PATRIMOINE
Le Département sauve un édifice d'exception sur les Hauts d'Auxerre et investit
le samedi 01 avril 2017, 13:31 - PATRIMOINE - Lien permanent
Le conseil départemental de l'Yonne finance la réhabilitation du "89" l'ancien Crédit agricole boulevard de la Marne, monument d'architecture insigne, sur fonds propres : 3,6 millions d'euros sur trois ans. Et réussit à optimiser les moyens immobiliers du CD 89 à l'échelle du bassin auxerrois par le cession d'immeubles et le regroupement du personnel départemental à Perrigny et au "89"
Le "89", une oeuvre d'art construite entre 1968 et 1970 conçue par le cabinet parisien Andrault et Parat (Photo Pierre Joly et Véra Cardot - 1970)
250 salariés du conseil départemental vont occuper les locaux sur trois niveaux. Depuis jeudi, le personnel du service de gestion des finances ont emmenagé et sont encore au milieu des cartons dans des bureaux lumineux et fonctionnels qu'ils disent appprécier (DR)
On l'a sous les yeux au quotidien.
On passe devant ou derrière sans prêter attention. Et pourtant on ne le remarque pas vraiment. Il est entré dans le paysage urbain des Hauts d'Auxerre. Banalisé. Démonétisé. Abandonné. Par le Crédit Agricole de l'Yonne. La banque verte qui en ces lieux fit le krach bancaire le plus gros de l'hexagone, avant celui du Lyonnais : 1 milliard et demi volatilisés. Le système de solidarité inter-caisses régionales permit d'éviter la liquidation.
C'était au début des années 90 du temps où Henri Nallet était député maire de Tonnerre et où Patrice Bourbier était à la barre. Le directeur général de la Caisse du Crédit agricole de l'Yonne jusqu'en 1993, a investi dans la banque-industrie et la promotion immobilière en France et en Espagne.
Un maître et un fin stratège, jamais condamné qui a fait gagner de l'argent au territoire et à des industriels dont un Jovinien qui prit possession du premier groupe mondial de marquage des bêtes, le Néo-Zélandais All Flex grâce à une offre publique d'achat inconditionnelle. À un moment, l'équilibre entre bonnes et mauvaises affaires, s'est rompu et ce fut la fuite en avant dans le gouffre financier au nez et à la barbe des administrateurs paysans de l'Yonne. Qui ne pouvaient comprendre goutte aux comptes éparpillés entre maison mère et filiales multiples.
Gouffre ? À l'image de l'édifice qui abritait le siège social de la banque verte de l'Yonne. Construit en 1970. Un bâtiment futuriste conçu par le cabinet parisien Andrault et Parat dont Roland Jehl, architecte à Auxerre (il roule aujourd'hui à vélo en ville) était collaborateur et chargé, entre 1968 et 1970 d'en réaliser l'exécution.
Gouffre pourquoi ? En 1970 il n'y avait aucune isolation de prévue dans les plans. C'était avant le premier choc pétrolier. Gouffre financier en termes d'énergie. Roland Jehl soi-même, l'architecte constructeur, a qualifié l'édifice construit entre 1968 et 1970 d'épave thermique dont le prix de vente devrait être de l'ordre de l'euro symbolique.
Le Crédit Agricole a réussi à céder la-dite épave au département de l'Yonne alors présidé par Henri de Raincourt en 2007 où la promesse de vente fut signée. Avec comme argument un gros chantage : si vous n'achetez pas, on s'en va dans l'Aube où on fusionne avec la caisse régionale champenoise. Dijon ne voulait pas d'Auxerre encore marquée par les remugles du krach. Le président du département réussit à négocier et le Crédit Agricole a construit ... en face un édifice du même type mais beaucoup plus petit, moins artistique et comprenant plusieurs entrées. Au 89, une seule entrée dans ce temple.
Le prix pour le département donc la collectivité ? 5,5 millions d'euros, négociés finalement à hauteur de 4,7 millions d'euros par H2R.
Le "89" figure de proue du département
L'acte de vente fut signé en 2009 sous la présidence de Jean-Marie Rolland. Découvrant après son élection en 2011, le niveau d'endettement de CD 89 (il a doublé de 2007 à 2011 passant de 128 millions d'euros à 250 millions d'euros) et les transactions, André Villiers le nouveau président, prit ses distances. Il décida avec l'assentiment de l'assemblée départementale de poursuivre le Crédit agricole en justice pour vice dans le contrat de vente. Le document diagnostic amiante obligatoire ne figurait pas dans le dossier de l'acte de vente notarié signé le 22 juillet 2009. Imbroglio. Puis finalement des années plus tard, compromis sans aller en justice. Divers éléments seraient entrés en ligne de compte, notamment le collège de Noyers-sur-Serein.
