NECROLOGIE
Paul Camille Dugenne conduit à sa dernière demeure
le lundi 19 mars 2018, 17:32 - NECROLOGIE - Lien permanent
Après la cérémonie de bénédiction, lundi après-midi, à la cathédrale Saint-Étienne au pied de laquelle il habitait, Paul Camille Dugenne, figure locale, a été incinéré au crématorium d'Auxerre dans la plus stricte intimité Les cendres iront à Mornay dans le Cher près de la maison natale en bordure de la Loire
La cérémonie de bénédiction, lundi en début d'après-midi, à la cathédrale d'Auxerre, avant la crémation
Un des problèmes de la vieillesse, la vraie, celle qui débute peut-être à 90 ans, est que vos copains ont disparu donc vous vous emmerdez et que le mal vous gagne et vous fait mal partout. C'est ce que confiait Roger Chevalier le père de Jean-Paul, voilà bien des années, à l'approche de la mort, avenue de la Puisaye.
Le professeur de lettres, écrivain, poète, encyclopédiste, jardinier, inépuisable qu'était Paul Camille Dugenne, s'est éteint peu avant sa centième année.
Prisonnier de guerre au camp de Sagan en Silésie, il a vécu au pied de la cathédrale Saint-Étienne, qu'il contemplait à la verticale. Sa bibliothèque est riche de 8 000 livres.
Auteur de quatre grammaires et d'un dictionnaire (7 volumes) généalogique, biographique, historique de l'Yonne (40 000 noms, 13 000 notes), Paul Camille Dugenne était aussi peintre et sculpteur quand le cruciverbiste ne bricolait pas ou ne jardinait pas. Il a écrit ses mémoires ainsi qu'un roman policier.
On ne sait s'il avait encore des copains vivants, sans doute non, venus lui dire au revoir dans la cathédrale Saint-Étienne. Mais il y avait d'anciens élèves et enseignants qui ont témoigné. Ainsi qu'un ancien élève qui a souhaité que sa lettre soit lue.
Sa filleule, la fille de l'ami de Paul Camille exprima avec émotion son affection.
Le fils, Georges, a retracé la vie riche et dense de son père, longuement.
Virginie la petite fille qui est une femme, a évoqué son papy et l'affection qu'elle lui vouait, un papy avec lequel elle a vécu autant qu'avec ses parents habitant dans la même maison à l'étage. Non sans pudeur et sincérité, Virginie a laissé entrevoir comment son grand père, lui exprimait son amour au cours des dernières années.
Pascal le petit fils, trouva les mots et anecdotes souriants décrivant notamment comment le papy masquait ses compliments derrière un sourire malicieux.
Les trois arrières petits enfants lurent ensemble un poème de leur arrière grand père, ode à la vie.
Dominique la belle fille de Paul Camille lut l'épître, lecture du livre de la sagesse (SG2,23 ; 3,3-69), le sens de notre vie.
Georges Dugenne lut enfin un poème de son père sur la maison (*) construite patiemment, entretenue, remplie puis vidée et vide sans doute pour avoir vécu trop longtemps.
P-J. G.
(*) Poésie n° 649
de Paul Camille DUGENNE
extraite du recueil « RIEN QU’UN AUTRE JOUR »
Paul Camille Dugenne
Commentaires
Son dictionnaire généalogique, biographique et historique de l'Yonne fait autorité. Quel bel ouvrage de référence ! Les professionnels des services d'archives, des bibliothèques et autres services de recherches s'y réfèrent souvent. Les universitaires aussi, les généalogistes amateurs, les érudits, etc... Je l'ai croisé voici bien longtemps à l'Ecole Saint-Joseph à Auxerre où j'ai été élève (1978-1981) mais il ne fut pas mon professeur (cela ne s'est pas trouvé). Je ne soupçonnais pas alors que je cotoyais un tel savant, dont les ouvrages me serviraient un jour d'outils pour mes recherches au Service des Archives Municipales de la Ville de Sens, où j'ai l'honneur de travailler. Je témoigne ici que son aide me fut fort utile, et elle me sert encore... merci à vous citoyen Paul-Camille Dugenne, pour tout ce que vous avez apporté à vos concitoyennes et à vos concitoyens, daignez accepter l'humble hommage que je vous rend, témoignage de ma reconnaissance et de celle de mes collègues...
Monsieur Dugenne a été mon professeur de français et de latin à St Joseph, au début des années 60. Je me souviens aujourd'hui encore de certains aspects de son enseignement, comme la recherche préalable d'idées pour une rédaction ou les "techniques" de construction pour une version latine. Sous des dehors très "classiques", ses méthodes d'enseignement étaient résolument "modernes", nourries au lait du structuralisme et de la linguistique.
C'est un enseignant qui m'a beaucoup marqué, et je me souviens encore des ses colères froides, où l'ironie affleurait souvent, et qu'il concluait souvent par un tonitruant "enfin quoi, un peu de bon sens"....
Mes pensées vont à sa famille, et en particulier à Georges, qui fut mon condisciple à Joigny au milieu des années 60.