Le maire Claude Macchia oeuvre pour le bien commun, cela se voit, cela se sent car il émane de cet homme manifestement de la bonne volonté. Il ne fait pas de bruit et sait faire le dos rond

 

 

Durant une longue période, la commune d'Étais-la-Sauvin d'origine celtique, fut connue pour abriter l'une des plus belles roseraies de Bourgogne, considérée comme la troisième roseraie de France.

Aujourd'hui, Étais-la-Sauvin, 640 habitants, est connue pour la pollution de l'eau par les pesticides bien identifiés, d'une densité telle que l'eau est devenue impropre à la consommation, pas que pour les nourrissons et femmes enceintes, mais pour toute la population. Et cette interdiction dure depuis plus d'un an. Des distributions de bouteilles d'eau sont régulièrement effectuées par la mairie. Pour un coût de 3 200 euros par mois, a précisé le maire, à qui une concitoyenne a posé directement la question.

Le maire Claude Macchia un mécanicien jeune septuagénaire, en a vu et entendu de toutes les couleurs mais le bonhomme est solide et sait faire le dos rond. Il a expliqué avoir pris dans le museau un arrêté du préfet, non pas l'actuel mais le précédent, Moraud, qui l'a enjoint de rétablir la situation pour le mois de juillet 2018. Pas moins. Et vas-y démerde-toi. "On ne peut pas dire que l'État n'a rien fait ... " a-t-il lâché non sans humour, avec un sens aïgu des réalités.

Sauf que l'État ne répond pas aux courriers, quels que soient les échelons, et même au ministère. "Ils n'en ont rien à faire ..." résume Claude Macchia joignant le geste à la parole sous la forme d'un bras d'honneur silencieux, avec le sourire, car il en a vu d'autres et connaît la musique, cet homme extrêmement sympathique qui ne s'est jamais défilé et a répondu à toutes les questions.

Il était épaulé par Jean Massé, maire de Saints-en-Puisaye et vice-président de la Fédération des eaux de Puisaye Forterre, tandis que Lionel Deschamps, président de l'association Lucitoyens (Lucy-sur-Yonne), avait introduit le débat après la présentation d'un diaporama qui se voulait pédagogique et une intervention lumineuse de Jean Massé, qui a fait fait baisser les taux de nitrates et de pesticides dans son bassin de captage autour de Saints, cas de figure unique dans l'Yonne, car "aucun bassin de captage n'est semblable à un autre". Il faut donc étudier la question de près et ne pas tomber sur un mauvais cabinet d'études spécialisé. Lui, Jean Massé soi-même n'a pas hésité à en virer quitte à perdre parfois un an ou deux.

Le problème à Étais c'est que le maire et les administrés attendent depuis belle lurette les résultats de l'étude sur le bassin de captage. Alors que les frontières sont ouvertes en Europe, elles ne le sont pas en France, une partie du bassin de captage se situant dans la Nièvre dont la frontière passe à proximité d'Étais-la-Sauvin.

La superficie de la commune est de 4 479 hectares, son altitude varie de 178 à 365 mètres. Le point culminant se situe à la Montagne-des-Alouettes.

L'alimentation en eau s'effectue depuis la source du Nohain (fontaine d'Emme au sud du lieu-dit Chevigny en direction d'Entrains-sur-Nohain). Depuis le captage où est effectué une chloration, l'eau est acheminée vers un château d'eau enterré à la Montagne-des-Alouettes (lieu-dit le Trou de l'Arène) pour être ensuite directement distribuée sur l'ensemble du territoire communal. Le réseau date des années 1960. Il a été creusé par les agriculteurs de l'époque à la force du poignet. La station d'assainissement située à proximité de la déchèterie traite les eaux usées du bourg principal de la commune composée de nombreux lieux dits. La source du Nohain située à la fontaine d'Emme est une résurgence de la nappe phréatique qui s'étend approximativement depuis le lieu-dit le Crot des Marches près de Fondelin (Nièvre) et sur un vaste territoire entre Château-du-Bois (commune d'Entrains-sur-Nohain) et Les Villenots (commune d'Étais-la-Sauvin).

