AJA
AJA l'inéluctable spirale
le lundi 09 mai 2016, 14:18 - AJA - Lien permanent
La spirale du succès permet d'embaucher des personnes compétentes et de développer des moyens qui alimentent le succès. Tout ce qui est tenté réussit y compris les plus folles audaces. La spirale de l'échec, inverse le processus : le besoin d'argent amène à vendre du patrimoine et les moyens se rétrécissent au fur et à mesure. La spirale de l'échec en outre, inhibe. La peur de mal faire, amène inévitablement à faire mal. L'AJA depuis la descente en Ligue 2 est dans la spirale de l'échec, comme dans une impasse, dont on ne voit pas le bout. Lui faudra-t-il toucher le fond avant de repartir vers le haut ? Le président Guy Cotret incarne-t-il encore l'avenir de l'AJA ...?
Quel avenir pour l'AJ Auxerroise ?
C'est le moment où le président Guy Cotret va devoir présenter les comptes devant la DNCG, le gendarme financier, et les budgets prévisionnels des trois prochaines années. Avec une trésorerie exsangue, 1,5 millions de déficit et des recettes en baisse, moins 10% du nombre d'entrées au stade en regard de la saison dernière, sans compter le manque à gagner, en entrées, droits télé et sponsoring événementiel liés au parcours jusqu'en finale de la Coupe de France.
C'est la raison pour laquelle le président Guy Cotret a imposé de nouvelles économies drastiques.
Comment ?
Par la réduction de la voilure au centre de formation (- 2 millions d'euros avec moins de joueurs et de membres de l'encadrement) ce qui a amené le directeur du centre de formation à refuser de faire une année supplémentaire comme prévu dans son contrat.
Par la vente de joueurs pépites formés au club dont pas moins de quinze ont signé un contrat professionnel et pour cause. Jusqu'à quel point ? Et qui ?
Autant de questions pour le moment sans réponse car cela dépendra du marché et de la demande. Kilic, Berthier et d'autres seraient sur le départ.
Enfin, nombre de joueurs, non des moindres, sont en fin de contrat, conséquence de la politique à court terme du président Cotret et de feu Emmanuel Limido, qui est devenu l'actionnaire majoritaire de l'AJA le 19 avril 2013, en signant un chèque de 5 millions d'euros. Et pas un cent de plus depuis.
Retour en arrière
Le président de la société d'investissement holding Centuria capital, a été alerté par Guy Cotret ancien cadre et membre du directoire de la Caisse d’Épargne. Ce dernier visait la reprise du club de Sedan après avoir été écarté du Paris FC dont il fut le président ambitieux mais sans réussite (2003-2012).
Emmanuel Limido a senti qu'il y avait à l'AJA une belle opportunité financière et a tenu un raisonnement de banquier. Il a signé un chèque qui assurait l'échéance auprès de la DNCG le gendarme financier, après avoir détecté qu'il y avait des bijoux de famille.
Le propriétaire de Centuria Capital et PLP (Paris Luxembourg Participations) a identifié à la lecture des derniers bilans de l'AJA qu'il existait des plus-values latentes. En effet, les joueurs et leur valeur marchande potentielle, n'apparaissaient pas dans les actifs au bilan. Les achats de joueurs étaient passés en compte courant, sous forme de charges de l'année considérée (il faut se rappeler que l'AJA injectait un ou deux joueurs par an tout au plus, Roux, affinant son équipe). En prenant l'hypothèse la plus basse, la valeur des joueurs pouvait raisonnablement être estimée à 20 à 30 millions d'euros. Donc mettre 5 millions d'euros pour racheter le club, c'était donné.
C'est cette erreur fondatrice qui constitue la pierre angulaire de la poursuite inexorable de la spirale de l'échec de l'AJA. Emmanuel Limido a eu un raisonnement de banquier à court terme. Une stratégie à court terme de banquier assuré de retrouver ses billes. Il a mis 5 millions car il savait qu'il pouvait se payer sur la bête à tout moment, compte tenu des actifs, en valeur des joueurs, et aussi du patrimoine foncier et bâti de l'AJA sur lequel il n'a pas réussi, en dépit de touts ses efforts, à mettre la main. Non plus que sur l'intégration fiscale à hauteur de 5 millions d'euros qu'il réclamait à l'association AJA. L'arbitrage de cabinets anglo-saxons lui a donné tort.
