À partir du 1er janvier 2016, on ne verra plus Patrick Picard derrière son comptoir rue Joubert (DR)

 


 

Contrairement à ce que pourraient laisser transpirer les apparences, Patrick Picard est très discret et pudique. Cela n'a pas été facile de le faire parler, samedi midi, dans sa boutique, de son départ à la retraite. Non pas qu'il ne voulait pas parler, mais il était ému.

Ce qui pourrait faire douter de sa jovialité et de sa bonne humeur permanente, sa marque de fabrique AOC.

Au marché, c'est un tribun. Il faut l'entendre s'adresser aux clients de passage. Certains jours, c'est un spectacle permanent qui égaye la vie et provoque sourires et rires. Des mots simples mais pertinents brodés avec une dentelle d'humanité profonde.

Patrick Picard et ses airs de Juniot, aime les gens et aller vers eux est naturel chez lui car il "porte ça à l'intérieur", comme il dit.

Il est aussi capable de saillies surprenantes qui captent l'attention et ravissent.

Ainsi un jour il sortit de la boucherie rue Joubert (1976-2015) en hurlant couteau à la main : "Allez l'AJA ...".

Il faut dire que sa passion pour les sportifs ne s'est jamais démentie. Que cela concerne les footballeurs, les rugbymen, les coureurs à pied, les tireurs à l'arc ...

Lors des soirées de Coupe d'Europe et dieu sait s'il y en eut et que les Auxerrois furent gâtés, son épouse et lui-même décoraient le magasin et la vitrine faisant corps avec le club et la cité qu'il aime. 

Il fut fier d'exposer temporairement la Coupe de France dans sa vitrine !

Homme généreux qui encourage toujours, avait loué le bar du théâtre pour inviter tous les commerçants de la rue Joubert en l'honneur de son fils, champion de tir a l'Arc.

Son commerce, sa femme, ses enfants et ses potes - il boit le jus tous les jours au bar le saint-Pierre avec Dejust et Buvot - semblent lui suffire. Ainsi que sa demeure de toujours, au bas de la rue du Pont près de la statue de Paul-Bert, entre deux bars. C'est là qu'il habite et c'est là qu'il prend sa retraite "Pourquoi voulez-vous que j'aille ailleurs.... on est tellement bien ici !"

Samedi 2 janvier, le rideau sera baissé rue Joubert. On n'entendra plus Patrick Picard parler aux uns dans la boutique et aux autres, de passage dans la rue, tout en découpant la viande, une découpe commentée et mise sous vide. On n'entendra plus mais on n'oubliera jamais ses sempiternelles phrases lorsqu'il présentait l'addition.

" 22 euros chef, je vous prie d'avancer jusqu'à la caisse centrale ..." Ou encore : " "C'est qu'on n'a pas à manger tous les jours ..."

C'est Guy Roux qui ne va pas être content. Il ne pourra plus acheter ses onglets.

 

P-J. G.

 

 

 Chez Picard pas de carte bleue... "c'est bien trop cher ...", mais on peut payer quand on veut, dans le mois (DR)

 

Patrick Picard, est originaire de Seine-et-Marne où il a appris le métier. 50 ans de vie professionnelle dont 40 ans rue Joubert à Auxerre (DR)

 

Il était ému le boucher apprécié et aimé, qui évoque une enfance difficile avec pudeur (DR)

 

 

Le travail de la carcasse est le travail du boucher. C'est aussi un art. Patrick Picard caresse sa bonne viande (DR)

 

L'homme qui arrête, a offert une bouteille de champagne à chacun de ses clients. Une cuvée spéciale millésimée à son nom. Pour faire plaisir et remercier (DR)

 

 Patrick Picard ne part pas loin. Il rentre chez lui au bas de la rue du Pont. Et continuera de prêter main forte à Irancy pour la Saint-Vincent fin janvier, mais aussi ailleurs, comme avant (DR)