Version longue

 

 


Samedi et dimanche 26-27 janvier 2019, la colline éternelle (*) a accueilli la 75 ème Saint-Vincent tournante de Bourgogne.

Le défilé montant des quelques 100 confréries de Bourgogne dans les vignes, entre Saint-Père le pré Marguerite l'église  et la basilique de Vézelay fut entamé dans la nuit sombre au point du jour. Tableaux surréalistes parfois d'où s'échappait des notes de jazz.

Une armée de bénévoles (500) bien encadrés, une décoration remarquée toute en finesse et les animations diverses dont des restaurations multiples, ont marqué les esprits dans un univers terroir d'exception, qui oscille entre spiritualité et dureté du labeur et travail de la terre où le granit se mêle au calcaire.

Ici la terre est difficile à travailler, très difficile. Il faut l'apprivoiser. C'est délicat et long. Et cela requiert de se laisser appri-voiser par elle, jusqu'à découvrir un équilibre. Comme dans le passé, où les relations entre le peuple et les moines ne furent pas toujours harmonieuses loin s'en faut... (*)

Ces deux pôles se sont rejoints au travers du partage et de l'échange à la faveur du vin, du canon, qui bien plus qu'une légère ivresse, est avant tout, une amitié.

Vézelay accueille pour la première fois la grande Saint-Vincent tournante de Bourgogne et offre une vitrine rare aux milliers de visiteurs qui se sont engoufrés dans les petites rues qui montent et descendent de la basilique Sainte-Madeleine entourées de terrasses où on aperçoit au loin à 180 degrés le panorama des contreforts du Morvan composé de courbes et massifs sombres les forêts sacralisant le granit.

Il faut goûter le chardonnay du vézelien.

La confrérie des quatre coteaux - Asquins, Saint-Père, Tharoiseau et Vézelay -  procèdera, dimanche, à d'autres intronisations.

 

 

P-J. G.

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(*) Questions à l'historien Didier Vincendon : est-il vrai ou avéré que les moines ont tenu le petit peuple vézelien dans l’asservissement ?

À propos de la violence à Vezelay : l'abbé Arthaud qui initia le projet de construction de la nef mourut assassiné lors du soulèvement communal de 1096... Un abbé "vénérable" mais pas "vénéré " !

Oui les abbés de Vezelay possédaient une seigneurie qui comme toute seigneurie était là pour "rapporter" tant par les impôts que le travail...
Relire à ce sujet l'état de l'élection (54 paroisses) de Vezelay décrit par Vauban :

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Description_géographique_de_l%27élection_de_Vézelay

De plus l'abbaye ayant une volonté forte d'expansion imposait aux habitants de loger "gratuitement" les invités...
C'est l'une des raisons du soulèvement communal, l'un des premiers de France au XIe siècle (cf à partir de la page 8)

https://dipot.ulb.ac.be/dspace/bitstream/2013/102028/1/09%20Beyer%20de%20Ryke%20Topographie%20du%20sacre.pdf

Quant aux massacres qui eurent lieu, il s'agit vraisemblablement des Guerres de religion car Vezelay fut une place forte du protestantisme : Théodore de Bèze qui est figuré au célèbre Mur des Protestants à Genève.

L'historien Didier Vincendon serait enclin à penser que la vente comme biens nationaux des propriétés et terres de l'abbaye ont cautionné cette mentalité rurale "rouge" (anticléricale, petits propriétaires) que Pascale Fautrier décrit si bien dans son livre "Les Rouges". 
Et surtout Vezelay dont les devises "Du plus haut ou de personne" ou "Qui s'y frotte s'y pique" (et l'héraldique du porc-épic) témoignent de l'indépendance politique voulue par le fondateur, Girard de Roussillon qui plaçant ses possessions sous l'autorité papale, les mettait lui qui appartenait à la mouvance impériale, à l'abri des pouvoirs féodaux tant des francs (roi de France, Ducs de Bourgogne, Comtés de Nevers) qu'ecclésiastiques (abbé de Cluny ou évêque d'Auxerre).
C'est une extraordinaire aventure politique...

 

 

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Authentique et profondément ancré

 

(*) Le site du Vézélien comprend la colline de Vézelay et l’ensemble du paysage qui s’étend à son pourtour et sert d’écrin et de présen- toir à la basilique, hors zones urbanisées et parcelles destinées à l'extension des villages. Le site, structuré par la vallée de la Cure quie partage presque symétriquement du Nord au Sud, se présente comme un paysage rural, agricole et forestier, avec une morphologie et un couvert végétal très varié.

On rencontre successivement, au nord, des buttes témoins couronnées de forêts de feuillus, au centre, des versants cultivés ou occupés par des prairies bocagères, à l’ouest une côte où alternent buttes témoins, dont la colline de Vézelay, et vallons transversaux, à l’est la butte de Tharoiseau, couverte de vignes et de vergers et enfin, plus au sud, une alternance de prairies, de parcelles cultivées et de boisements de feuillus.

La vallée de la Cure et ses coteaux présentent un très grand intérêt géomorphologique et biologique, avec en particulier des espèces floristiques et animales rares.

Des forêts d'essences variées, des prairies humides, des pelouses calcaires à orchidées, des rochers, falaises et grottes. Murets et meurgers, vignes, prairies, haies, champs et bois se succèdent dans une grande harmonie et l'enchaînement des collines préfigure le Morvan et ses escarpements.

Le Canal du Nivernais et l'Yonne à Châtel-Censoir, le Cousin à Pontaubert au pied d'Avallon, la Cure qui descendant du Morvan forme cette vallée au pied de Vézelay, sont autant de cours d'eau qui nourrissent cette terre aux portes du Morvan.

 

 


Un mur de photos des premiers bénévoles sur les remparts restaurés de Vézelay (DR)

 

 

Les intronisés samedi

 

Les personnes intronisées par Vincent Barbier, grand maître de la confrérie, samedi matin, sur le podium élevé à cette occasion à côté de la basilique, sont le préfet de l’Yonne, Patrice Latron ;

Matthieu Woillez, président du syndicat des vignerons du Vézelien ; 

Hubert Barbieux, maire de Vézelay ; 

Henri Garnier, le plus ancien vigneron du secteur ; 

Maurice Parisse, un des fondateurs du GFA (Groupement forestier agricole), acteur de la renaissance du ignoble ; 

Alain Moiron, président de la confrérie des quatre coteaux ;

Marc Meneau, déjà chevalier, a été fait officier commandeur de la confrérie du Tastevin.

Ils rejoignent les 12.500 autres membres intronisés par la confrérie et répartis dans le monde entier.

Mais tous les Vézeliens et les visiteurs venus d'Europe, ont été intronisés, naturellement, par la beauté des lieux austères, par le kit dégustation attaché autour du cou pour ne pas égarer le verre précieux  réceptacle des liquides dorés ainsi que des 7 tickets donnant droit à des dégustation flèchées dans les 10 caveaux prévus à cet effet.

Il est déjà loin le temps où les dégustations étaient illimitées.