Que dire des petits marchés qui constellent chaque quartier ? Faits de baraques sans élégance, d’étals pliants sous un parasol quand il ne s’agit pas simplement de quelques cageots empilés sur le trottoir, on y trouve des saveurs dont on avait oublié que ça pouvait être si bon. Cerises, framboises, fraises, chanterelles, champignons de prairie, rhubarbe, fleurs de tournesol, cornichons, tomates succulentes (elles sont réputées) arrivent quotidiennement de la campagne. Viande, poisson, laitages. A des prix amis. Plus amicaux que ceux des supermarchés qui pointent le nez de plus en plus loin du centre, avancée sans doute fatale pour ces derniers petits commerces paysans. Mais on a de petits appartements, de petits frigos et de petites machines à laver et le planning se fait encore quotidiennement et pas pour la semaine. Les supermarchés ne font pas encore l’unanimité.

 

Pasaj RacÅ‚awicka, un marché de quartier très fleuri où on trouve un peu de tout - Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Choux, cornichons, rhubarbe, tournesols... frais chaque jour - Photo AuxerreTV (DR.)

 

 




Même dans les beaux quartiers on n’est pas à l’abri de façades dont le crépi est tombé et expose la brique nue, faisant coucou de derrière cerisiers, noyers, roses trémières ardentes et tournesols, hortensias voluptueux et grilles ouvragées. Derrière ces façades, la vie, les projets, la télévision, la liste des courses à faire, les enfants et leurs devoirs, les portables posés sur des comptoirs de cuisine. La vie de partout. Ce n’est que l’enveloppe qui, au lieu d’un bel emballage cadeau, n’est qu’un papier kraft. La raison en est que souvent on ne sait ce que sont devenus les propriétaires de ces immeubles. Certains étaient Juifs. D’autres ont fui le communisme. Mais des descendants pourraient réapparaître, demander la restitution de leur bien, et l’obtenir, ce qui rend prudent face aux travaux coûteux.


Il ne faut pas manquer non plus d’aller dans un bistrot local ("Bistro à la fourchette") pour  y déguster des zakouskis avec un « cul sec » de vodka. On y reste debout, et c’est l’occasion de savourer du pâté, des harengs, de l’aspic, des betteraves, du raifort… et de la vodka !

 

PrzekÄ…ski-ZakÄ…ski,  sur Krakowskie PrzedmieÅ›cie, pour des zakouskis surprenants et un shot de vodka - photo AuxerreTV (D.R.)

 

La grande carafe... c'est du vinaigre! La vodka est dans les verres (1€ le verre..) Photo AuxerreTV (D.R.)


Et ouvrez l’œil en ville : plus d’une voiture vous fera un clin d’œil !

 

Pas vraiment fringante mais... elle roule encore ! Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Une Trabant. Increvable ... Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Intérieur cuir et bois... Et démarrant dans un souffle avec le sourire du conducteur! Photo AuxerreTV (D.R.)


La vieille ville - Stare Miasto - … on l’a exhumée. Patiemment. Avec amour et précision. Les nombreuses cartes postales et archives ont servi de guide. Les nazis avaient détruit maison par maison, méthodiquement. Tout le passé et l’histoire d’une ville. Les communistes ont reconstruit le château royal (15ème siècle) entre 1971 et 1988. Et peu à peu la vieille ville a resurgi, a étiré ses bras après un long sommeil de belle au bois dormant, et on l’a rebâtie. En ne trahissant rien, si ce n’est qu’on en a profité pour cacher, derrière les murs à fresques et poutres ouvragées, des pièces modernes et confortables. Elle est superbe, d’une sobre élégance, et ses rues regorgent de légendes : si l’épée de Sigismond Vasa III tombe de la colonne, ce sera signe de grand malheur. L’ours pensif devant l’église des pères jésuites n’est autre qu’un prince charmant ensorcelé qui attend l’amour d’une femme pour redevenir un fringant amoureux. La petite sirène, fille de Triton et sœur jumelle de celle de Copenhague est toujours prête à défendre la ville.

 

Place Zamkowy - château royal, (1596-1619) renaissance tardive - Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Les couleurs tendres de la vieille ville. Les appartements du dessus étaient, par tradition, prêtés aux visiteurs importants. Photo Auxerre TV (D.R.)

 

Du va et vient comme dans toutes les villes touristiques. AuxerreTV (D.R.)

 

Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Vieille ville: porte surmontée d'un renard. Les portes voisines ont un coq et un ours. Photo AuxerreTV (D.R.)

 

La vieille ville - Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Elle est l'emblême de Varsovie. Fille de Triton et... soeur jumelle de la petite sirène de Copenhaghe - Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Au détour des rues, la saveur du passé embrasse présent et futur avec confiance. Et si vous le découvrez sur Jerozolimskie, après avoir acheté du gingerbread ou autre chose … entrez donc dans cet étrange endroitFotoplastikon! Vous y serez accueilli par une magie enveloppante, dans une petite pièce où un vieux poêle de briques en porcelaine fait le guet dans un coin, détenteur de mille confidences et secrets.

 

Une chanson du début du siècle passé flotte avec quelques raclements de disque usé, créant un enchantement fantomatique. C’est là que durant la guerre les espions venaient profiter de la pénombre discrète pour se rencontrer.

 

Bernadska... c'est tout près d'ici... on y est presque! Photo AuxerreTV (D.R.)

 

On entre par ici... Aleje Jerozolimskie. Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Le tambour autour duquel on s'assied et les jumelles... Photo AuxerreTV (D.R.)

 

Un vieux poêle qui doit avoir bien des secrets à garder pour lui ! Photo AuxerreTV (D.R)


C’est le dernier lieu de ce genre au monde encore en fonction. Autrefois on y projetait des images de plages lointaines, et jusqu’à 20 personnes pouvaient s’asseoir autour du tambour et rêver de longs voyages devant les 48 vues en trois dimensions qu’ils voyaient à la lorgnette, et qui défilaient toutes les  30 secondes. C’est là qu’aujourd’hui, avalé par l’obscurité vous remonterez le temps et  pourrez voir de vieilles vues du ghetto ou de Stare Miasto avant leur destruction, un monde effacé.


Comme le dit si bien Thomas Wolfe, "revenir chez soi est impossible car le chez soi de la mémoire n’existe plus."

 

Rappelons aux Auxerrois que depuis 2000, Auxerre est jumelée avec PÅ‚ock en Pologne. Et que les liens sont réels et solides. Jacques Millereau peut en témoigner. Ce jumelage est survenu à la suite du jumelage de l'ancienne mutuelle CCMY (maintenant Harmonie Mutualité), avec la ville de Plock ; à l'époque, la Pologne sortait de la dictature communiste et cherchait à s'organiser dans un certain nombre de domaines, dont ceux de la santé et de la solidarité. Pour cela, six villes polonaises avaient été jumelées avec six mutuelles françaises.

Rappelons aussi que cette  balade à Varsovie qui déborde d'énergies nouvelles est une forme d'hommage à ces Polonais de génie qui ont marqué à jamais le sport à Auxerre. Le foot mais aussi le basket : Szeja, Szarmach, Janas, Klose, Matysik, Zgutzinski, Dudka, Kasmareck, Jelen, Los, Slyko, Wieczorek, Wlodarczik, Storozinski et à tous les autres plus anonymes, en particulier ces cueilleurs de cornichons venus en famille, infatigables ....

 

                                                                                          Suzanne DEJAER

Les trois premiers articles sur Varsovie:


Varsovie Ville Phoenix

 

Varsovie, un arc-en-ciel de styles

 

Varsovie, une passion pour les arbres et la musique