Jacques Apffel, 1987 (DR)

 

 

En arrivant à Auxerre, professeur d'EPS, Jacques Apffel y a créé la première équipe de rugby. C'était à l'ASSU, le sport scolaire de l'époque, devenu UNSS ensuite. Garçons mais aussi filles y jouaient avec des règles adaptées.

Il s'est investi en athlétisme au Stade Auxerrois, lui-même lançant le disque, et comme entraîneur. Il y a notamment entraîné un relais 4 x 800m masculin qui se qualifiait tous les ans pour les championnats de France, mais le point culminant de cette carrière, fut le titre de champion de France de son "poulain" Jean-Louis Benoit, sur 1 500m.

Ensuite, il a créé la section volley-ball du club Avenir de St-Georges-sur-Baulche.

Rapidement, les titres de champion de Bourgogne sont venus, dont une année où ils en ont obtenu six : cadets, juniors et seniors, en masculin et en féminine.

Il y a également eu plusieurs montées en nationale III, chez les garçons comme chez les filles.

Mais la philosophie du club, qu'on lui doit, était de ne pas sombrer dans une politique de recrutement à tout va qui aurait exclu les joueurs du cru.

En effet, la très grande majorité des joueurs seniors de St-Georges était formée au club. Fidèle à son engagement envers la jeunesse, c'est effectivement sur les jeunes que portait la priorité de la section. St-Georges était réputé comme club formateur.

Côté engagement syndical, Jacques Apffel a longtemps été dans l'équipe départementale du SNEP, syndicat des Prof d'EPS.

C'était un homme de gauche, humaniste, extrêmement rigoureux et honnête intellectuellement, ne supportant pas l'injustice, l'incompétence, la prétention. Il a toujours refusé les décorations et honneurs, parce qu'il ne faisait pas ça pour avoir une récompense.

 

 

 

Ceux qui ont connu Jacques se souviennent qu’à chaque fois, Il fallait écouter son poème à la noix.
Un hommage aujourd’hui, de la même façon,
C’est en alexandrins que nous le lui rendrons.

Ceux qui connaissaient Jacques, savent qu’une autre manie Faisait qu’il y glissait, parfois des traits d’esprit
Qu’on ne peut égaler, en tout cas j’en ai peur.
Pas de risque aujourd’hui, faut être à la hauteur !

 

C’est en trente à Toulouse que tout a commencé. Au pays du rugby, qu’encore il supportait,
Naît un petit garçon de Madame Monvoisin
Et d’un père militaire et polytechnicien.

De militaires ensuite, il n’y en a plus eu,
Et pour une grande école on aura attendu.
Comme si l’intelligence pouvait faire un grand bond Par dessus les années, de trois générations.

Une enfance qui ira de caserne en quartier,
De Toulouse, part à Douai et ensuite à Alger. Mais son père est rebelle, ne veut suivre Pétain Qui fera allégeance au sauvage de Berlin.

Le rebelle est puni, les voilà à Nancy
Et enfin Fontainebleau, où la suite s’écrit.
C’est là que, malgré tout, il passera son bac,
C’est en sport avant tout, qu’il s’avère être un crack.

Pour pouvoir toute sa vie, taquiner la baballe,
Il a choisi d’aller vivre à la capitale.
Mais pour suivre les cours, pousser ses aptitudes, S’occupera d’écoliers pour payer ses études.

Il a encore du temps, il débauche une athlète,
Et même à son javelot, il fait tourner la tête.
C’est la guerre d’Algérie, qui l’enverra à Auch.
Trente mois sous les drapeaux, pourtant déjà un mioche !

Là non plus c’est certain, n’était pas fainéant ;
Il en aura quatre autres dans les dix ans suivants. Trois premiers à Paris, les derniers à Auxerre, Leurs diplômes obtenus, ils avaient changé d’air.

Il arrive au lycée, nouveau prof d’EPS.
Il investit l’ASSU, devenu UNSS.
Activité nouvelle, il apporte le rugby.
On se roulait dans la boue et c’était le jeudi.

