 1995 à la sécurité en 2007. Certes celui du revenu universel interpelle sur le plan philosophique et amène à réfléchir à l'avenir plus lointain en termes de prospective et de partage. Mais ce thème apparaît comme hors sujet même s'il intéresse, car ce que veulent les Françaises et les Français, c'est un homme et un projet qui nous sortent de la m... dans laquelle on est, toute proportion gardée. Car en dépit de tous nos malheurs considérés, nous demeurons des privilégiés de la planète en comparaison de l'humanité dont la majorité vit sous le seuil de pauvreté quand elle ne crie pas famine.

Ce qui percute, c'est que les citoyens veulent profondément que le système politique refonctionne. Et ils sont prêts à agir en conséquence avec leur bulletin de vote, d'instinct. Cette donnée ne sert pas, a priori, les politiciens classiques comme François Fillon, Benoît Hamon et dans une moindre mesure Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et même Marine Le Pen qui se patine au contact du temps qui passe et des candidats qu'elle cotoie dans l'establishment abhorré par son père.

La crise profonde de la représentation politique et de ses moeurs iniques banalisées jusqu'à sédimenter au point que ces beaux esprits ne s'en rendent même pas compte, trouvant tout normal, va devoir trouver une issue. Sachant que les mêmes, de quelque bord qu'ils soient, se sont montrés incapables de se réformer eux-mêmes. Nombre de candidats annoncent par exemple aujourd'hui, qu'ils réduiront le nombre des députés et sénateurs en divisant le nombre de sièges par deux - c'était un leitmotiv du jeune député de l'Yonne Guillaume Larrivé, en 2017 qui lui, était lucide mais n'avait-il pas 35 ans ? - on est curieux de voir ce qu'il adviendra de cette promesse.

Les électeurs ne sont pas dupes et le peuple est au fond sage. Forcément ou alors... Alors vox populi, vox dei ?

L'expression est à resituer dans son contexte, dans une lettre de Alcuin à Charlemagne en 798 : « Nec audiendi qui solent dicere, Vox populi, vox Dei, quum tumultuositas vulgi semper insaniae proxima sit », qui se traduit par « Et ces gens qui continuent à dire que la voix du peuple est la voix de Dieu ne devraient pas être écoutés, car la nature turbulente de la foule est toujours très proche de la folie ». 

Depuis, les peuples ont progressé par l'éducation et la culture, moteurs essentiels, à travers le temps.

Les Françaises et les Français sont très attachés à la culture du droit. C'est un acquis considérable qu'il ne faut pas sous-estimer. C'est aussi une espérance.

 

Pierre-Jules GAYE