Créé depuis le 1er janvier 2015, nous voici fin mars 2016, le PETR du Grand Avallonnais n'aura donc jamais existé. Pourtant la structure a déjà recruté quatre salariés, qui se retrouvent sans contrat de travail, sans statut.

Travailler pour le Scott (schéma de cohérence territoriale) ?

Ce n'est pas dans les compétences des comcoms et ne serait à première vue pas même légal.

Mercredi, la comcom de l'Avallonnais-Morvan que préside Pascal Germain, comporte un ordre du jour qui indique que le président, à la demande des services de l'État (sic), propose d'embaucher les quatre salariés en question. Avec quelles missions on se le demande. À l'imbroglio s'ajoute la confusion.

De quoi s'agit-il ? Pourquoi l'annulation de l'arrêté du préfet de l'Yonne portant création du PETR par le tribunal admnistratif de Dijon ?

Le PETR du Grand Avallonnais est composé des comcoms de l'Avallonnais-Morvan et de la comcom du Serein composée par les comcoms de l'isle-sur-Serein, de Guillon et de Noyers. Or la comcom de Noyers faisait partie du pays du Tonnerrois (devenu syndicat mixte).

D'un mot pour faire court, le préfet aurait dû d'abord prendre un arrêté portant sur la sortie de la comcom de Noyers du Pays du Tonnerrois avant de prendre l'arrêté portant création du PETR et sa délimitation géographique comprenant notamment ladite comcom de Noyers.

En somme une question de procédure qu'a relevée et dénoncée le Tonnerrois Pascal Lenoir toujours à l'affût, président du Syndicat mixte du Pays du Tonnerrois, qui a introduit un recours devant le tribunal administratif de Dijon. À ne pas confondre avec la Communauté des communes du Tonnerrois présidée par Maurice Pianon, vice-président du conseil départemental de l'Yonne.

En quelque sorte, la charrue a été mise avant les boeufs. Le préfet de l'Yonne a fait appel du jugement auprès de la Cour d'appel de Lyon. Le problème, c'est que cet appel n'est pas suspensif et que l'affaire n'est pas gagnée sur le fond qui risque par surcroît de durer un certain temps.

C'est fâcheux et voilà qui vient objectivement décrédibiliser un processus administratif d'organisation nouvelle des territoires suite à la réforme territoriale, que peu de gens comprennent, surtout par défaut de pédagogie.


À LA HUSSARDE ... ?

 

En attendant, c'est l'imbroglio juridique et de fait.

Un exemple : la taxe de séjour de la comcom de Noyers doit être encaissée par le syndicat mixte du Pays du Tonnerrois. Or elle était prévue au niveau du PETR du Grand Avallonnais. Et quid des indemnités perçues par le président du PETR du Grand Avallonnais (le seul à en percevoir dans le département) ? Il va devoir les rembourser.

Un autre exemple : quid des contrats engagés et contractualisés avec les fonds européens du FEDER par le PETR du Grand Avallonnais ?

On imagine bien que le préfet de l'Yonne va essayer de retomber sur ses pattes. À la hussarde, nécessité faisant loi ?

On aurait bien envie de le suivre dans cette charge en avant, mais n'est-ce pas risqué au vu des conséquences éventuelles en terme d'embourbement possible ? Quand on pense que le préfet aurait souhaité la fusion des comcoms (qui peut le plus peut le moins) du Serein et de l'Avallonnais-Morvan, on est en droit de s'interroger sur le fond de la stratégie.

D'un mot forcément caricatural, il s'agit d'adapter l'Yonne en termes d'entités structurantes aux nouvelles tuyauteries de financement Europe-État-Région. Et d'appliquer la loi de la République. Le préfet est parfaitement dans son rôle.

La nouvelle carte des intercos a été adoptée récemment par 20 voix pour, contre une contre et 15 abstentions le plus souvent motivées par des détails communaux.

Deux PETR s'imposent dans l'Yonne : au nord celui du Grand Sénonais (H2R Henri de Raincourt) et au centre celui du Grand Auxerrois (Guy Férez). Autour, à l'ouest, la Puisaye (Alain Drouhin), au sud, le Grand Avallonnais (Pascal Germain).

Voilà les nouveaux vecteurs, les nouvelles pompes à subventions Europe-État-Région. Le nouveau logiciel.

N'avez-vous rien remarqué en lisant ces lignes ?

Le Tonnerrois n'existe pas...

 

Le Tonnerrois abandonné par la République

 


Maurice Pianon, maire d'Yrouerre, un homme de qualité débordé (DR)

 

L'est du département est une région magnifique en termes de paysages, une région à l'histoire chargée, avec ses trois châteaux de la Renaissance, Ancy-le-Franc, Tanlay et Maulnes sublime joyau méconnu et incompris donc forcément sous-exploité.

Le plus extraordinaire est que les Tonnerrois possèdent la seule Communauté de communes du département à n'appartenir à aucun PETR (la riche fusée montante). Et que son président Maurice Pianon, honorable maire d'Yrouerre, vice-président du conseil départemental de l'Yonne, est le président de la commission économique du département. Le libéllé est le suivant :

2ème Commission : Développement Économique, du Tourisme et de l'Aménagement du Territoire... Principales compétences : économie, tourisme, économie numérique, logement, politique de la ville, aides aux communes et EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale)

Cherchez l'erreur !

Pire. Sachez que la comcom du Tonnerrois, en souffrance comme une lépreuse, a demandé à adhérer à la comcom de l'Auxerrois. Résultat : un niet très majoritaire réunissant les délégués communautaires de Migennes et d'Auxerre dont on ne sait s'il honore vraiment ses adeptes.

Il est vrai qu'il faut balayer devant sa porte d'abord.

Comment imaginer intégrer la comcom du Tonnerrois dans la comcom de l'Auxerrois, sans une représentation tonnerroise ? Bref sans la maire centriste Dominque Aguilar, mise hors-jeu sur ses terres ... ?

Pour le coup, les Socialistes et Les Républicains ont objectivement fait front commun contre Pascal Lenoir, un socialiste importé dans l'Yonne, qui gêne tout le monde tant par ses compétences juridiques jugées parfois par trop procédurières, que par sa forme de pertinence. Ici on n'aime pas les emmerdeurs. Demandez donc à André Villiers président du conseil départemental de l'Yonne, confronté à une majorité trop grasse (36 sur 42). Il souhaiterait gouverner avec 25 fidèles contre le reste de la troupe.

Comment dire que tout ça fait le jeu du Front national ... les opposants silencieux qui ne disent mot et ne proposent aucun programme crédible mais critiquent. Parfois, voire même souvent à juste titre. C'est le paradoxe et le danger.

La boulette des services du préfet, cela dit, l'Yonne s'en serait bien passée.


Pierre-Jules GAYE

 

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