Mais que regardent-ils ... ? L'important est de regarder dans la même direction devant le club House de St Andrews, lieu spirituel du jeu et des règles, lieu de pélérinage une fois dans sa vie pour tout golfeur

 

 

L'Yonne est un département rural, assez pauvre, avait noté Thomas Jefferson dans son road book au 19 ème siècle. L'ancien président des États-Unis (1801 à 1809) le troisième, a traversé l'Yonne en train. Et il avait porté cette appréciation en observant le découpage et le morcellement des champs ainsi que les clochers de bourgades disséminées sur le territoire.

Le voyageur en Écosse sera surpris par un tas de choses, et plus il est surpris, plus il va de surprises en surprises. On laissera les paysages, lacs et mountains ainsi qu'Édimbourg la majestueuse ou Glasgow la moderne où se tissent les nouvelles tendances et pratiques dans les arts. On évitera le Loch Ness et les châteaux hantés y-compris celui de Poudlard d'autant que ce dernier et Harry Potter sont près de Londres dans les studios Harry Potter à Leavesden, sous forme de maquette magnifique et dans l'inconscient en ascenseur de son auteure J.K. Rowling.

On n'évoquera pas le whisky - il en existe autant que de ruisseaux, c'est la qualité de l'eau qui fait en bonne partie la qualité du whisky - non plus que la pêche à la mouche, à la truite et au saumon sauvage, ni les ambiances chaleureuses des pubs et autres inns. On ne vous parlera pas de ce pays où on peut circuler gratuitement partout dans le pays en transports collectifs, dès l'âge de la retraite. Et où l'accès aux Universités y-compris les célèbres, est gratuit, sauf pour les Anglais.

 

Les bergers des links de bordure de mer

 

Le lien entre l'Yonne et l'Écosse le pays de Mary Stuart, est réel. Une garnison stationna à Appoigny et la bataille de Cravant vit nombre d'Écossais périr pour la bonne cause. Un épisode de la guerre de Cent Ans, qui eut lieu le 31 juillet 1423. Elle s'est terminée sur une victoire écrasante de l'armée bourguignonne et de ses alliés anglais sur l'armée franco-écossaise. Désastreuse défaite où les Écossais se firent tailler sur place. Guy Roux a une ascendance maternelle écossaise, les Lory à Appoigny.

Un autre lien fort est une forme de pauvreté au regard des critères érigés pour définir la richesse, vaste concept. Les parcelles de terres peu productives de l'Yonne sont comparables aux links écossais. Ces bandeaux pour ne pas dire lambeaux de terres entre mer et terre entre sable et terre. C'est sur ces surfaces hybrides peu exploitables, que les bergers en transhumance, se divertissaient en tapant avec leur bâton dans les petites pierres pour les faire rouler vers un objectif, un trou, une dépression dans le sol.

Le terme links est, aujourd'hui, utilisé pour nommer les parcours de golf se trouvant généralement en bordure de mer ou en zone dunaire et qui ont la particularité d'être plus ensablés et plus venteux. Cela leur confère fréquemment une difficulté supplémentaire, car l'herbe est souvent moins dense et moins touffue sur les fairways. Mais la grande girouette est le vent qui peut souffler à décorner un boeuf contraignant le joueur à sortir le driver à 70 mètres du green, là où un sandwedge de 60 ou 62 degrés eût suffi en temps ordinaire. Et puis le vent tourne et tourne sculptant le parcours à sa guise. Sur les links il faut apprendre l'approche de l'horizontalité en opposition avec la verticalité qui caractérise le golf moderne de cibles.

C'est dans ces conditions que fut inventé le golf dans le Comté de Fife. Les saintes écritures sont compilées au Royal Ancient de St Andrews, la Mecque mondiale. C'est ici, aujourd'hui encore, qu'est administrée une discipline consentie sur toute la surface du globe terrestre. Des millions de joueurs du monde entier réservent un an à l'avance un départ sur le mythique parcours Old Course de St Andrews, vestige du golf d'autrefois avec des trous dont la longueur est une invitation au birdie. Invitation seulement, car pour la lecture des greens et de la nature des fairways et autres rough herbus, c'est une science et un art.

