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ECONOMIE

La CCI de l'Yonne freinée et lestée dans son ambition

La procédure de licenciement du développeur d'Île-de-France à la Chambre de commerce et d'industrie d'Auxerre a été rendue caduque par le tribunal administratif. La réaffectation d'un proche du président pose question et crée des tensions parmi le personnel au sein d'une institution appelée à maigrir dans le cadre d'une baisse de 400 millions d'euros des crédits alloués

 

 


Alain Pérez président de la CCI de l'Yonne lors des voeux 2017 (DR)
 
 
 
Ça ne rigole pas au sein de la CCIY, son siège à Auxerre et son antenne de Sens. L'horizon 2022 de réduction draconienne des dépenses fixé par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a pour objectif de recentrer les CCI sur leurs missions régaliennes prioritaires. Le ministre a reconnu que cela aurait un impact sur les personnels, sauf à ce qu’elles s’organisent pour facturer et financer certaines prestations de service.
 
Cette lettre de mission survient dans un contexte difficile dans l'Yonne au sein de la Chambre consulaire, traversée et perturbée par des difficultés internes dont la résolution ne semble pas passer par le dialogue et une gestion apaisée des ressources humaines. Ils étaient 140 salariés voilà dix ans. Ils sont une soixantaine aujourd'hui.
 
Dans le Procès verbal de l’Assemblée générale la CCI du 29 novembre 2011, le président Alain Perez mettait en place l’axe 2 du contrat de mandature : renforcer l’attractivité de l’Yonne vis-à-vis de l’Ile de France en exploitant le potentiel économique.

Recruté il y a maintenant 7 ans, le développeur Île- de-France, salarié de la CCI prospecte. Il a travaillé de manière opérationnelle 5 ans. S’en est suivi une procédure de licenciement qui traîne depuis 2 ans.

Alain Perez avait alors l’ambition de réussir l’implantation d’entreprises et fixait trois cibles à son salarié :

- les PME/PMI/TPE Franciliennes
- les grands groupes de la logistique
- les sous-traitants.  

Qu'en est-il 7 ans plus tard, avec un investissement plus que substantiel sur ce poste et les frais connexes que l'on peut estimer à 100 000 euros par an (salaire, charges et frais de déplacement compris) ?

Dans tous les cas, la CCiY par carence de compétences en terme de procédure de licenciement, s’est emmêlée les pinceaux et, aujourd’hui, a fait porter la responsabilité à la CCI Régionale, afin de sauver la face.
 
 
Prospecteur international
 

La procédure de licenciement du développeur Île-de-France a donc été rendue caduque par le tribunal administratif, au début du mois de juin. Un mois pour prendre acte de la ré-affectation du développeur Ile-de-France qui n’a obtenu aucun résultat connu tangible pour une enveloppe budgétaire en terme d’investissement qui avoisinerait les 800 000 euros et créé de fortes tensions au sein du personnel, en qualité d’homme lié par un passé professionnel commun avec le Président.
 
En effet, Basilio Bustillo, âgé de 56 ans, maîtrise en commerce international et MBA, fut durant de nombreuses années le prospecteur international pour le groupe Senoble où évolua le président. Une nouvelle négociation s’engage donc et forcément viendra impacter le budget de la CCIY.

Légitimement, les salariés des CCIY de l’Yonne s’interrogent sur ce type de dysfonctionnement et le réel impact budgétaire, à un moment ou des restructurations s’annoncent. Peur de perdre son job et aucune possibilité de prime et de promotion, auxquels s'ajoute la sensation nette d'être pris en otages.

Le Préfet pourrait aussi avoir un avis en qualité d’autorité de tutelle sur la gestion des fonds publics. Mais, et jusqu'à preuve du contraire, ce n’est pas un interventionniste. 

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a en effet annoncé, mardi, une baisse de 400 millions d'euros des crédits alloués aux Chambres de commerce et d'industrie (CCI) dans le cadre d'une "restructuration" destinée à recentrer le réseau sur ses "missions prioritaires ».

