Ils arrivèrent chez nous, chassés par l'armée franquiste. Inconnus ou méconnus, une association les a sortis de l'ombre

 

Un programme varié avec des temps forts

 

 

Il y a 10 ans, le 18 octobre 2008, trois Icaunais, suivis par déjà plus de 150 personnes, créaient l'association Mémoire Histoire des Républicains Espagnols de l'Yonne (MHRE 89).

Fils de Républicains espagnols, Francis Romero, Ivan Larroy et Jean-Gilles Muñoz entendaient, outre rendre hommage et justice à leurs parents, réhabiliter une histoire méconnue, oubliée ou passée sous silence, quand elle n'est pas falsifiée.

Au cours de ces dix années, un travail colossal a été accompli au service de la mémoire et des familles des Républicains espagnols et notamment de ceux du département de l'Yonne.

Les multiples expositions et manifestations en attestent.

Avant d'explorer de nouvelles pistes, afin de voir comment poursuivre, développer et diversifier leur action, les responsables de l'association ont souhaité faire de cet anniversaire un événement d'ampleur qui s'étalera du 3 au 20 octobre 2018, à Auxerre.

 

 

 

DES MILLIERS DE REFUGIES ESPAGNOLS DANS L'YONNE

En Espagne, le 12 avril 1931, les Républicains remportent les élections municipales. Deux jours plus tard, la 2ème République Espagnole est proclamée et va mettre en oeuvre un programme social, sociétal et économique d'un modernisme impressionnant (le droit de vote et d'être élues pour les femmes, promulgué dès octobre 1931, constitue encore aujourd'hui un symbole fort de cette modernité).

La 2ème République sera mise à bas huit ans plus tard par Franco, auteur du coup d'Etat de juillet 1936 qui, soutenu par Hitler et Mussolini, gagnera la Guerre d'Espagne (1936-1939) face aux Républicains, avant d'imposer une dictature sanglante pendant près de 40 ans.
Ce sera l’exil (la Retirada) pour un demi-million d’Espagnols qui, fin janvier et début février 1939, traverseront les Pyrénées dans des conditions épouvantables. En France, rien n’est prêt pour les accueillir.

Les femmes et les enfants sont répartis dans des centres d’hébergement. Les hommes sont regroupés sur les plages du Roussillon et doivent affronter le froid, la faim, la maladie avant d’être internés dans différents camps répartis dans le sud de la
France.
Certains sont renvoyés en Espagne où la prison, la torture ou l'exécution les attendent. Beaucoup sont enrôlés dans les Compagnies de Travailleurs Étrangers, séparés de leurs familles, pour participer à l'effort de guerre de la France qui a déclaré la guerre à l'Allemagne; ou envoyés dans les régions, à disposition des préfets, pour effectuer les travaux agricoles ou en forêt. Plusieurs milliers ne survivront pas aux camps nazis où ils ont été déportés comme prisonniers apatrides.

Malgré ces conditions d’accueil misérables, les Républicains espagnols s’engageront massivement dans la Résistance et participeront activement à la
libération de la France.

Dans l'Yonne, en trois vagues, plus de 7500 Espagnols seront accueillis. Près de 1600 femmes et enfants dès février 1939 puis, à partir de septembre 1939, plusieurs milliers d'hommes des Compagnies de Travailleurs Etrangers. Deux ans plus tôt, en 1937, des petits basques avaient été accueillis dans le département. La guerre faisant rage au Pays Basque pilonné par l'aviation nazie d'Hitler, allié des forces franquistes, le gouvernement républicain autonome de la province, avait décidé d'exfiltrer par bateau des milliers d'enfants. 583 trouvèrent ainsi refuge dans l'Yonne.

Ces Républicains espagnols ont activement participé à la Résistance dans l'Yonne et à la libération de villes, dont Auxerre. Certains ont fait leur vie dans le département où leurs descendants sont nombreux.

 

 

 

 

 

 

 

Qui étaient ces soldats de la liberté ?

 

Le film de la commémoration du 24 Août 2018 en hommage aux combattants de "La Nueve".

Ce film a été réalisé par un Jovinien Richard Prost. 

Qui étaient ces soldats de la liberté?

Hommage aux Espagnols de la Nueve, organisé par l'association 24 août 1944, ce 24 août 2018, devant le jardin des combattants de la Nueve

 

 

 

 

La grand voyage de Jorge Sempruñ à Auxerre

 

La salle des tortures à l'hôpital psychiatrique d'Auxerre (DR)

 

Dans l'ancien hôpital psychiatrique à Auxerre. Feu le docteur Pierre Scherrer, personnage emblématique dont le nom est indéfectiblement associé à l'histoire de l'Hôpital psychiatrique d'Auxerre, a écrit deux livres sur l'objet de sa passion :  l'hôpital, ses malades, son équipe et le personnel qui l'aimait et le respectait. Le Dr Scherrer a préservé la salle des tortures en condamnant les portes afin que personne ne puisse modifier le plan de ce lieu d'histoire où furent martyrsés des hommes et des femmes. Pour qu'on n'oublie jamais... Le Dr Scherrer fut l'initiateur du Cine-club à Auxerre qui marchait fort dans les années 70-80. Il est par aileurs le père du couturier Jean-Louis Scherrer, décédé il y a peu

 

"Je fis recouvrir....pour masquer"

 

Le Dr Pierre Scherrer évoque précisément, page 37 de son livre "L'Hôpital Libéré Souvenirs d'un Psychiatre" , la cellule des tortures.

" La plaque de marbre qui portait cette inscription fut fixée sur la porte de la cellule où avaient été "interrogés" des résistants. La gestapo les amenait en effet de la prison, de l'autre côté de l'avenue et après ces "interrogatoires", les malheureux allaient laver les plaies de leur visage au petit lavabo qui se trouvait au bas de l'escalier venant de la galerie couverte qui longe le service des femmes. Au haut de l'escalier, les blessés allemands et leurs infirmières s'esclaffaient en voyant les "terroristes" châtiés.

"Plus tard lorsque le bâtiment fut réaménagé et destiné à être utilisé, je fis conserver cette cellule telle quelle en recouvrant porte et plaque d'une autre porte qui masquait tout.

"On n'ouvrait cette porte qu'exceptionnellement. Chaque année pour la Journée des Déportés, elle était ouverte et les survivants venaient pieusement en pélérinage devant cette cellule qui témoignait de leurs souffrances."