Bottom line, conclusion en une phrase, comme disent les Américains : aujourd'hui le département de l'Yonne a décidé de réhabiliter l'immeuble en éliminant l'amiante passive à tous les étages. Depuis quatre ans, le rez-de-chaussée est occupé par diverses associations sportives, les deux étages demeurant abandonnés, et pour cause.
Les travaux sur le premier des trois plots (bâtiments), ont débuté l'année dernière. Soit 1 200 000 euros TTC par plot, et au total 3 600 000 millions d'euros TTC. Outre la mise en sécurité, aux normes de la mobilité pour personnes handicapées et le désamiantage, ces travaux permettent d'envisager des économies conséquentes en matière de dépenses de chauffage.
Chaque plot représente 282 m2 soit 2 538 m2 au total dans les deux étages du "89".
Actuellement, la consommation moyenne du bâtiment est de l'ordre de 700 000 kWh/an en électricité et de 1 600 000 kWh/an en consommation de gaz.
Et c'est ici que le conseil départemental de l'Yonne réalise un coup de génie par un retournement de concepts. Non seulement, il réhabilite, restaure et rend la vie à un édifice d'exception dont le dossier est à l'Unesco, mais il a mis en oeuvre les technologies nouvelles pour en faire un bâtiment non pas basse énergie mais producteur d'électricité destinée à alimenter plusieurs quartiers d'Auxerre.
Le sous-sol du bâtiment, immense, autrefois dédié partiellement aux coffres-forts de la banque verte, va recevoir les machines utiles à cette fin. L'idée est que les parties vitrées de l'immeuble transparent qui offre des vues incroyables sur la ville d'Auxerre et la campagne environnante, soient équipées de bandes fines presqu'invisibles, qui captent la chaleur et l'envoient vers le sous-sol pour être stockée et convertie en énergie utile consommable.
À terme, l'immeuble phare, étendard, du conseil départemental de l'Yonne, figure de proue surplombant la cité d'Auxerre, ne coûtera rien en énergie. Mieux, l'immeuble vraie centrale à production d'énergie, rapportera à la collectivité par la rétrocession de production d'électricité à EDF. (Poisson d'avril)
Pierre-Jules GAYE
La caméra d'AUXERRE TV à la conférence de presse au premier étage du "89". De gauche à droite, Christophe Lemeux membre du cabinet du président, Isabelle Joachina conseillère départementale d'Auxerre 3, Christophe Bonnefond son binôme, vice-président en charge des infrastructures et des travaux, Patrick Gendraud, 1er vice-président, André Villiers, président du CD 89, Sylvain Seigneur directeur général adjoint en charge du domaine technique et Didier Lavaud, directeur du service bâtiments (DR)
Vue sur la cathédrale au travers d'une vitre encore sale (DR)
La réorganisation du patrimoine bâti du conseil départemental implique deux sites majeurs qui regrouperont tous les salariés travaillant pour le département : au "89" et rue du IVème RI sur l'ancien site d'IDEA. L'immeuble et le parking de la rue de l'Étang-Vigile sont mis en vente ainsi que notamment l'immeuble et le terrain de l'ancienne École normale des filles rue Pasteur (DR)
Christophe Bonnefond, Patrick Gendraud et André Villiers (de gauche à droite) DR
De l'espace, de la lumière et une vue magnifique par dessus Auxerre (DR)
Commentaires
Dans l'ensemble c'est un compromis satisfaisant; les nouvelles normes du batiment sont onereuses de toute facon, et l'immeuble etait assez remarquable pour etre conserve. Donc,c'est une sage decision.
Quelqu'un peut il signaler à la dame assise sur le bout de sa chaise ( à droite sur la photo )que ce n'est pas une bonne position ( c'est même une très mauvaise position ) et qu'elle risque de nous couter des arrêts de travail à répétition et quand on sait que les fonctionnaires n'ont pas de jours de carence ....
sans compter les risques musculo squelettiques for couteux en frais de santé
merci pour nos finances
Encore un beau succès (ah ah ah !) pour notre cher (très cher même !) "président" du département. Le 89 est l'avant dernier département de France en terme de gestion... ne vous demandez pas pourquoi !
Le 89 est un bâtiment bourré d'amiante dont le crédit agricole a cherché depuis longtemps à se débarrasser pour éviter les coûts exorbitants liés à la dépollution.
Un certain nombre d'architectes consultés ont même préconisé une destruction totale du bâtiment..On peut s'inquiéter pour la santé des personnels sachant désormais que la moindre poussière d'amiante peut provoquer un cancer dans les 20 ou 30 années après l'inhalation.Bonne affaire pour qui ?
un héritage maudit grace à De raincourt .....tellement honnete qu'il est mis en examen !!!!
