L'abbatiale n'est pas à vendre : l'édifice appartient à la commune de Pontigny (Ph PJG)

 

Ce sont les deux dossiers retenus parmi d’autres qui ne répondaient pas au cahier des charges.

Bien qu’elle ne soit aucunement contrainte par une quelconque obligation de publicité et de mise en concurrence, la Région BFC avait décidé de lancer un appel à manifestation d’intérêt, au printemps 2019, et de mettre ainsi en compétition plusieurs acquéreurs potentiels (« les candidats »), et ce dans l’objectif que la vente se fasse au meilleur prix et qu’elle porte le projet le plus satisfaisant pour l’intérêt régional.

 

Le prix n’est donc pas fixé. Le chiffre avancé de 1,8 million d’euros est une estimation des Domaines. Il peut donc y avoir surenchère.

Quant aux projets, on ne les connaît pas en détail. Il faudra attendre le choix de la commission ad hoc du conseil régional et la communication qui sera faite sur le sujet pour justifier ce choix.

 

La promesse unilatérale d’achat devra être signée dans un délai d’un mois à compter de la décision désignant le lauréat, sauf accord différent entre la Région et le lauréat. Dans un délai de huit (8) jours à compter de la signature de la promesse d’achat, la Région informera les candidats qui n’ont pas été désignés comme lauréat que leur proposition d’acquisition n’a pas été retenue.

 

Une fois la promesse unilatérale d’achat signée, puis une fois l’éventuelle ou les éventuelles conditions suspensives levées, la proposition d’attribution en vue de la cession sera présentée à l’assemblée délibérante afin d’autoriser Mme la Présidente de région de signer l’acte authentique constatant la vente de l’immeuble. (cfr dossier de consultation d'appel à manifestation d'intérêt)

 

Rappelons que la Région Bourgogne-Franche-Comté alors présidée par Jean-Pierre Soisson, a acquis, en 2003, le domaine de l’abbaye de Pontigny (« l’ensemble immobilier ») appartenant au conseil départemental de l'Yonne, adossé à l’Abbaye du même nom.

Le 18 juin 2019, la région, aujourd'hui présidée par Marie-GuÏte Dufay, décide de se séparer des 9 hectares de terrain et 6 000 m2 de bâtiments composant le  domaine, adossé à l'abbaye de Pontigny.

 

17 ans sans projet

 

La Région souhaite céder l’ensemble immobilier à un acquéreur pour qu’il y réalise le projet pour lequel il aura été sélectionné, projet qu’il aura librement façonné, dans le seul respect des normes législatives et réglementaires. 

Depuis 2003, la collectivité régionale (les contribuables) supporte les coûts de fonctionnement de l’ensemble immobilier qui s’élèvent, en gros, entre 200 et 300 000 euros par an. Au fil des ans, plusieurs projets d’ordre divers ont tous avorté soit qu’ils ont rencontré une opposition locale soit qu’ils n’étaient pas jugés pertinents et fiables. Le Département de l’Yonne aurait pu s’investir mais a choisi de ne pas le faire en dépit d’un projet local avancé qui semblait tenir la route.

 

La Fraternité sacerdotale Saint-Pierre abrégée en FSSP (Fraternitas Sacerdotalis Sancti Petri en latin) est une société de vie apostolique catholique traditionaliste de prêtres et de séminaristes en communion avec le Saint-Siège. Elle a été fondée en 1988 par Josef Bisig et plusieurs anciens membres de la Fraternité sacerdotale de Pie-X qui ont refusé une situation pouvant être perçue comme schismatique de celle-ci, provoquée par des consécrations illicites.

La Fraternité sacerdotale Saint-Pierre a été fondée le 18 juillet 1988 en l'abbaye de Hauterive en Suisse par une douzaine de prêtres et de séminaristes, anciens membres de la Fraternité sacerdotale de Pie-X.

La Fraternité sacerdotale Saint-Pierre est implantée dans 142 diocèses dans plus de 20 pays. En date de novembre 2019, elle compte 320 prêtres, dont 300 sont incardinés (sacrement de l’ordre) et 162 séminaristes. C’est une structure solide, qui dispose de moyens financiers importants, gérés de manière professionnelle comme un holding, adossée au puissant Vatican.

 

La Fondation d’utilité publique François Schneider, sous l’impulsion de son fondateur, né à Joigny dans l’Yonne, œuvre, de façon autonome, à l’éclosion de talents à travers deux programmes distincts.