Son truc, c’était l’athlé, son club, Stade Auxerrois. Toujours, les dirigeants, il fallait qu’ils se voient. Au grand dam de madame, à l’heure du dîner,
On savait chaque soir, que débarquait René.

Il se trouva donc que, lui-même étant lanceur,
Tout naturellement, entraîna les... coureurs.
Nous traînait chaque année, au stade de Charlety,
Aux «
France » où s’employait, le relais et Jean-Louis.

Au club de St Georges, là où il habitait
Pas d’inactivité ! il créa le volley.
Joueur et puis dirigeant pendant plus de trente ans Où purent s’épanouir, les enfants et les grands

Comme à l’athlé avant, les résultats sont là :
Le nombre, la qualité, les filles comme les gars. Mais hélas à Saint Georges, déclenche des jalousies ; Comme on le dit : nul n’est prophète en son pays.

Et les années passant, il a su évoluer.
C’est la pétanque qui fut nouvelle activité. C’était jeu de vacances, ce fut sport du jeudi. La seule crainte devenait une météo pourrie.

Toujours homme de gauche, militant syndical, Il connut par lui-même les décisions brutales. Par l’inhumanité d’une administration,
Du lycée Jacques Amyot, il connut l’éviction.

Des années de collège et la retraite est là.
De croisière en voyage, souvent sur un Costa ! Emmènent à tour de rôle, tous les petits-enfants.
Et même une autre fois, c’est tous les descendants.

Pour le sport, les voyages, hélas la maladie
Au cumul des années, ajouta son débit.
Toute sa vie d’ailleurs, eut des pépins physiques : Genou dos, reins et cœur, dans une vie athlétique.

Une chose toutefois, qui le tint jusqu’au bout, Ce fut l’Île de Ré, tous les ans au mois d’août. La tente, la caravane, et puis le mobil-home
Un virus qu’il transmit à plusieurs de ses mômes

Au terrain GCU, c’était la référence.
Dans les cas litigieux, fallait son assistance ! Pendant cinquante-neuf ans, avec fidélité, Retrouvait sous les pins, tous les amis de Ré.

C’était surtout volley, pétanque et puis la pêche, Ça dure jusqu’à ce que la maladie l’empêche. De Jap I à Jap IV, en évitant la houle,
Où à pied, marée basse, à ramasser des moules.

Ah ! Ce premier bateau : JAP I, coquille de noix Qu’on amenait en voiture, arrimé sur le toit
Et maintenant JAP IV : un si puissant Zodiac Revenu si souvent, ramant, moteur en vrac.

C’est sûr, il y eut plus de rapalas perdus Que de bars papillotte, cuisant au barbecue. Cette mer tant aimée, tu y retourneras Puisque tu as choisi de demeurer là-bas.

Ceux qui le connaissaient, connaissaient l’humaniste. Un esprit cartésien, forcément légaliste, Discrètement attentif à ceux qui l’entouraient Bienveillant avec ceux, aussi, qu’il encadrait

Détestant l’injustice, tout comme l’incompétence. Mais discret, refusant, la moindre récompense, Surtout quand il savait, qu’elle n’était que le fruit Du choix d’un inutile, bouffi d’hypocrisie.

Ceux qui l’ont bien connu, l’appelait parfois Jacot. Monsieur APFFEL, bien sûr, quand c’était au boulot C’est Jacquouille la fripouille pour les plus insolents, Chéri pour Micheline, papa pour ses enfants.

À nous il restera, nos intimes souvenirs
À tous il restera, ce qu’il fit pour l’avenir
Chacun pense aujourd’hui à quelques anecdotes Heureuses pour supporter, cette dernière fausse note.

Mais aujourd’hui encore, la moitié de la ville,
Se rappelle de lui. Il est bien difficile
De décliner son nom, sans avoir l’impression
De n’être que fils de... Fièrement, nous l’assumons !