Une vision ambitieuse
De ce point de vue, Emmanuel Limido n'a pas sauvé le club, comme d'aucuns le soutiennent. Il aura au mieux, retardé l'échéance. Peut-être aura-t-il empêché l'AJA de redémarrer sur d'autres bases, fusse dans le monde amateur.
S'il a réalisé quelques actifs latents - les ventes de quelques joueurs dont N'tep pour près de 6 millions d'euros et Willi Boly qui réussit bien au Portugal - Emmanuel Limido a échoué dans sa tentative de s'approprier le patrimoine de l'AJA détenu par l'association et sa holding la Familiale, l'abbé Ernest Deschamps, n'ayant rien à envier à l'actionnaire majoritaire de la SAOS AJA version 2015. Son objectif était de réunir les patrimoine au sein d'une même structure ce qui eut permis d'emprunter de l'argent qui fait défaut, dans de bonnes conditions.
La vision ambitieuse d'Emmanuel Limido d'industrialiser le schéma-process de savoir-faire du centre de formation ADNisé AJA, pour le reproduire et le vendre dans le monde entier notamment dans les pays dits émergents, ne s'est pas réalisée de son vivant.
Son neveu Raphaël Limido, au statut d'auto-entrepreneur preste à l'AJA, mais le "contrat" est échu. Il a conceptualisé l'idée de son oncle. Le jeune homme souriant et haut de taille, s'est attiré des sympathies, localement. Mais son travail n'a pas connu de suite après la disparition d'Emmanuel Limido.
Un avenir sans issue
Qui rachèterait les actions de l'actionnaire majoritaire, Corinne Limido l'héritière et ses deux filles en indivision, sachant que l'actionnaire minoritaire dispose d'une minorité de blocage, possédant 40% des actions de la SAOS AJA propriétaire du club section professionnel ? Et qu'en outre, l'actionnaire minoritaire est propriétaire de l'essentiel du foncier, du bâti, de la marque AJA et de la patente du club délivrée par la fédération de football française ?
Alors, comment croire au discours de l'avocat d'affaires Jean-Luc Michaut, ami de la famille Limido représentant Corinne Limido, lorsqu'il évoque depuis un an, les multiples touches et intérêts portés par des Belges, des Américains, des Chinois, des Albanais etc, même si Albanais et Chinois ont fait réaliser des audits de plusieurs jours à l'AJA, ce que n'avaient peut-être pas pris soin de faire dans les détails, les repreneurs du club du patro en 2013, alléchés par la prise d'un club mythique.
Le discours, la com actuelle, consistent à dire que Corinne Limido n'est pas vendeuse. Le serait-elle que cela n'arrangerait pas les affaires du président Cotret dès lors que cela ne garantirait pas l'arrivée d'argent frais dont il a besoin, les 60% du capital étant remplacé par 60 autres % appartenant à M. X.
Corinne Limido a déclaré qu'elle recherchait des partenaires financiers qui entreraient au capital afin d'amener du cash dont a besoin l'AJA et que réclame Guy Cotret. Ce dernier a annoncé qu'il espérait de bonnes nouvelles dans ce sens avant la fin du mois de mai. Et que cet argent servirait à monter en Ligue 1, sic.
Pourquoi l'association AJA que préside Michel Parmentier, actionnaire minoritaire de la SAOS AJA, accepterait-elle, aujourd'hui, ce qu'elle a refusé à Emmanuel Limido de son vivant ?
Retour aux sources ?
Alors qu'elles sont les hypothèses ?
1/ Un investisseur extérieur.
Cette hypothèse est peu réaliste. Sous forme d'augmentation de capital ce n'est pas possible car l'association n'acceptera pas d'être diluée et exercera aussitôt son droit de veto pour ne pas perdre la minorité de bloquage.
Sous forme d'un apport en compte courant c'est utopique d'imaginer qu'un investisseur soit prêt à miser à fonds perdus sans détenir le pouvoir et sans avoir aucune garantie de remboursement car les principaux bijoux de famille (les joueurs) ont déjà été vendus.