 

Le liquid sun de Kingsbarns

 

Le lien qui nous concerne avec l'Écosse, est le voyage sous forme de virée de quatre Icaunais à l'automne 2012. Envol à Beauvais (dernier vol Ryanair à 22h15, 18,50 euros vers Glasgow ou Édimbourg). Voiture de location direction St-Andrews le long de la côte est, puis successivement, parcours de Carnoustie un peu au nord pas loin, St Andrew New course (à défaut d'avoir pu bénéficier d'un tirage au sort à 6 heures du matin pour jouer sur the Old Course) et enfin, at last but not least, Kingsbarns au sud à proximité, le parcours le plus récent, un vrai links qui peut rendre fou.

Nombre de golfeurs de l'Yonne qui vivent tapis discrètement allant de Chaource à Roncemay en passant par Clairis ou Tanlay voire Vaugouard et Augerville le futur camp de l'équipe américaine de Ryder Cup, sont allés en Écosse, les plus intrépides utilisant la formule du Bed and Breakfast pour sillonner un pays, une contrée truffée de parcours dont la plupart sont publics et jouables pour quelques pennys. Ici le golf est ce que la pétanque, le PMU et les bistrots sont à la France. C'est toute la différence.

Si la virée entre copains fut conviviale à souhait, il ne faut pas croire qu'ils allaient mollir face aux éléments et aux légendes. Pardi, le coq français, c'est pas rien ni une invention et il est bien implanté dans les egos. On allait voir ce qu'on allait voir, même si chacun aborda chaque parcours avec des manifestations presque suspectes d'humilité, ce qui est une forme d'orgueil puissant.

On ne révèlera pas ici le détail des cartes de score dont on peut douter qu'elles ont été conservées par les uns ou les autres.

On ne vous dira pas non plus les moments merveilleux passés ensemble, quatre hommes en maturité d'âge se promenant avec des coeurs d'adolescents dans les rues parfois mouillées de la petite cité de St Andrews au pied des vestiges d'une beauté de cathédrale. Ici le départ du trou numéro 1 vous est proposé au ras d'une rue. La Mecque du golf est un parcours public. Et il rapporte gros à la ville où les habitants ne payent pas d'impôt tant les recettes les couvrent. C'est une démocratie qui n'est pas un vain mot.

Mais on ne résiste pas à nous souvenir et à partager quelques grands moments.

Cet accueil incroyable à Kingsbarns au club house par le majordome digne de Sean Connery, maniant un humour à vous tordre en trois avant de réussir à vous extraire et vous hisser de ces fauteuils clubs dans lesquels il fait bon vivre et dans lesquels on se sent meilleur, allez savoir pourquoi. L'invitation obligatoire de passer par le practice - mais non requise ce jour - fut une proposition à sortir goûter sans délai le liquid sun, spécialité écossaise du coin. L'aller fut pluvieux pour mieux offir un retour ensoleillé. Comme par enchantement.

 

Une leçon d'eau, de vie

 

Et que dire de ce drive monumental de François Bourrelier sur le 11 au New Course de St Andrews ? 350 mètres au moins, avec une balle qui a ricoché et pris de la vitesse sur un links de marbre. Ce n'est pas tant la distance qui impressionna que la science et la stratégie déployée sans vantardise. Seul un sourire s'esquissa sur le coin des lèvres du grand homme.

Que dire encore de cette approche au 12 de Carnoustie de l'autre François, une approche très difficile de 90 mètres, par dessus le burn ou ruisseau qui protégeait le green en le ceinturant ? L'homme à la casquette yankee colla la balle au mât. Et basta enquilla sans hésiter face à l'ombre d'un doute.

