Alain Drouhin, ses lunettes proue d'un visage rond mais volontaire, sérieux, ouvert, souvent traversé par de larges sourires, n'élude aucune question.

L'homme qui a beaucoup oeuvré et manoeuvré, aura sans doute raté plusieurs virages au cours d'une vie riche en rencontres et en événements. Une vie entrée dans une nouvelle phase depuis que son épouse Odile Drouhin, qui fut directrice du Centre hospitalier d'Auxerre, est souffrante.

S'il a abandonné son mandat de maire de Bléneau à la fin du mois de septembre, ainsi que la présidence de l'association Yonne Développement, Alain Drouhin demeure délégué communautaire de Bléneau à la Communauté de communes de Puisaye à laquelle il est attaché, lui qui fut président du Pays de Puisaye, levier de développement.

Stagiaire au centre hospitalier d'Auxerre en 1973, puis directeur financier à Semur-en-Auxois, Alain Drouhin, juriste et financier, barriste, fut rapidement repéré par Jean-Pierre Soisson le maire d'Auxerre et ministre dans divers gouvernements, dont il devint le directeur de cabinet et pour longtemps, avant d'être recruté comme secrétaire général de la mairie.

C'est en 1992, l'année où Étienne Braun maire de Sens battu aux cantonales disparut pendant trois jours et démissionna, qu'Alain Drouhin se lança en politique en se portant candidat dans le canton d'Auxerre-Piedalloues-Vaux-Vallan dont la frontière était le milieu de la rue du Pont.

Au premier tour, le 23 mars, le sans étiquette Alain Drouhin arriva en deuxième position (21,5%) derrière la RPR Marie-France Jeanson (23%), précédant le socialiste Guy Férez (17%) qui a pu se maintenir à 15 voix près. Jean-Pierre Soisson lui  demanda de se retirer afin de faire gagner la droite et il s'exécuta en bon soldat. Marie-France Jeanson fut élue.

 

"J'aurais voulu devenir le maire d'Auxerre"

 

C'est le regret de sa vie politique. Alain Drouhin affirme qu'il aurait gagné la triangulaire, comme en atteste selon lui, un sondage effectué par la Sofres qu'il découvrit a posteriori.

C'était le tremplin qui aurait pu le mener à la mairie d'Auxerre non plus côté cour mais côté jardin cette fois, comme maire. Car il aurait voulu devenir le maire d'Auxerre, comme d'autres après lui, tels Bernard Revest ou encore Jean-Louis Hussonnois.

C'est plus tard qu'il s'investit en Puisaye en devenant conseiller général de Bléneau puis maire et président du Pays qui fut l'intercommunalité la plus évoluée de l'Yonne dans le domaine du développement et des recours aux subventions européennes.

Délégué du conseil départemental de l'Yonne auprès de l'Opac futur Domanys le bailleur social dont il devint le président après Jean Lancray le maire de Saint-Florentin, il allait connaître des vicissitudes qui l'empêchèrent de se présenter à la députation et aux sénatoriales. Entretemps, il fut choisi par Jean-Pierre Soisson comme suppléant de préférence à Guillame Larrivé suppléant sortant. JPS écouta les maires de Puisaye lors d'une soirée mémorable à la salle Marie-Noël qui menacèrent de quitter la salle si le député ne prenait pas Alain Drouhin.

Pour la première fois, Alain Drouhin s'explique sur le krach Domanys et les 32 millions de déficit enregistrés et le renflouement immédiat de 10 millions d'euros sans compter la mise sous tutelle et l'encadrement pour dix ans par l'organisme national de contrôle des bailleurs sociaux, la Milos
(La Mission interministérielle d’inspection du logement social).

 

Le serment d'Hocquincourt

 

Le rapport d’inspection national relève « de nombreuses irrégularités » dans la gestion du bailleur social entre 2007 et 2011.

«De multiples défaillances ont été relevées dans l’organisation de l’office, dans ses modes de gouvernance et de fonctionnement, avec un contrôle interne très insuffisant. » En 130 pages, les inspecteurs de la Mission interministérielle du logement social (Miilos) décortiquent la dérive financière de Domanys, qui aurait pu se solder par la cessation de paiement du principal bailleur social de l’Yonne, en 2011. « Trop ambitieuse, mal conduite, très onéreuse ». Alain Drouhin s'en explique et assume sa responsabilité.

Sa candidature aux élections sénatoriales de 2004 qui virent l'élection de Henri de Raincourt et Pierre Bordier, fut la dernière.

Élu vice-président du conseil départemental en 2011 lors du putsch et du coup de poker d'une poignée de centristes (Villiers, Pianon, Gendraud puis Drouhin, Capitain, Pellerin, Bourras, Lemaire) liés par un serment, le serment d'Hocquincourt ; Alain Drouhin fut chahuté et d'aucuns demandèrent sa démission suite à l'affaire Domanys qui contribua fortement à dégrader l'image du Département. Si sa tête ne roula pas, c'est en grande partie grâce à l'intervention remarquable et remarquée du sénonais Philippe Serré dans l'enceinte de l'assemblée départementale.

Alain Drouhin ne se représenta pas aux élections cantonales suivantes et continua d'oeuvrer pour la Puisaye et Bléneau. Et affirme qu'il poursuivra dans cette perspective, contribuer à garantir l'unité de la Puisaye et contribuer à son développement par des actions structurantes.


P-J. G.

 

Alain Drouhin, à Auxerre le 23 novembre 2017

 

 

Alain Drouhin à Auxerre au BDM, à la veille des élections législatives

 

 

Alain Drouhin et André Villiers le 5 juin 2015, lors d'une réunion du comité de soutien à la liste régionale de François Sauvadet