L'affaire a été mise en délibéré au 12 mars à 13h30.

MÀJ le 12 mars.

Maximilien Veyssière a été condamné, jeudi 12 mars, par le tribunal correctionnel d'Auxerre. Je jeune homme, trésorier de l'association "Les Frangins Frendleyks"   avait mis en place un festival musical et artistique à Asquins, en septembre dernier, malgré une interdiction préfectorale.

Il a écopé d'une peine de 2.000 euros d'amende délictuelle, avec sursis, et de 500 euros d'amende contraventionnelle. Outre l’organisation du festival, Maximilien Veyssière était poursuivi pour avoir modifié, sans autorisation, l'aspect du site classé, situé à proximité de Vézelay, et pour l'installation de caravanes sur ce même site.

La substitute du procureur de la République avait requis " un avertissement solennel, 1 000 euros d’amende (contravention) et 5 000 (délit) avec sursis ».
 

 

 

 

Isabelle Georgelin, maire d’Asquins et Maximilien Veyssière, trésorier de l’association "Les Frangins Frendleyks" ont comparu, la première citée comme témoin par le second, qui était poursuivi jeudi après-midi, devant le tribunal correctionnel d’Auxerre, pour  modification sans autorisation de l'État de l'aspect d'un site classé, pour camping dans un site classé, et organisation malgré l'interdiction d'un rassemblement festif dans un espace non aménagé. En cause donc, l'ordre public, la sécurité et l’organisation d'un Festival sans accord préfectoral.

Ce mardi 5 février, il fait un froid de canard. Les gens se pressent pour rentrer dans les commerces et les cafés afin de se réchauffer. Certains rentrent au palais de Justice quadrillé par les policiers. Ceux-là ne sont pas là par hasard. Ils veulent voir le procès d’Asquins.

Asquins, petit village de 328 habitants, membre du site du Vézelien classé au patrimoine mondial de l’UNESCO (Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture). Asquins, accusé d’avoir mis en place un festival bien qu’un arrêté préfectoral l’ait interdit quelques jours avant sa tenue. Alors que les élus de la commune avaiet donné son accord. Un petit village sans histoire devant le tribunal.

Le soleil pénètre dans la salle d’audience. Les vêtements baba cool de la majorité de l’assistance contrastent avec les longues robes noires. « Vous avez bien reçu l’arrêté préfectoral le jeudi 4 septembre Mme le maire ? ».

« Oui mais seulement un jour avant le festival. C’était difficile d’annuler. Comment dire à 500 personnes, de 7 à 77 ans, car je le précise, ce n’est pas une rave party comme le croyait le préfet, que ça n’allait pas avoir lieu ? Les invitations étaient déjà envoyées, les places déjà payées … et les gens arrivaient ».

L’avocat général, Me Revest, décrit Mme le maire comme une élue écolo qui, en aucun cas, ne souhaiterait abîmer sa commune. Elle indique que « la préparation du festival n’a en rien dénaturé le paysage. Depuis, la nature a repris ses droits, l’herbe a repoussé sur les emplacements creusés pour les toilettes sèches. Les festivaliers n’ont causé aucun dégât. Ils ont tout nettoyé avant leur départ. Aucun villageois ne s’est plaint ».

Sur ce, Isabelle Georgelin, la mairesse quitte la barre et s’en va.

« Que faites-vous ? Revenez, je ne vous ai pas dit de vous en aller », gronde le président.

« Je pars » plaisante-t-elle à demi voix. Sacré bout de femme.

Lorsque l’avocat de la défense s’appuie sur une pièce inexistante dans le dossier, ça s’agace :
-   « Pourquoi me parlez-vous de cet élément ?
-     Si c’est ce que vous voulez, rejetez-le.
-     Je ne vais pas le rejeter car il n’est pas dans le dossier, par conséquent il n’existe pas ».

Lorsque la substitute du procureur de la République prend la parole, elle insiste sur les vertus préventives de l’arrêté préfectoral qui a interdit le déroulement du festival car l’événement portait atteinte à l’ordre public. « Le plan d’accès au terrain n’était pas fourni, le système de signalisation pas signalé et les bénévoles pas clairement identifiés ».

Elle requiert une contravention de cinquième classe car, quoi qu’il arrive, l’autorité du préfet est supérieure à celle des élus locaux, par son statut.  De plus, le déroulement de ce festival était irresponsable car remplir toutes les conditions de sécurité, le nombre de forces de l’ordre trop nombreux et la mise en danger du patrimoine du site du Vézelien étaient impossibles. « Je ne demande pas une sanction exemplaire mais un procès exemplaire qui serve de leçon. Je demande un avertissement solennel, 1 000 euros d’amende (contravention) et 5 000 (délit) avec sursis ».

Dans la salle, un jeune homme ironise un « bravo ! ». Déception. Indignation. L’assistance est touchée par cette affaire, les « rhooo », les applaudissements mimés et les murmures sont constants.

Pour Me Revest, la décision du préfet d’interdire le festival d’Asquins était motivée par l’envie de taper du poing sur la table pour montrer qui commande. « Le service public, c’est d’abord les maires et les communes car ils sont élus et non pas nommés ». Seulement 5 m2 d’un champ a été utilisé pour les sanitaires et comme seule structure un chapiteau a été installé. Il n’y a pas eu de dégradation alors « c'est un gag, de qui se moque-t-on ? L'affaire doit être jugée au fond par le tribunal administratif, je ne parierai pas que l'arrêté préfectoral d'interdiction du Festival ne soit pas cassé ... les préfets n'ont pas toujours raison » ajoute l'avocat. « Le Festival n'a pas eu lieu. Je demande la relaxe pure et simple ».

Lorsque le président demande à Maximilien Veyssière s’il a quelque chose a ajouté, il indique qu’en septembre prochain le festival d’Asquins aura lieu. « Cette fois ci nous l’organiserons avec le nouveau préfet, main dans la main. Et il sera public cette fois ».

Rendez-vous le 14 mars 2015 à 13 h 30 pour le verdict.

 

Marion BORDIER

 

 

Maximilien Veyssière, inculpé, plouc-émissaire, comme il se définit (DR)

 

Isabelle Georgelin, vigneronne, maire de Asquins qui avait autorisé la tenue du Festival privé (DR)

 

Me Bernard Revest, avocat de la défense (DR)