André Villiers a communiqué aux membres de l'assemblée départementale l'avis rendu par la Chambre régionale des comptes et le CD 89 a délibéré en ce sens

 

Le dossier polémique des retraites complémentaires servies par le conseil départemental de l'Yonne aux anciens conseillers, exhumé par AUXERRE TV, revient par la fenêtre, trois ans après.

Ils sont 24 anciens conseillers généraux de l'Yonne à toucher entre 3 000 et 21 000 euros par an de "retraite complémentaire", avec une moyenne s'établissant à 10 600 euros annuels. Contre une cotisation de 29 euros par an. C'est le conseil départemental qui finance au travers d'une subvention d'équilibre établie chaque année.

La chambre régionale des comptes a demandé au président du département de communiquer à l'assemblée le rendu de son jugement du 21 mars dernier (in extenso ci-dessous). André Villiers s'est évidemment exécuté sans qu'il y ait à le pousser. Lui-même a répété, sans aucun a priori, qu'il souhaitait que cette affaire soir réglée une fois pour toute sur le fond.

Anecdotiquement c'est le différentiel qui est, pour cette fois en cause, entre la subvention d'équilibre inscrite chaque année par le conseil départemental au budget en faveur de l'Amicale d'entr'aide des anciens conseillers généraux, créée le 15 janvier 1975, aux fins qu'elle puisse leur verser une retraite complémentaire.

Le différentiel est de l'ordre de 82 000 euros pour l'année 2016 en défaveur de l'Amicale donc de ses bénéficiaires, sur un budget de 220 000 euros alors que l'Amicale réclame 300 000.

L'ancien député maire RPR de Joigny qui est aussi avocat dans un cabinet spécialisé en conseil a saisi la Cour régionale des comptes, pour réclamer ce qu'il estime être son dû. Soit 2 370 euros destinés à couvrir le quatrième trimestre 2016. Il argue que la convention est caduque liant l'Amicale au CD 89 et qu'en conséquence, le conseil départemental serait directement son débiteur. Sa demande a été déclarée non recevable car "il n'avait pas intérêt à agir ..."

 

Commentaire d'Herni de Raincourt sur Facebook

 

Wait and see

 

Pascal Henriat, conseiller départemental d'Auxerre, président du MoDem 89, est le seul à monter au créneau,  "Soyons sérieux... il y a des gens qui touchent une pension de 700 euros par mois, en tout et pour tout pour vivre. Monsieur Auberger a une retraite de député, une retraite de maire, une retraite d'inspecteur des finances, une retraite d'avocat, une retraite de conseiller départemental ... !"Ça me choque."

Philippe Serré, conseiller départemental LR de Sens, crut venir au secours de Philippe Auberger en affirmant qu'il fallait aussi citer tous les autres noms qui bénéficient de la retraite complémentaire servie par l'Amicale : Bonhenry, Bordier, Soisson, Henry ... et tous les autres (la liste ici)

André Villiers indiqua que l'Amicale et d'autres avaient également été déboutés dans certaines de leurs actions et qu'il avait demandé au nouveau président de l'Amicale d'entr'aide Guy Bourras, ancien vice-président conseiller départemental UDI de Saint-Julien-du-Sault qui a succédé à Hubert Moissenet, de saisir le tribunal administratif pour que puisse être jugé, au fond, ce dossier qui brûle les doigts à tout le monde.

André Villiers affirme avoir saisi l'Assemblée Nationale et le Sénat sur la question de fond sans obtenir le moindre éclaircissement ni début de réponse. L'origine du litige remonte à 1992 ainsi que le nouveau régime de protection sociale des élus du conseil départemental, certains ayant choisi de continuer d'adhérer (pour 29 euros de cotisation par an) à l'ancien système géré par l'Amicale.

 

Valérie Leuger-Dorange conseillère LR s'est ralliée à la position du président en  s'exonérant comme ses collègues, de l'aspect moral de la question

 

Valérie Leuger-Dorange, conseillère départementale LR d'Auxerre 1 se rallia à la position d'André Villiers l'estimant raisonnable, d'attendre que le droit soit dit par les instances compétentes à savoir la justice. Une manière d'éviter l'aspect éthique sinon moral de la question devenue insupportalbe dans le contexte actuel de nécessaire moralisation de la vie publique et d'assainissement des finances publiques. Jusqu'à voilà peu, les retraites cumulées des élus n'étaient pas imposables, bafouant le principe d'égalité fiscale pendant des années. Un système parfaitement inique appliqué dans de nombreux départements.