 

Étais-la-Sauvin se connecte

 

Le débat fut très riche, venant d'un public averti, vivant au quotiden une situation qui est quand même assez singulière : pas d'eau potable dans la commune. Pas d'abeilles, pas de guêpes. Quant aux roses et roseraies ... nous n'en avons pas vu mais bien des lilas odorants et abondants fièrement dressés.

Deux axes. Le premier est la mise en cause d'un système marchand qui continue de vendre des produits-poisons sans restriction. Or au 1er janvier 2019, même les particuliers ne pourront plus utiliser des pesticides pour le jardinage. La mise en cause aussi d'un système où les normes et les produits évoluent sans cesse et ne sont pas les mêmes que dans d'autres pays. À y perdre son latin. La prise de conscience de la mise en danger de la vie, au sens général et particulier, sans même évoquer les générations futures. La mise en cause du système administratif globalement, dont des échelons interdmédiaires devraient être cités à comparaître comme ce fut le cas dans l'affaire du sang contaminé.

L'association Lucitoyens a engagé une action en référé sur la protection du bassin de captage de Lucy-sur-Yonne. Le nombre de bassins de captage dans l'Yonne est passé de 440 à un peu plus de 200, en quelques années. Or la plupart ne sont pas protégés. L'association a également recueilli plus de 4 000 signatures dans une pétition qui a été remise au préfet de l'Yonne pour une eau propre. Lucitoyens s'est aussi attaché les services d'un cabinet spécialisé avec l'idée de déposer plainte pour empoisonnement collectif dans le cadre d'une stratégie en cours de définition.

Le deuxième axe comporte la constitution d'un comité de pilotage afin de s'attaquer au problème de fond, aux causes, à Étais-la-Sauvin, d'abandonner le bassin de captage frontalier empoisonné et de mettre le paquet sur un autre bassin de captage avec les méthodes utiles en collaboration avec Jean Massé qui prêtera son concours et son expertise de manière indéfectible a-t-il martelé. Ainsi qu'avec les services compétents de la chambre d'agriculture qui évolue dans ses services.

En attendant, le réseau d'eau de la petite commune de Forterre où le m3 est vendu 0,75 cents, va être connecté au réseau de la Fédération des eaux de Puisaye-Forterre et plus précisément sur le bassin de captage de Saints qui offre une eau de qualité et non celui de Treigny qui est pollué. Cette connexion devrait être opérationnelle à partir de la mi-mai, les travaux étant presque terminés. Conséquence : le prix du mètre cube d'eau passera de 0,75 cents à 1,30 euro. Le maire a du répondre à des questions sur le diamètre des tuyaux et le débit.

Enfin, les citoyens vont arrêter de payer leurs factures d'eau pour la partie polluée à Étais-la-Sauvin. Ils ne payeront plus que l'abonnement. Une manière de dire ça suffit. La palette des ripostes est en place.

"Non on ne vous prend pas pour des cons", a lancé un responsable associatif d'Avallon. " Mais vous mettez de la lumière dans l'ombre.... c'est ce que  le système déteste... "

Et Jean Massé de Saints d'affirmer qu'il fallait à tout prix que les agriculteurs entendent la même messe ...

 

Pierre-Jules GAYE

 

Étais-la-Sauvin. Au second plan le cimetière du Montivieux et en arrière-plan central l'église Saint-Pierre-aux-Liens (DR)

 

 

La salle de spectacle de la mairie était comble, samedi soir

 

Les maires Claude Macchia et Jean Massé

 

Un auditoire attentif qui a posé nombre de questions

 

 Le maire et le président de l'association Lucitoyens Lionel Deschamps

 

 

 Les questions et commentaires ont fusé

 

 

 

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