CULTURE

OLIVIER FOUCHARD, NOTES D'ATELIER, RIVES, SEPTEMBRE 2017

 

 

Dans les années 80 sur les conseils de Pierre DRUESNES, (ayant peut-être noté mon attirance pour le peintre Albert AYME et son paradigme du Bleu, Jaune, Rouge)... DRUESNES m'avait donc conseillé l'achat de pigments Bleu Outremer, Clair véritable, Rouge de Cadmium clair véritable, Jaune de Cadmium Véritable ou bien « Citron » et enfn une laque en poudre très fne dite « Laque Solférino » pouvant apporter de subtiles nuances de rose violacé ou bien de violet suivant la façon dont elle était mélangée et diluée...

Trop délicate à utiliser, j'ai abandonné cette laque assez rapidement au proft d'autres couleurs qui me convenaient aussi... Ne voulant pas me cantonner aux seules indications de DRUESNES, je me suis mis à explorer d'autres Bleus, Jaunes, Rouges ainsi que d'autres couleurs...

Prenant soin d'éviter le plus possible le noir autrement que comme fond, j'ajoute parfois aux bleus, jaunes et rouges des nuances de blanc en première couche et/ou en couche intermédiaire. Il en résulte comme des transparences et/ou opacités parfois neigeuses et/ou laiteuses et à défaut crayeuses. Ce procédé a souvent pour but un supplément de clarté qui contribue à l'unité et l' illumination du tableau.

Lorsque je me passe des blancs et des noirs comme « non-couleurs », je les remplace d'une certaine façon par les Bleus et les Jaunes de préférence sur un « fond » blanc, de ce blanc en lumière « pure » comme profané de couleurs toutes aussi « pures ». Le rouge apportera la dynamique du tableau, suivit d'un gris neutre auquel nous aurons mis le feu!

Une eau de Bleu viendra refroidir ce Rouge, et puis les Jaunes donneront la lumière chaude, comme un soleil...

A cette tradition d'art abstrait que je pense occidentale et moderne d'un XXème siècle passé, j'essaie d'ajouter d'autres couleurs.

C'est là à chaque fois un saut dans l'inconnu autant qu'un retour vers le passé, une ouverture sur l'extérieur, sur l'autre, celui qui vient d'ailleurs. La multiplicité des couleurs en contrastes de complémentaires et les harmonies de nuances en camaïeu m'apportent la joie de la complexité (certes !) mais aussi la richesse de la diversité, comme une fête, une danse qui casserait la monotonie et le confort de combinatoires obtenues à partir de seulement trois couleurs.

Bien sur, le ronronnement d'une économie de moyen en Bleu Rouge Jaune permettant tous les « ocres » et « gris colorés » est d'une estimable rigueur : les combinatoires en transparence de :

Bleu Jaune Rouge / Jaune Rouge Bleu / Rouge Jaune Bleu/ Bleu Rouge Jaune / Rouge Jaune Bleu /Jaune Bleu Rouge

auxquelles on peut aussi ajouter la fantaisie d'un gris nuancé en lavis d'encre de chine ou certains blancs... De quoi remplir toute une vie de peintre, mais, car il y a un « mais » :

Pourquoi et au nom de quelle doxa devrais-je me passer de la joie et de la fantaisie d'une quelconque rigueur rigoriste néo-plasticienne ou autre ?! Au nom de quoi devrais-je ignorer les doubles arcs en ciels qui apparaissent à ma fenêtre comme par magie sur le Vercors?

Pour quoi se cantonner à une logique logicienne devenant pauvre à force de répétition en ressacs ?

Les couleurs dites « primaires », « secondaires » ou « complémentaires » peuvent bien sur être utilisées de façon sérielle en dégradé et nous rappeler la décomposition de la lumière vue dans un arc en ciel. Suivant l'utilisation que l'on en fait, c'est je dois dire très beau et joyeux, mais cela ne peut encore satisfaire pleinement ma vie de peintre que je souhaite riche de diversités et d'inventions.

Cette exposition, je la désire aussi abstraite que concrète de fgurations synthétiques, de langages logiques, de fêtes partagées, avec un public que j'espère bigarré et hétérogène de couleurs et de générations : La roche qui nous parvient des volcans refroidis est aussi faite de « sédiments » ou « agglomérats » de provenances diverses...