Un "effort important". 
 
"L'effort que nous vous demandons est effectivement important avec un horizon en 2022 de 400 millions d'euros d'économies", a déclaré Bruno Le Maire devant les présidents de CCI réunis lors d'une assemblée générale extraordinaire, reconnaissant que cela aurait "un impact sur les personnels ».
 
 
Un huissier convoqué
 
 
Lundi 10 juillet, Basilio Bustillo le développeur Île- de-France, s’est rendu au bureau de la CCI de la pépinière de Sens pour évoquer sa reprise de poste, le périmètre de ses fonctions et les objectifs de ses missions, après la décision du tribunal administratif de Dijon de le réintégrer.

Le personnel qui se trouvait sur place a été pris de panique après deux années d'ambiance délétère et le directeur général (qui navigue entre Dijon et l’Yonne) a immédiatement diligenté 1 huissier et 2 policiers en lieu et place d’un éventuel entretien avec son ex-futur-ex collaborateur.

Couardise ou incompétence en terme de gestion des ressources humaines, le directeur général a du revoir le lieu de son constat car entretemps, le salarié était venu à Auxerre pour le rencontrer.

L’huisser de Sens est donc venu à Auxerre pour constater la présence du salarié qui venait d’être ré-intégré et les deux policiers diligentés pour protéger le directeur général.

La situation des plus ubuesques, a eu une suite, le jour suivant, lors l’assemblée générale des CCI qui s’est tenue à Paris ou le salarié et le représentant syndical se sont également présentés.

 
 
L'impasse


Les Présidents des CCI de France étaient tous présents à Paris lors de l’Assemblée Générale et Alain Perez a salué son salarié alors que le directeur général a pris une posture de politique, ignorant la présence des salariés de la Chambre et se refusant à les saluer.
 
Pour finir, Basilio Bustillo a reçu le constat d'huissier en fin de semaine dernière. Il lui est demandé de rester chez lui.
 
Alain Pérez doit être bien conscient des lacunes juridiques financières et économiques de son top encadrement. Il a déjà licencié, gros chèque à l'appui, le précédent DG il y a quatre ans maintenant.
 
Il ressort de l'enquête que Basillio Bustillo est victime d'une vendetta violente.
La nouvelle direction, qui a fort peu d’appétence pour la chose économique voudrait son scalp. Cela fait trois ans que cela dure, depuis le mois de septembre 2015, que tout le monde se ridiculise.
La bataille de tranchées continue et les négociations seront ardues car les calculs alambiqués de la CCY pour réduire au maximum le montant de la transaction relèvent du burlesque.
 
Basilio Bustillo aura néanmoins contribué à plusieurs opérations fortes dans le nord de l'Yonne, en terme d'affaires internationales.
 
Remplir les entrepôts vides de Savigny, conclure les accords de partenariat entre le port de Gron et HAROPA (Le Havre-Rouen-Paris), groupement d'intérêt économique du grand Paris, l'axe Seine, dans le cadre de l'idée du développement du "hinterland" vecteur du développement des affaires maritimes et d'un éco-système.
Basilio Bustillo aura aussi créé le logo déposé Yonne en Seine et la plaquette diffusée dans tous les salons professionnels, contribuant au développement de HAROPA.
 
 
 
Pierre-Jules GAYE
 
 
 
 
 
Le port de Gron a été créé en 2010 sous l’impulsion de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Yonne. La plateforme portuaire de 12 000 m2 permet aux industriels situés au plein cœur de la Bourgogne, de faciliter leurs imports/exports depuis le port du Havre grâce à une liaison fluviale mixte (conteneurs / colis lourds) et régulière allant jusqu’à 700 tonnes. Le port est également équipé d’une plateforme roll-on roll-off (RO-RO).
Le port de Gron est certifié ISO 9001
 
 

 

Commentaires

1. Le jeudi 19 juillet 2018, 17:34 par Yvonne Longa

Merci Pierre Jules d’avoir le courage d’aborder les sujets que la presse locale met sous le tapis.

