La Maison de l'Arquebuse, monument historique classé en 1947 (DR)

 

Guy Férez se souviendra de la réunion du conseil de quartier du centre ville, lundi soir, à l'abbaye saint-Germain. Il a annoncé qu'il avait reçu une lettre du préfet de l'Yonne avec l'accord des Bâtiments de France sur le projet d'aménagement de la place de l'Arquebuse. Cette question avait été posée à la suite de la présentation du projet sans avoir véritablement reçu une réponse claire.

Pourquoi l'accord de l'achitecte des Bâtiments de France ? Parce que la maison de l'Arquebuse est un monument classé et que la compétence de la direction des Bâtiments de France comporte, entre autres, la gestion des espaces protégés aux abords des monuments historiques et les secteurs sauvegardés.

Lors du conseil municipal du 20 décembre 2012 (voir l'intégrale en video sur AUXERRETV), la question avait été posée. Le maire avait hésité et Jean-Paul Rousseau, adjoint aux travaux, avait répondu oui. Sur quoi le maire avait enchaîné en disant : "Je vais peut-être vous surprendre mais l'architecte voulait qu'on monte plus haut... Il a aussi reconnu la cohérence du projet. Voilà la réalité".

Aussi quelle ne fut pas la surprise générale dans la salle pleine à craquer de l'abbaye saint-Germain, lundi soir, lorsqu'après que le maire eut affirmé, avoir reçu une lettre du préfet avec l'accord des Bâtiments de France, Nicole Nouaille, présidente de l'association "Sauvegarde et avenir d'Auxerre", du fond de la salle, s'inscivit en faux contre cette affirmation.

"Ça tombe bien, Monsieur le maire car je sors des Bâtiments de France où j'ai rencontré le directeur qui m'a affirmé qu'il n'y avait pas d'accord des Bâtiments de France, malgré les propos tenus par le maire lors du conseil municipal du 20 décembre. Il m'a autorisée à faire part de ses propos en public. En outre, il a ajouté que les Bâtiments de France ont demandé qu'on leur communique l'étude patrimoniale et d'urbanisme ainsi que l'étude de marché, mais il n'a toujours pas eu de réponse...". (voir l'intégrale du débat en video sur AUXERRETV)

 

Démocratie et rouages démocratiques

 

Guy Férez, a indiqué que la commission des sites avait donné son accord. Or les Bâtiments de France sont partie prenante de la commission des sites.  Le maire a cru aussi devoir s'étonner que "l'ultra libérale" Madame Nouaille, (commerçante Ndlr) s'oppose à un tel projet de promoteur privé. Une réflexion en forme de pique qui eut le don de faire sortir la présidente de ses gongs car elle refuse "la politisation" du dossier.

Au-delà de ce débat de démocratie participative, initiée, avec bonheur et une efficacité certaine, par l'équipe municipale au pouvoir depuis 2001, le citoyen de base peut se demander si la vraie pratique de la démocratie n'implique pas, aussi (et surtout), de connaître les rouages des institutions et lois de la République.

Quelles sont les attributions et pouvoirs de la commission des sites ? Comment fonctionnent les Bâtments de France ? Quelle est la procédure publique à respecter lorsqu'une collectivité initie un tel projet qui n'est en aucun cas un projet de partenariat public-privé (trop désavantageux), comme l'a expliqué le maire d'Auxerre ? Quand les avis requis et prévus par la loi interviennent-ils définitivement et sont-ils opposables aux tiers ?

Derrière le jeu de cache-cache et de séduction pour convaincre, en attendant les échéances, le vrai débat devrait pouvoir s'inscrire dans la réalité et non sur un échiquier à enjeu politique. Guy Férez (trop ?) sûr de sa méthode, a affirmé que le référendum demandé par des citoyens sur le projet d'aménagement de l'Arquebuse aurait lieu aux élections municipales de 2014. Dommage car l'Arquebuse mérite mieux qu'un simple vote, un coup de fusil à un seul coup. Une arqebusade quoi.

