André Villiers a fait savoir qu'il rejetait la proposition de compromis des intercommunalités de l'Yonne.

« Je camperai définitivement sur 31 € * (et non 27 euros comme budgété en recettes au BP 2016 du CD 89 Ndlr) et je ne descendrai pas un euro en dessous. »

Pourquoi ?

Parce qu'il affirme s'être engagé, personnellement, à financer un million d'euros de subventions aux agriculteurs de l'Yonne frappés par la crise, au travers des 4 euros de différence par action, soit un peu plus de 300 000 euros. Les 700 000 euros restants étant financés par la ligne budgétaire consacrée à la ligne Espace Naturel Sensible dans le budget primitif 2016.

Si une réponse doit être donnée en novembre, André Villiers dispose encore de temps quand bien même les jours sont-ils comptés.

Deux hypothèses sont suggérées.

L'une consiste à interpréter cette annonce présidentielle comme une manière de reprendre la main suite à la proposition de compromis du groupe des intercommunalités, dont la qualité a ébranlé certains préjugés.

Non seulement André Villiers ne perd pas la face mais il se donne la possibilité éventuelle de faire une contre-proposition en forme de nouvelle proposition de compromis.

Puisque le conseil départemental de l'Yonne joue la montre, objectivement, depuis la publication de la loi NOTRe, il ne serait pas incohérent dans cette logique, qu'il épuise le temps imparti jusqu'à la dernière seconde.

Dans cette éventualité, on peut admettre que André Villiers veuille mettre la barre plus haut, sous forme de surrenchère.

 

Larrivé tire les ficelles

 

- "Ah, vous pouvez payer en distribuant 1 million de dividendes prélevés sur la trésorie de Yonne Équipement (6 millions d'euros disponibles pour faire face aux risques de non paiement des loyers dus par les entreprises ou d'un coup dur), eh bien distribuez-en un deuxième million qui ne vous laissera pas sur la paille et nous ferons affaire ... "

Langage de maquignon ? Peut-être. Il tranche en tout cas avec les normes et convenances établies et peut effectivement faire pousser des cris d'orffraie aux âmes sensibles.

La deuxième hypothèse serait que quoiqu'il arrive, André Villiers aille au bout de sa démarche entreprise de longue date avec une cohérence certaine dans l'obstination. Pour des motifs divers notamment politiques.

Céder la gouvernance de Yonne Équipement - que le conseil départemental de l'Yonne a déjà paradoxalement perdue au sein du conseil d'administration de la SEM Yonne Équipement ce qui est singulier voire irresponsable de la part d'un actionnaire majoritaire ; reviendrait à confier les clés aux intercommunalités de l'Yonne.

Or parmi celles-ci deux personnages apparaissent comme des ennemis jurés non seulement d'André Villiers mais aussi du député LR Guillaume Larrivé qui a permis l'élection de l'élu de l'Avallonnais à la présidence du conseil départemental de l'Yonne aux dépens de son jeune coéquipier et concurrent LR Jean-Baptiste Lemoyne.

L'un et l'autre vouent une quasi haine envers Henri de Raincourt, sénateur LR du nord de l'Yonne et à Guy Férez, maire PS d'Auxerre, président de la communauté d'agglomération des communes de l'Auxerrois et président du PETR du Grand Auxerrois.

L'idée que l'un ou l'autre puisse devenir président de Yonne Équipement leur paraît tout simplement inadmissible et leur est insupportable.

Nous apporterons un bémol à cette issue fatale, dût-elle aboutir.

La nature ayant horreur du vide, et une certaine dose de bons sens gisant au fond de chaque élu, quelle que soit sa couleur politique, il ne faudra pas longtemps pour que soit recréée une SEM Yonne Développement ou autre dénomination. Avec les intercos et la région aux manettes, comme le veut la loi. Le symbole du Phénix.

On se demande dans cette affaire, si parfois, l'intérêt général de l'Yonne, est bien pris en compte.


Pierre-Jules GAYE

 

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(*) 31 euros c'est la valeur fixée par le cabinet de conseil du conseil départemental

 

L'UDI André Villiers et le LR Guillaume Larrivé avaient tiré la sonnette d'alarme sur la perte de la compétence économique du département, le 27 février 2015 (DR)

 

 

RÉACTIONS

 

Henri de Raincourt : le degré zéro de la politique, je n'ai jamais connu cela ...

Nicolas Soret : je vais démissionner ...