« Les personnes peintes sont des gens ordinaires dont les corps apparaissent sous la diffraction esthétique et mortelle de l’eau » B.Clarke (DR)

 

  

Dans la présentation de l’exposition des « Fantômes de la mer » devant l’institut français de Mauritanie Nouakchott le 22 avril 2016, on peut lire que le plasticien anglais Bruce Clarke est né de parents sud-africains.

Il explique les raisons et le sens de ces toiles peintes en grand format.

D’abord, il nous dit que c’est une exposition qui est sensée donner une certaine forme de visibilité aux disparus de la mer. Ce qu’il appelle les disparus de la mer, sont des gens qui essaient de traverser la méditerranée ou d’autres mers à la recherche d’une meilleure vie. Tout simplement, affirme Bruce Clarke, parce qu’ils vivent en "nage" dans leurs propres sociétés. Traduisez : ils rament.

Continuant son propos, il explique que malheureusement, même si jamais ils arrivent à traverser la méditerranée ou les mers, ils vont aussi vivre en "nage" (ramer) dans les pays occidentaux.

Et, l’essence de cette exposition, c’est de dire, quand même, que  ces gens qui vivent en "nage" s’en vont d’une manière anonyme. Par contre, ils ne représentent pas des cadavres, ils ne représentent pas des gens qui sont noyés.

Puis, dans la progression logique de sa narration, il énonce qu’ils peuvent représenter métaphoriquement cette mort presque certaine ou une sorte de mort à petit feu qui les attend dans les pays occidentaux.

Ce plasticien exprime avec une grande lucidité que le propos de l’exposition n’est pas une condamnation des gens ; les migrants qui essaient de traverser la méditerranée ne relève pas de quelque chose de moralisant, il n’y a aucune leçon à donner poursuit-il.

C’est tout simplement pour rendre visible, d’une certaine manière, des gens invisibles.

D’où, le nom de l’exposition : « Les fantômes de la mer »

Bruce Clarke pense qu’à partir du moment, et quand on se rend compte que ce sont des vrais êtres humains, qu’ils vivent avec des sentiments, des ambitions, avec des envies comme tout le monde, alors, il pense que lorsqu’on rend visible, qu’on souligne cet aspect humain de l’existence, on peut être dans le premier pas vers une acceptation de ce phénomène social de migration massive.

Dans le prolongement de sa réflexion, le peintre-photographe Bruce Clarke nous dit que malgré ce que l’on peut penser, c’est un phénomène social qui est là pour perdurer dans nos sociétés contemporaines à cause du décalage entre les sociétés du nord qui sont très riches et les sociétés du sud qui sont beaucoup plus pauvres.

Donc, d’une manière ou d’une autre, il faut qu’on intègre ça dans notre conscience collective et prendre des dispositions pour les accueillir dans les pays du nord, conclut-il

 

 

Merouan Mokaddem