La course aux parkings

 

Il reste que l'on ne peut écarter l'interrogation, la question de fond. Depuis des années, des décennies, les maires d'Auxerre courent après les places de parking pour servir une cité à l'architecture du Moyen-Âge. Aucun, à droite comme à gauche et au centre, n'a jamais eu la perspicacité ou le courage de creuser au centre, c'est-à-dire sous la place des Cordeliers, comme l'ont fait nombre d'autres villes. Au centre de la cité.

Là ne serait-il pas le ratage initial? Là ne résiderait-elle pas, la faute initiale ? Le péché capital ? Quant on connaît l'audace et l'indépendance d'esprit de Jean-Pierre Soisson, qui est profondément croyant, on se dit que seul un archevêque ou un évêque a pu le dissuader de creuser. A moins que ce ne soit les morts du cimetière situé sous la place, autour de l'ancienne abbaye.

Que dire de l'accord secret qui aurait existé entre l'abbé Deschamps et aurait fait promettre au jeune premier Jean-Pierre Soisson candidat à la mairie, de faire abattre le marché couvert s'il tenait à être élu, afin de dégager la perspective de la cathédrale en rasant le symbole vivant de la séparation des églises et de l'État, où le petit père Émile Combes prononça son discours fameux On sait que Jean Moreau l'ancien maire et ministre industriel respecté, détestait Soisson dont il a dit qu'il lui manquerait toujours 10 ans et 10 cm. Moreau l'industriel auxerrois noble, contre le vulgaire fils de commerçant Soisson.

L'élection du jeune JPS dans ces conditions fut un exploit.

 

                                                                                                             P-J. G.


Le rôle de l'architecte des Bâtiments de France

 

Jean-Pierre Mayot, 40 ans, a pris ses fonctions d'architecte des bâtiments de France au pavillon de l’Arquebuse, à Auxerre, au mois de septembre 2012. Il est tenu à l'obligation de réserve, comme tout fonctionnaire.

Jusque-là architecte des bâtiments de France adjoint dans la Manche, Jean-Pierre Mayot, à la tête du service territorial de l’architecture et du patrimoine, supervisera les déclarations préalables de travaux pour les privés et les collectivités ; la gestion des espaces protégés aux abords des monuments historiques et les secteurs sauvegardés.

Architecte salarié puis libéral avant de passer le concours des architectes des bâtiments de France, Jean-Pierre Mayot veut faire passer son amour des vieilles pierres, du savoir-faire architecturale.

 

L'Arquebuse classée monument historique en 1947

 

La société des chevaliers de l’arquebuse d’Auxerre fit construire ce pavillon en 1735, à ses frais. Monsieur Guilbert-Latour en fut l’architecte. La salle haute renfermait plus de deux cents portraits des rois de France, ducs et duchesses de Bourgogne et autres personnages marquants. Cette collection fut détruite pendant la révolution. Le pavillon devint bien national. Il fut rétrocédé à la ville en 1797. On y organisa les fêtes nationales, les banquets de la garde nationale. A l'occasion de la visite de Napoléon III, le 6 mai 1866, l’Arquebuse et son esplanade, richement décorées, servirent de cadre à une cérémonie exceptionnelle. Ce bâtiment fut classé monument historique en 1947. Il abrite aujourd’hui certains services des archives départementales et la direction des Bâtiments de France.

 

CONTEXTE HISTORIQUE // Les compagnies de l’arc, de l’arbalète, de l’arquebuse, institutions militaires et bourgeoises, nées des libertés urbaines du Moyen Âge, découlent de la nécessité de se défendre par ses propres moyens. Leurs membres se recrutent par volontariat et cooptation. Au 18e siècle, ces compagnies subsistent mais ont surtout un rôle d’exercices et de jeux militaires. Chaque année, leurs membres s’affrontent publiquement au tir à l’oiseau. Le gagnant était exempté d’impôts pendant un an. Le concours était accompagné de processions publiques et de cérémonies religieuses. Tous les membres ne tiraient pas car, souvent, le but recherché par l’appartenance à une compagnie était surtout la reconnaissance d’une situation sociale. Ces jeux ont été supprimés en 1793. (Source : "Les jeux militaires au 18e siècle, une forme de sociabilité urbaine négligée". Christine Lamarre.)

 

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