La morale diront certains ne compte pas dans ce dossier. Seul compterait l'aspect juridique. C'est le point de vue du sénateur Herni de Raincourt pour qui la règle doit être appliquée. Certes. Mais on ne peut balayer d'un revers de la main l'aspect moral. S'il paraît incroyable que le législateur ne s'est pas s'emparé du dossier, la morale prend tout son sens sur le principe d'égalité fiscale bafoué en long et en large.

Allez. Le dossier est clos. Provisoirement.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 Pascal Henriat, au centre, se dit choqué par la demande de Philippe Auberger

 

 

EN SAVOIR PLUS // LE CD 89 A VOTÉ 235 000 EUROS DE SUBVENTION D'ÉQUILIBRE À L'AMICALE POUR L'EXERCICE 2016

 

 

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Communication d'un avis de la Chambre Régionale

des Comptes de Bourgogne Franche-Comté

 

Par courrier des 23 février et 3 mars derniers, Philippe  Auberger, ancien conseiller général, a saisi la Chambre Régionale des Comptes de Bourgogne Franche-Comté tendant à faire reconnaître un caractère obligatoire au paiement d'un complément de subvention d'équilibre à l'Amicale d'entraide des anciens conseillers généraux et par conséquent, à obtenir l'inscription au budget du Conseil Départemental de l'Yonne. La subvention d'équilibre attribuée à l'Amicale pour l'exercice 2015 est de l'ordre de 220 000 euros sur 290 000 demandés.

La Chambre Régionale des Comptes a rendu son avis lors de sa séance du 21 mars 2017 en déclarant irrecevables les saisines de M. Auberger. L'avis de la CRC doit être communiqué à l'Assemblée Départementale.

 En conséquence, dans sa délibération, le conseil départemental de l'Yonne donne acte au président du conseil départemental de la communication de l'avis de la Chambre Régionale des Comptes de Bourgogne Franche-Comté, constatant l'irrecevabilité des saisines de M. Philippe Auberger, ancien conseiller général, visant à obtenir l'inscription d'une dépense obligatoire au budget du Conseil Départemental de l'Yonne.

 

 

 

Quelques informations complémentaires

Extraits du bilan et compte de résultat de l'exercice 2013 de l'ASS Amicale d'entraide du conseil général de l'Yonne.

" Le Département met à la disposition de l'association, à titre gratuit, et de façon très réduite dans le temps, la personne physique responsable du bureau des assemblées."

"Le Département met également à la disposition de l'association le matériel informatique, le papier, le téléphone, et s'acquitte de l'affranchissement du courrier."

"L'agent mis à disposition de l'association utilisant son bureau, le Département supporte les charges que cela engendre."

 

Ces paragraphes sont référencés au chapitre des "Concours en nature".

 

Article 1, 2ème paragraphe des statuts de l'Amicale d'entraide des conseillers généraux de l'Yonne

" Le but de cette association est de développer l'entraide entre les conseillers généraux de l'Yonne notamment en assurant à ses membres, ainsi qu'à leurs conjoints survivants, des allocations périodiques de retraite, dans des conditions fixées par le règlement intérieur." (Annexe 2 des statuts, conditions d'attribution des pensions versées)

 

Article 10 du 3 juillet 1998 du réglement intérieur du conseil général

" Le conseil d'administration (de l'Amicale ndlr) pourra accorder des secours à d'anciens membres du conseil général non pensionnés par l'amicale ou à des veuves de conseillers généraux non pensionnés ayant rendu des services éminents".

Que faut-il entendre par services éminents ?

Quand on voit ce qui est demandé aux citoyens, aujourd'hui, en terme de semestres pour faire valoir leurs droits à la retraite, force est de constater que les conseillers généraux de l'Yonne concernés par ce mécanisme ici décrit, en complément de leur retraite professionnelle, se financent une retraite complémentaire substantielle, en 12 ans voire 10 ans. À condition d'avoir effectué deux mandats et d'être âgé de 55 ans.

Le plus "performant" reçoit 21 000 euros de retraite complémentaire par an, à ce titre. Des retraites complémentaires qui s'étalonnent entre 800 et 21 000 euros.

La direction générale du conseil départemental de l'Yonne interrogée sur la "subvention d'équilibre"  s'aligne sur la loi du 3 février 1992 qui stipule que "tous les systèmes de retraites mis en place antérieurement au régime des retraites des élus institué par la loi 92-108, se sont trouvés institutionnalisés par ce texte jusqu'à extinction des droits acquis, les charges correspondantes étant notamment couvertes, le cas échéant, par une subvention d'équilibre versée par les collectivités concernées".

 

 

LE TEXTE DE LA DÉLIBÉRATION ADOPTÉE

VENDREDI 4 MARS 2016

PAR LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE L'YONNE