Avec le coeur, la tête et les jambes le RCA fait tomber Courbevoie

La fiche

AUXERRE (Stade Pierre-Bouillot). Le RC Auxerrois bat Courbevoie, 17 à 3. M-T : 14-3.
Les points. RC Auxerrois : 2 essais, Preti (26e), Parma (35e) ; 2 transformations, Anglas (26e, 35e) ; 1 pénalité, Anglas (60e).
Courbevoie : 1 pénalité, Bajard (3e).

RCA.- Malchien, Bousseton, Lomsadze - Huré, G. Martin (cap) - Sciot, Sanchez, Preti - Anglas, Parma - Lowick, Dupinay, Bouhey, Billeux - Bourhano

Entrés en jeu : Slezak, Magnat, Cameron

Damien Huré, deuxième ligne et capitaine de la deuxième mi-temps, gueule noire comme ses camarades et contents (DR)

Voilà quinze jours face à Pithiviers, une échauffourée a vu tous les avants du pack, tous sans exception mettre le nez dans la bagarre spectaculaire mais pas bien méchante en toute fin de match, déjà scellé (27-14). Dimanche dernier, à Gretz Tournon Ozoir, le XV Auxerrois est allé chercher la victoire en toute fin de match en débordant son adversaire (21-25).

Dimanche après-midi sur le pré Pierre-Bouillot, les maillots Rouges à liserés verts ont tous mis le nez dedans.

Les condittions de jeu, froid, pluie, vent puissant soufflant dans la longueur vers Vaux, n'étaient pas évidentes promettant des ballons tombés glissant dans les pognes, des glissades dans la boue et des échappées en forme de combats volants ou de contrepieds meutriers.

Courbevoie se déchaîna d'entrée décidé à breaker et prendre l'ascendant, pour tuer dans l'oeuf toutes vélléités des locaux qu'ils avaient écharpés de 41 points au match l'aller.

Vivacité, vitesse, ballons servis après contact, grande largeur, axe profond, tout y était. Les Auxerrois appliqués et dominés, étaient dépassés, mais tenaient bons bien placés et organisés.

Deux éclairs

Puis soudain, tel l'éclair, le match bascula sur deux percées limpides et pénétrantes plein axe, de Lowyk qui perfora les rideaux adverses.

Ces percées de Monsieur cannes de feu qui font penser à celles d'un certain Tupinier ou du Fidjien Penny Waquairoban, eurent le don de soulager les défenseurs et les redresser, qui dès lors, le nez relevé, hissèrent leur niveau pour rivaliser vraiment. Ils sont devenus aussi vifs, réactifs et rapides que les talentueux joueurs de Courbevoie et ont même pris l'ascendant en les usant en mêlées et dans les regroupements, en occupant leur camp et en les refoulant dans leurs 22 mètres pour les faire souffrir et plier à cinq mètres de la terre promise.

Ainsi, avec méthode, les Auxerrois leur infligèrent deux essais de toute beauté dans la manière et surtout la conclusion. Méthode, lucidité, intelligence. Courbevoie n'avait jusque là encaissé que 4 essais depuis le début de la saison dont deux chez eux face à ... Auxerre. Aujourd'hui dimanche, ils sont repartis avec 2 nouveaux essais dans la musette, 6 au total dont 4 encaissés contre le RCA !

Ces chiffres ne constituent bien sûr qu'une indication mais ils situent le niveau de la performance collective des locaux.

Courbevoie avait certes ouvert le score sur une pénalité pas évidente à négocier, bien enquillée de la droite contre le vent. Un tir tendu horizontal.

Martin ne revient pas

À la mi-temps et 14 à 3 en faveur des locaux, personne n'était rassuré car Courbevoie allait bénéficier à son tour du vent puissant qui faisait parfois que les coups de pied de dégagement délivrés de son camp atterrissaient quasiment derrière le niveau du shoot, revenant en arrière en quelque sorte. Au point qu'on s'est demandé si un ballon ainsi dévissé n'aurait pas pu passer entre les perches pour le premier csc du rugby !

Et puis Martin le puissant déménageur, deuxième ligne, est rentré au vestiaire en boîtant. Effectivement il ne revint pas.

La deuxième mi-temps fut exceptionnelle de la part de cette équipe Verte et rouge, sur le pré plus rouge que verte. Tactiquement, les guerriers ont fait la loi en y ajoutant le coeur, un coeur gros comme ça et encore plus gros. Ils ont déroulé intelligemment leur méthode bien assimilée.

Courbevoie dégaina d'entrée comme en première période et accula les Auxerrois dans leurs 22 mètres les faisant reculer à cinq mètres. Le temps fort ne se concrétisa pas la défense locale se montrant intraitable, qui récupéra le cuir pour taper en touche sans chercher à envoyer loin car plus loin on frappait et plus le ballon dévissait méchamment.

La tête à l'envers

Puis, mètre après mètre, les gaillards repoussèrent leurs adversaires bleus et jaunes avant de finir noirs. Les Auxerrois en confiance les contraignirent au combat de gagne-terrain, sans jamais expédier en touche où ils ne pouvaient espérer gagner du terrain contre le vent puissant. Et c'est là que l'adversaire Courbevoie disjoncta pour se retrouver la tête à l'envers en tombant dans le corps-à-corps plutôt que de jouer leur jeu de mouvement qui peut à tout moment faire mouche.

Et là, sur leur pré où ils ont emmené les bleus et jaunes, les Auxerrois excellèrent et firent faire marche arrière aux parisiens des Hauts-de-Seine qui, de reculade en reculade, de 5 puis 10 puis 50 mètres et de contres au pied, s'enlisèrent, sombrèrent actant la supériorité du jour de leur adversaire, mais, ne renoncèrent jamais jusqu'au bout, même lorque la messe était dite et les carottes cuites, l'arbitre leur accordant un sursis de temps additionnel interminable, une rémission. Cruelle dans leurs 22. Il faut dire que comme par enchantement, le vent était tombé. Lui aussi. Rideau.

C'est debouts et fiers, que les XV de Courbevoie rentrèrent aux vestiaires. Ils avaient privé les Auxerrois d'un point de bonus offensif en réussissant désespérément à les empêcher d'aplatir une troisième fois en fin de match, et croyez bien, ce n'aurait pas été volé. N'est-il pas Mister George ? Tant vous fûtes monstreux, quel match avec vos seize coéquipiers.

Pierre-Jules GAYE

Le deuxième essai de toute beauté du RCA. Après un long temps fort dans les 22 de Courbevoie et avoir pilonné la ligne, Anglas au pied des perches extrait le ballon du pack et ajuste une longue passe tendue côté gauche qui libère son ouvreur Palma lequel perfore le dernier rideau pour aplatir (DR)