2/ L'actionnaire majoritaire actuel apporte de l'argent
Cette hypothèse est peu crédible car on imagine mal un fonds d'investissement, qui plus est ayant perdu son principal animateur, remettre au pot alors que la société a montré son incapacité à générer des profits ou même seulement à équilibrer ses comptes. Les perspectives d'avenir étant de plus très peu motivantes.
3/ La cession des actions de l'actionnaire majoritaire à l'association AJA, actionnaire minoritaire, pour un prix symbolique. Cela apparaît comme l'hypothèse la plus probable car il n'y a pratiquement pas d'autre issue pour l'actionnaire majoritaire actuel, sauf à assumer les conséquences lourdes d'un éventuel dépôt de bilan.
Conclusion.
Dans pratiquement tous les cas l'AJA doit envisager de vivre une nouvelle aventure avec une nouvelle équipe dirigeante pour se reconstruire dans le cadre du football amateur.
Pierre-Jules GAYE
Commentaires
Situation ubuesque paradoxale inextricable car enfin que manque t'il à l'Aja pour au minimum rester en L2 sans trop de stress ? de l'argent frais bien sûr oui mais l'association forte de ses droits dit NIET Alors M Parmentier et consorts dépêchez vous de trouver un mécène qui se fera plaisir de remplir les caisses sans aucune idée de rentabilité et qui, lui ,vous fera confiance . Vous semblez confiant quant à la pérennité du club en occultant une situation dégradée et plus que préoccupante.
Moi j'ai peur que la spirale de l'échec comme dit Pierre Jules ne soit en fait que le toboggan du suicide M Limido à fait l'achat d'une Ferrari vouée à la casse mais n'a jamais investi pour la faire rouler Mme Limido ,elle, pourrait bien se faire rouler mais ne soyons pas inquiets pour son avenir elle peut attendre ...elle.
@PJG : je suis entièrement d'accord avec vous, le fait de repartir au niveau amateur est une possibilité (un risque plutôt).
Mais j'ai parfois l'impression, à la lecture de certains messages ou en écoutant certains supporters, que c'est LA solution à tous les problèmes.
Que de repartir de plus bas va permettre de faire le ménage et de reprendre la marche en avant.
C'est là où je ne suis pas d'accord : pour le grand ménage oui mais pour le reste il n'y a aucune certitude de revenir un jour au niveau pro. C'est un coup de poker trop risqué pour être souhaité (on est de toute façon d'accord sur le fait que si ça arrive, personne n'y pourra rien).
Oui, l'AJA peut s'inscrire à minimq durablement en L2 et cela serait déjà une belle chose, à l'image d'autres anciens pensionnaires de L1, je pense à des clubs de ville de même importance comme Laval ou Brest. Sans des moyens extravagants. Cela est possible avec des résultats constants obtenus faute de super joueurs, avec de la rigueur encore de la rigueur et une condition physique à toute épreuve (pas de joueurs cramés à la 60ème). L'AJA faisait 10000 en moyenne basse en L1 alors que pendant des années, elle avait le monopole du spectacle à 200 kms à la ronde, hormis le PSG (souvenez vous des queues de voitures à l'issue des matchs à l'entrée de l'autoroute auxerre nord) les gens affluaient de partout, Aube, Champagne, Côte d'Or, Loiret...) L'AJA fait 4500 à ce jour, en tenant compte de la rétrogradation du club, de la concurrence des autres clubs régionaux et de l'inconstance et du spectacle proposés par les joueurs, c'est déjà pas si mal.
Le Bourguignon est défaitiste ? L'Aja est en ligue 2 et va attaquer sa cinquième année, d'autre clubs y sont depuis aussi longtemps et vivotent certes mais survivent. Quel intérêt de repartir à zéro sinon finir comme Grenoble, Boulogne ou Le Mans rayé de la carte du foot. Déjà le soutien du public, je suis étonnée que même quant l"aja pouvait tutoyer les 5 premières places ça ne faisait pas 10 000 dans le stade loin de là , là ou Lens fait 30 000 et plus fort Strasbourg 23 000 en National ,partant de ce constat, ensuite réinjecter un peu de caillasse, avoir un vrai projet, bref un vaste chantier mais en core une fois avec qui et comment et surtout avec quelle volonté.
@ Zioum.
