Michel Fourniret, l’ogre des Ardennes, cet homme qui a été condamné pour sept meurtres et de nombreuses agressions, est devenu végan en prison. Il refuse de manger le moindre produit d’origine animale. Par principe et par respect pour la vie animale, prétend le condamné dans un courrier adressé au directeur de la maison centrale d’Ensisheim où il est incarcéré depuis 2008 (DR)

 

 

Les monstres auraient-ils une vie intérieure ? Quelle pulsion a bien pu pousser L’ogre des Ardennes à avouer le meurtre de deux autres victimes (Joanna Parrish, tuée il y a 27 ans à Monéteau, et Marie-Angèle Domece il y a 29 ans, disparue d’Auxerre le 8 juillet 1988 ) ? Conscience ? Besoin ou envie d’offrir aux familles une sorte de tomber du rideau sur le mot « Fin » ?

 

Mais surtout… peut-on le croire, ou est-on à nouveau la proie d’une autre cruelle manipulation de ce puppet master diabolique qu’il a finalement toujours été ?

 

Qu’est-ce qui fait que les enfances difficiles, les visions choquantes, révélations de poids, moqueries etc… sortent de certains le pire d’eux-mêmes, voire le pire du pire, et le meilleur des autres ?

 

Car c’est ainsi qu’ils expliquent, ou font expliquer par leur avocat, comment ils en sont arrivés là.

 

Ces Jekyll et Hyde.

 

Michel Fourniret, Marc Dutroux, Ted Bundy, Jeffrey Dahmer, Dennis Rader, et tant, tant d’autres…

 

Aucune vie n’est exempte de moments pénibles, certaines sont plus éprouvées que d’autres, mais il en est qui, de ce feu de souffrance intérieur, émergent rayonnants, forts, aimants, et puis d’autres qui le gardent en eux comme une turbine de haine. Plus victimes que jamais puisque ce noyau dévorant les force à une double vie, des secrets, l’art de la manipulation, des ruses, l’ascendant nécessaire pour soumettre d’éventuels complices (les épouses, les mères… des amis influençables…), et le « savoir-vivre » dans la conscience qu’on ne reste dans leur sillage que par ignorance ou terreur, car personne n’aimerait avec son cœur ce qu’ils sont en réalité. Leur vie « normale », extérieure, est une fraude constante.

 

Seule "récompense" sans doute : ce sentiment d’invincibilité – que l’on sait provisoire et fragile cependant -, d’intelligence supérieure, et une démesure dans les plaisirs des sens, qui compensent toute la paisible beauté qu’il peut y avoir dans une vie qui se mène normalement. Avec ses lassitudes et ses joies. Ici rien de tout ça : chasse aux victimes, plaisir défendu, et puis le secret et la ruse dans un quotidien que l'on veut aussi banal que possible. Et les menaces pour qui, éventuellement, sait. Le cancer de la toute-puissance, qui se vit comme un grisant feu de paille qui est, en réalité, un bûcher que l’on a construit soi-même.

 

C’est une terrible vie à vivre, et c’est une terrible mort pour qui croise leur chemin. Et une terrible énigme pour les psychiatres qui après tout… ne pourront jamais que se fier à des théories, avec la faille éternelle : la petite différence qui fait de ce monstre-là un monstre unique.

 

                                                                     Suzanne DEJAER