Impossible de décrire en revanche le calvaire de Joël à Kingsbarns. Un de ces jours où, c'est comme ça, rien ne va. Vous avez beau tenter de repartir des bases, de vous appliquer, de diminuer vos objectifs de longueur, la balle ne veut rien entendre, elle va, fôlatrant, où bon lui semble, c'est-à-dire jamais là où vous pensez qu'elle devrait aller. Joël, à aucun moment ne se départit de ce sourire qui lui éclaire non seulement les dents mais aussi le regard et le visage. Une leçon de vie, une leçon d'homme vrai qui sait où il est, qui il est et ce qu'il fait. Les autres ne rigolaient pas car ce n'était guère mieux. Mais tant qu'il y a quelqu'un qui réussit plus mal que vous, ça peut aller.

Le dernier des quatre larrons en foire était obsédé par le trou 18 de Carnoustie. Le "Van de Velde" de triste mémoire. Car ce fut en juillet 1999, un vrai moment d'une grande tristesse sur ce trou abordé avec trois coups d'avance et promis au leader de ce tournoi du grand chelem, The Open. Les quatre firent comme ils purent jusqu'au fameux 18. Et là, la compétition fit rage dans les têtes en tempêtes. Les drives furent comme un feu d'artifice, un peu éclatés en étoiles. Le dernier larron réussit un bogey grâce à une approche roulée qui devait traverser tout le green en surplomb pour venir mourir près du trou saigné devant un bunker à faire fuir un braqueur de coffres-forts.

Vanitas vanitatis.

Écoutez bien La Callas en regardant le petit film reportage dans les rues de St Andrews, tout en bas de cette page. Si vous le souhaitez, bien sûr. Ceci n'est qu'une invitation.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

Observez bien ce stance et ce grip de François Bourrelier, ex handicap 6

 

L'eau, la pierre, le sable, une alchimie du monde terrestre

 

François Tiger, qui termina sa carrière à la présidence d'Euro RSCG et la débuta à Londres chez Ogilvy, grand écossais sur la scène mondiale de l'industrie publicitaire d'après-guerre, puis à New-York au board. Ici sur le parcours étincelant de Kingsbarns, à côté de St Andrews. Liquid sun garanti. Faut-il traduire ?

 

Le président du Comité de l'Yonne de Golf, François Bourrelier, sur le Swilken Bridge, pont mythique du parcours de golf de St Andrews, the Old Course. Carnoustie n'est pas loin au nord sur la côte

 

Gentleman Joël, le plus britannique des Gersois, la grande classe lorsque son jeu se détraque, ce qui est assez rare

 

This is Scotland

 

 Après les déboires de la journée, les boires et cigares du soir, offert par celui qui se considéra comme le perdant du jour. Beau joueur. Tous le furent

 

 

Oui, yes, Ladies' putting green

 

Les deux François dans une des nombreuses boutiques de St Andrews

 

Sir François Tiger

 

 

This is St Andrews

 

Après 7 doubles bogeys et 4 quadruples plus quelques croix, qui méritaient bien quatre pintes de lager

 

 

 Three men in a boat

 

 

 

Carnoustie, l'incroyable défaite de Jean Van de Velde en 99

 

Si vous voulez souffir, regardez cet incroyable finish calvaire

 

 

Carnoustie 1999 : la tragédie Van de Velde leader avec 3 coups d'avance au départ du 18 le 4 ème et dernier jour du British Open

 

 

 

 

 

St Andrews cathedral italian touch

 

La petite cité de charme flanquée sur la côté est non loin d'Edimbourg possède la troisième Université (vieille de 600 ans) de Grande-Bretagne après Oxford et Cambridge, les vestiges d'une cathédrale fantomatique et un château perché sur la falaise, parmi de nombreux monuments et les plages de sable

Un bastion de Pictes était probablement sur l'emplacement de St Andrews.

La ville de 15 000 habitants est considérée comme la maison du golf due à l’ancienneté et à la beauté de ses terrains de golf, mais aussi à la présence du Royal and Ancient Golf Club, fondé en 1754, qui possède l’autorité législative sur le monde du golf.