La conclusion du raisonnement de l'article, dit que l'AJA doit ensivager de repartir au niveau amateur. Ce n'est évidemment pas une solution mais cela pourrait se produire en cas de dépôt de bilan. Autrement dit, l'AJA n'aurait pas le choix et nous non plus.
Il est évident que ce n'est pas ce que nous souhaitons, au contraire. mais il faut être réaliste : comment sans modèle économique et sans mécène, l'AJA pourra-t-elle ainsi continuer ?
@steff : je n'ai pas de solution miracle. Mais celle de croire que de repartir tout en bas, à l'échelon régional est la bonne et la seule solution pour repartir est aussi dangereuse qu'aléatoire.
Car personne ne sait si en repartant en DH l'AJA retrouvera un jour la L1. Et si oui, en combien de temps.
Qui s'intéressera à une AJA qui jouera le dimanche à 15 h à Avallon ou à Paron ? Qui s'intéressera à des joueurs amateurs alors que la plupart des supporters a du mal à s'identifier à des joueurs de Ligue 2 ?
Et qui dit amateur dit fin du centre de formation, fin de 99 % des emplois du club, pertes économiques pour la ville, sa renommée et ses commerces ...
Après libre à chacun de s'imaginer une folle remontée, une magnifique histoire d'un petit club de DH qui parvient à remonter année après année les divisions pour finir tout en haut de la Ligue 1 ... Mais là ce n'est plus de la poésie, c'est de l'utopie !
Peut-être une solution : si madame Lumido veut récupérer au moins ses billes et en même temps amener du cash au club, il faut ouvrir le capital (les 60% détenus) en bourse en plaçant sur le marché 1 million d'action à 5 euros (valeur de l'action en nominal) = 5 millions €. J'ajoute que rien n'empêche de placer plus d'action pour plus de cash...
@ Zioum ... vous avez raison ... mais,dites-nous comment vous faites ? Sans argent et sans actionnaire pour construire une équipe ? Vous avez une baguette magique ? ... vous êtes un poète et on apprécie, vraiment
Repartir en amateur c'est bien beau mais ça ne garantit pas un retour au plus haut niveau un jour.
C'est assez facile de se dire "allez hop, on arrête tout, on recommence en DH et on repart pour une belle aventure".
C'est tentant comme ça mais ça ce n'est pas avec le rêve d'une belle aventure qu'on y arrive.
Regardez le Mans : rétrogradé en DH en 2013, seulement en CFA 2 trois saisons plus tard. La ligue 1 ce n'est pas pour tout de suite pour eux ...
Même trajectoire pour Gueugnon.
L'AJA n'est pas remonté de la Ligue 2 à la Ligue 1 en 4 ans et tout le monde s'impatiente. Qui sera encore intéressé par une AJA en amateur qui mettra peut-être 10 ou 15 ans avant de regoûter au monde pro ?
C'est très bien PJG de s'interroger sur l'avenir de l'AJA.
Chacun va pouvoir maintenant donner son avis.
J'espère que nous n'allons pas aller au dépôt de bilan.
Tout est juste au détail.
C'est bien d'ouvrir les yeux, il n'y a pas si longtemps vous critiquiez ceux qui disait exactement cela sur un forum auxerrois bien connu.
Merci a vous d'éclairer les crédules.
Ce n'est pas en séparant de Vannuchi, de Kilic, berther, et en perdant Boucher, Courtet, Puygrenier et d'autres déjà rendus sur prêt tel Guirrassy, que l'AJA va pouvoir rivaliser la saison prochaine. car il faudra au nouvel entraîneur à nouveau reconstruire ... or il faut au moins quatre ans pour qu'une équipe en place arrive à maturité.
Que ce soit Furlan ou Vasseur le successeur de JLV annoncé à Guingamp, ausssi bons soient-ils ils ne pourront accomplir des miracles
Oui, PJG, je l'avais déjà signalé il y a trois ans, la seule alternative, c'est d'envisager un nouveau départ. Le milieu de tableau est le seul classement possible dans l'ornière où l'ont mis les trois ménestrels du temps jadis. Aussi envisager la ligue 1, est une utopique au regard de l'envergure de cette AJA. Seul un regroupement régional serait la solution avec Dijon, Troyes...comment envisager la chose autrement.....Il faut se rendre à l'évidence hélas.....