Moi j’ai une petite idée sur le port de Gron grâce au Procès verbal de la CCI du 23 juin 2013 (en ligne) et d’autres délibérations sur le net et je comprends que :

- les collectivités et l’Europe ont financé À 95 % les investissements à coup de millions d’euros et supportent le grand déficit et la CCI a collé son logo.

- une société privée a récupéré l’exploitation (les bénéfices) et à priori la CCI lui aurait fait un prêt (encore des deniers publics) pour racheter les parts.

- finalement le fret maritime serait une fausse barbe car cette plate forme sert de base de transit de poids lourds provenant du Have (de son transitaire et Associés) et capte 30% du marché de la logistique dans l’Yonne pour les retours dans le Nord à prix cassés. Certains Entrepreneurs locaux seraient furieux dont un qui a permis à Monsieur Perez d’être Psdt de la CCI en lui accordant un mandant de directeur général dans une de ses sociétés, car il n’était plus chez Senoble.

Mais a priori un dossier argumenté serait dans les tuyaux pour des explications en septembre sur cette gestion Pérézsienne du Port de Gron.

Love, exciting and new ….
Come aboard, were expecting you …..

2. Le jeudi 19 juillet 2018, 14:32 par jacques

Cet article est édifiant mais ne fait que concrétiser ce que d'aucuns pensent de cette vénérable institution opaque dont on ne sait au juste ce qu'elle fait, qui la compose et comment elle fonctionne.
On a compris pourquoi elle ne communique pas, car ce n'est pas son intérêt de trop attirer l'attention sur elle.
Macron, a raison de secouer ces chambres consulaires.
Qu'on nous dise combien d'emplois a créé celle d'Auxerre en expliquant les choses.
Qu'on nous dise pourquoi l'investissement par fonds publics dans les infrastructures du port de Gron, revient à gérer ce port hinterland au travers d'une société privée ?
Et pourquoi les actionnaires ont soudain changé ?

3. Le jeudi 19 juillet 2018, 09:30 par caféïne

vraiment d'accord avec TACATAC : j'aurais vraiment dit la même chose

HALTE AVEC NOS IMPÖTS !!!

4. Le mercredi 18 juillet 2018, 20:19 par Tacatac

Il est temps que ces structures qui nous coutent une fortune et qui n'apportent aucune valeur ajoutée soient rayées de la carte pour faire place à de vrais professionnels du commerce, du développement,de la finance,de la comptabilité. Dernier exemple en date ,à mourir de rire ou de honte : des investisseurs chinois qui envisagent de créer une usine de fabrication de led à brienon sur armançon.
L'investissement des chinois = 10 000 €. Financement français demandées et recherchés = 4 M€. Le ridicule ne tue pas. Subventions régionales par emploi créés = plusieurs milliers d'euros par emplois potentiels créés par ces chinois. Qui sont morts de rire au passage. Le pire c'est que l'agence régionale économique y croit dur comme fer, du fait de son niveau d'incompétence pathétique et de sa déconnection avec certaines réalités basiques de terrain. Ces gens là mériteraient des sanctions lourdes pour faute professionnelle. Distribuer le pognon des autres [nos impôts] ils savent faire. En générer eux même,c'est plus dur : on ne leur a jamais appris !

5. Le mercredi 18 juillet 2018, 08:49 par bb

Grace à Macron sans doute et à sa réforme du code du travail qui à renforcé les droits des salariés l'an passé (sic), ce prospecteur à encore de beaux jours devant lui. Il a mis en évidence les limites de la prospection économique sur la région Île de France. Nos deux Présidents d'AUXERRE ET JOIGNY, ferait bien de méditer sur ces résultats avant de faire des embauches analogues à travers Yonne développement pour meubler, la zone d'Appoigny.

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