C'est IMMONDE
Villiers ferme un collège, bousille Domanys, fait du mal encore à nos enfants via le conservatoire et j'en passe... Puis il rénove "ça", cette horreur, au détriment de nos enfants ? C'est abject il nous a habitué au pire mais on touche le fond
L’habileté des hommes politiques est souvent de faire un coup d’éclat sur un dossier pour le moins « merdique ». Sur ce point Guy BOURRAS dénonce avec raison les conditions « curieuses » de l’acquisition du 89 sous la houlette de Henri de RAINCOURT.
Mais le vin étant tiré, il faut le boire et André VILLIERS utilise habilement ce dossier pour faire sa communication sur fond de campagne Législative.
Bon tout cela est assez clair, mais comme d’habitude ce n’est pas l’intérêt des icaunais qui est au premier plan mais le carriérisme politique, véritable cancer de notre vie publique.
Ha! Le voilà , nous l'avions, c'est là le cabinet noir que Nicolas Fillon accompagné d'André Baroin, recherchaient . C'est ici que jean marie Estrosi, avec Charles Juppe, accompagné de FLorian Cioti, ont organisé avec le laveur de carreaux l'autre Nicolas L'arrivé en secret la campagne pour l'élection présidentielle. Ce fut l'échec annoncé du célèbre François L'habillé, lui qui avait lavé plus blanc que blanc dans son mandat de premier serviteur du bon roi L'agité. Fût élu le jeune premier du renouvellement national, celui du vrai rassemblement républicain....déviner ?
l'histoire du 89 : j'en avais fait une version en "alexandrins" :
http://www.guybourras.com/89alex.ht...
je vais pouvoir faire une suite !
Ne pas oser dire ,dans cet excellent article pourtant, que le prix de 4.7M pour ce bâtiment obsolète quant à son isolation et son amiante, offert au Crédit Agricole par le hobereau De Raincourt,mis en examen depuis le 15 décembre pour détournement de fonds publics au Sénat, avec l'argent public me laisse pantois!
Pourquoi P J Gaye ne s'est-il pas posé la question de savoir, si au lieu de garder le C.A.de l'Yonne en Bourgogne,il n'aurait pas été plus préférable de construire un bâtiment avec ces 6M(4.7M+1.3M aujourd'hui pour réhabiliter) pour regrouper ce C.G. éparpillé en de multiples lieux ,avec toutes les normes énergétiques maximales ,comme l'a fait ,bien sûr après ce cadeau, le C.A..?
Cette somme dilapidée,même si le bâtiment peut être classé, est la preuve de la mauvaise gestion des Présidents du Conseil Général devenu Départemental.La tractation obtenue pour x euros par Villiers ,qui n'est pas allé au bout de sa démarche pour obtenir réparation de cette vente pas nette,montre le niveau de collusion entre le pouvoir financier local et régional et l'exécutif des collectivités territoriales.Le collège de Noyers construit avec le PPP ou partenariat public privé était le seul moyen pour De Raincourt et Roland de le faire.Il va coûter malheureusement une fortune aux contribuables,comme tous les PPP ! Puisse à l'avenir que la transparence et l'engagement des citoyens à lutter contre la corruption soit plus forte...sinon nos finances resteront dans le rouge,avec son lot d'actions non faites avec ses élus qui perçoivent des "contreparties" illégales le plus souvent(argent, emplois de proches,travaux à domicile, etc...)! La construction d'un futur collège dans le Nord du département mérite bien sûr une attention particulière... de tous...
C'est bien de donner la chronologie et le contexte de l'édifice......Mais au fait , il est à nous tous, c'est bien avec notre argent que le département en a fait la "mauvaise acquisition" bigre...! A entendre les spécialistes , il est à eux, ils en disposerons avec un confort qui sera certainement bien au delà de la pauvreté économique et sociale du département... bon ! cela fera encore une fois une dépense après la première qu'il faudra assumer mes chers contribuables....Une maison de retraite, aurait trouvé ce lieux exceptionnel partagé avec une crèche et peut-être d'autres usages collectifs à caractère associatif ou de santé... Qui a décidé de cette opération...des noms bien sur !!!
Monsieur Villiers, capitaine abandonné dans son immeuble vermoulu... quelle image ! C'est le CD ou "Groland" ?
COUP DE GENIE, l'ardoise est salée.......
Mais quel coup de maître aussi ! Sauver ce bel édifice, le débarrasser de son danger latent, l'amiante, et lui faire produire de l'électricité! L'ancien et l'avant-garde! Bref... la lumière fut! Et sera...
C'est plutôt un sacré coup de jeune. Car ce projet est remarquable et il faut le saluer.
André V. a pris un sérieux coup de vieux. Et son bilan, n'en parlons pas... C'est à pleurer.