- Les bourses d’études supérieures en faveur des jeunes issus de milieu modeste de l’Yonne et du Haut-Rhin – départements auxquels François Schneider est attaché par ses origines – pour leur permettre grâce à des bourses d’études d’accéder à l’enseignement supérieur. Les bourses allouées sont comprises entre 500 et 5 000 €. Le budget distribué, chaque année, par la Fondation François Schneider atteint en moyenne 200 000 euros.

- Le concours “Talents Contemporains” : chaque année le concours « Talents Contemporains » invite des artistes de toute nationalité et de toute discipline à proposer des œuvres ou des projets sur le thème de l’eau. Les travaux des lauréats du concours sont ensuite exposés au Centre d’Art Contemporain (au pied des Vosges à Wattwiller) de la Fondation François Schneider propose toute l’année des expositions et une programmation culturelle consacrées au thème de l’eau. Conçu autour de la lumière et de la transparence, le bâtiment comprend trois salles d’exposition. Un jardin de sculptures vient compléter l’ensemble.

Une collection d’art unique autour de l’eau s’est ainsi constituée au fil des années. Plus de quarante pièces sont actuellement réunies : dessins, peintures, sculptures, vidéos, photos ou encore installations.
Les artistes explorent le sujet de l’eau à travers de nombreux aspects (scientifique, politique, écologique, philosophique) et les propositions originales de chacun témoignent de la diversité des pratiques du 21e siècle. Des résidences d’artistes viennent compléter ce dispositif de soutien à la création.

 

Un projet économique et un projet religieux 

 

D’un côté une candidature qui s’inscrit dans une cohérence religieuse non négligeable, même si cela pourrait poser un problème de cohabitation avec la Mission de France dont l’évêque de Pontigny est l’archevêque de Sens-Auxerre, une Mission qui peine faute de fidèles et n’ordonne que peu de prêtres, bon an mal an. Si les pères cisterciens fondateurs n’existent plus, la Fraternité traditionaliste qui s’installerait dans les murs du Domaine de Pontigny trouverait-elle grâce en terre d’Yonne, profondément janséniste ? Pour le reste, nous n’avons pas connaissance de projet autre que l’occupation des bâtiments et l’ordination de prêtres dans le cadre d'une  société de vie apostolique catholique traditionaliste de prêtres et de séminaristes en communion avec le Saint-Siège.

 

De l’autre, une candidature fondée sur un projet économique certes ambitieux et qui demande à être détaillé et mis sur pied, ce qui prendra un certain temps. Productions locales, ventes de divers produits de la terre siglés Pontigny, hôtel-restaurant monacal ; l’objectif annoncé est d’attirer un large public autour de centres d'intérêts divers, tant économiques et touristiques qu'artistiques et culturels, parmi lesquels un « musée » (ou centre d'interprétation) qui permettrait de voir et comprendre le long passé cistercien et son rayonnement européen, mais également cette plus récente période de 1910 à 1939, celle des Décades de Pontigny, créées par Paul Desjardins. La dimension écologique définie dans le thème directeur, « la terre nourricière, la terre des hommes », s’inscrit dans la déclinaison des quatre éléments voulue par le fondateur. Le savoir-faire de ce dernier, capable de lever des fonds importants et de créer des entreprises ou d’en racheter, ce qu’il a fait tout au long de sa vie, n’est pas à démontrer.

 

Un véritable avenir ?

 

C’est peut-être la raison pour laquelle, François Schneider semble avoir acquis à sa cause, la municipalité de Pontigny pour qui le projet économique constituerait une jouvence créatrice  d’emplois et d’activité ainsi que la très vénérable association des Amis de Pontigny qui veille,  comme les différentes associations qui se consacrent à défendre et illustrer cet héritage, le patrimoine « Bien des pères », héritage commun.

 

Pontigny va-t-il enfin bénéficier d'un nouveau développement, à la mesure de la grandeur de son passé, de la beauté de son héritage et de l'opportunité qui est offerte de lui construire un véritable avenir ?

Les projets de la Fondation Schneider sembleraient permettre la mise en évidence d'une valeur française : à côté de l'exemple d'une réalisation séculaire du monachisme chrétien, l'affirmation autour de Paul Desjardins, d'un humanisme laïc à dimension européenne.

 

                                                                  Pierre-Jules GAYE

 

 

 

La Fraternité Saint-Pierre est une société de vie apostolique catholique traditionaliste de prêtres et de séminaristes en communion avec le Saint-Siège. Elle est basée en Suisse. Les messes sont dites en latin (DR)

 

 

Micheline Durand, présidente de l'association des Amis de Pontigny et l'autre candidat repreneur le Jovinien François Schneider, dans l'abbatiale au mois de février 2020 (Ph PJG)