Faut-il s'étonner de la relativement faible participation au premier tour de la primaire conçue pour réinvestir François Hollande ? Elle est apparue comme un pensum à accomplir et ne fut l'objet que d'une campagne éclair et low cost.

C'est celui qui a privilégié une vision nouvelle avec le revenu universel déconnecté du travail, la légalisation du cannabis et la taxation des robots, qui a surgi de nulle part, alors que personne n'aurait misé un kopek sur lui voilà deux mois. Quelque part, Benoît Hamon a donné matière à réfléchir et provoqué le débat.

Hamon, 49 ans, le plus à gauche des candidats à la primaire, veut écrire une nouvelle page de la gauche en France sous le signe de l'espoir et du renouveau. En tout cas cela signe la fin des vieilles approches qui ne fonctionnent plus à gauche.

Manuel Valls premier ministre sortant qui a du se métamorphoser en un temps record quitte à brouiller son image, explique que désormais le choix est clair à faire entre une défaite assurée en raison de promesses irréalisables et infinançables  - en cas de victoire de Hamon au deuxième tour - et une victoire possible - si Valls est élu - avec une gauche crédible et responsable.

Au-delà de ce duel, mis en perspective pour le premier tour de l'élection présidentielle, la donne politique a bien changé.

Jean-Luc Mélenchon le Front de gauche des insoumis appuyé par le Parti communiste est candidat depuis longtemps hors de toute primaire à gauche, une position réfléchie estimant que Hollande serait automatiquement réinvesti. Il roule pour lui.

Emmanuel Macron, ministre de l'Économie et des finances de Hollande, qui se dit de gauche, l'homme des médias et de la finance, s'est également placé sur la ligne de départ, hors de la primaire, aux dés pipés. Il rallie nombre de socialistes et en ralliera d'autres si Hamon est investi candidat à l'élection présidentielle par le PS et ses alliés écolos et PRG.

La ligne de fracture est claire qui confirme et légitimise les positions des frondeurs du PS. La gauche qui avait su se rassembler autour de François Mitterrand malgré ses différences puis de lionel Jospin et François Hollande au pluriel, a retrouvé ses fractures profondes, historiques, sa ligne de partage entre révolutionnaires et réformateurs.

Le fleuve et la rivière ont regagné leur lit.

Un mouvement qui correspond à l'atmosphère ambiante de repli sur soi et d'individualisme. D'un mot, l'échec programmé.

 

P-J. G.