Des centaines ont défilé à Auxerre pour le maintien du collège Bienvenu-Martin

Élus, parents d'élèves, enseignants, syndicalistes, d'Auxerre et alentour, ont défilé dans la cité jusqu'à la préfecture, samedi en fin de matinée, pour demander le maintien du collège Bienvenu-Martin que le conseil départemental de l'Yonne aurait l'intention de fermer, le 12 avril.

Des prises de parole ont eu lieu, certaines poignantes telle cette étudiante en médecine issue de Bienvenu-Martin ou encore une ancienne enseignante qui dit avoir connu et vécu quatre menaces de fermeture.

Le maire d'Auxerre Guy Férez, lui aussi ancien collégien à Bienvenu-Martin, a expliqué qu'il était prêt à tout pour obtenir le maintien du collège dans un quartier en réseau d'éducation prioritaire et qui va être l'objet d'un contrat dans le cadre de l'Anru (rénovation urbaine). Une fermeture constituerait une incohérence majeure. Pas de collège, pas d'Anru.

La Ville est prête à mettre un parking rénové pour accueillir des algécos comme cela se fait ailleurs pour d'autres collèges lors de travaux (le CD 89 a balayé cette hypothèse au prétexte du coût et de fondations nécessaires ...), elle est prête à participer au financement du coût des travaux de restauration des façades du collège estimés à 5,3 millions d'euros, à hauteur de 1,8 millions d'euros, après la chute d'une fenêtre à la veille des vacances de Noël, qui a justifié la fermeture partielle du collège.

Incohérences

L'incohérence est clairement du côté du Département qui vient de voter le budget 2019 sans prendre en compte une ligne budgétaire concernant les travaux au collège Bienvenu-Martin et en annonçant, en même temps, que l'assemblée dépatermentale trancherait par un vote le 12 avril, sur l'avenir du collège que ladite assemblée a déjà condamné à la fermeture une première fois, voilà deux ans, avant que le préfet refuse de signer l'arrêté de fermeture argumentation forte à l'appui.

Incohérence parce que les travaux en question ont été diagnostiqués il y a longtemps mais jamais programmés au programme pluriannuel de travaux dans les collèges.

À la décharge du Conseil départemental, on peut dire que tous les collèges de l'Yonne (31) ont besoin de travaux et qu'il ne peut tout faire d'un coup.

Cependant, ces travaux de façades à Bienvenu-Martin présentaient un caractère d'urgence qui a été négligé.

Le projet politique d'André Villiers, le président précédent, était de fermer le collège officiellement, au nom de la rationalisation des moyens, 800 places disponibles ayant été recensées dans les établissements auxerrois. Ce qui mettait à mal un quartier sensible classé en REP (réseau d'éducation prioritaire), le seul à Auxerre et négligeait les conséquences de cette démarche purement quantitative, compréhensible certes. Mais aux dépens des conséquences futures de la fermeture d'un collège sur les autres collèges dans les domaines pédagogique et social.

Incohérence encore parce que les deux audits réalisés suite à la chute d'une fenêtre à la veille de Noël 2018, n'ont pas été communiqués ni présentés aux élus départementaux. En outre, il a été "vendu", lors du séminaire collèges du 13 février, des "désordres structuraux", alors qu'aucune étude de structure n'a été réalisée. Le coût estimé entre 50 et 80 000 euros explique cela, selon le président Patrick Gendraud. Nombres d'élus n'ont pris conscience que tardivement de cette lacune.

Un jeu de dupes

L'un d'entre eux, Françoise Roure, conseillère départementale du Jovinien, dont le mari est architecte, ne comprenait pas et a demandé à voir les documents. Elle a finalement pu les consulter, après un long délai d'attente dit-elle, sur site, c'est-à-dire dans un bureau des services du Département. Sur les photos il apparaît que l'on peut voir des désordres sur les façades, entités arrimées à la structure en béton.

Incohérence suprême, enfin, et sans doute la pire, exprimée par le président du Département lors de notre interview : il n'est pas sûr que la structure du collège puisse supporter le poids des nouvelles façades envisagées compte tenu des nouvelles normes notamment en matière d'isolation.

Autrement dit, les conseillers départementaux vont devoir trancher sur un dossier, le 12 avril, dans moins d'un mois, qui ne comporte pas d'étude de structure du collège qui présente peut-être des désordres (on ne sait pas et pour cause) et sur lequel il faudrait éventuellement engager des travaux de façades à hauteur de 5,3 millions, précédemment estimés à 4 millions d'euros, dont on ne sait si ladite structure sera capable de les supporter. Bref le pompom. Ni fait ni à faire. De qui se moque-t-on ?

Il est évident qu'aucun conseiller départemental un tant soit peu sain d'esprit, ne peut voter en faveur des travaux et de la pérennité du collège en question dans ces conditions. Il n'y a donc pas le choix. Bref, objectivement, tout concorde pour l'arrêt et la fermeture du collège. La procédure en cours est donc un jeu de dupes depuis le début.

"Installation de préfabriqués seule solution"

Pour les professeurs, les syndicats et les parents d'élèves, il n'y a pas d'autre solution que l'installation de préfabriqués dans la cour du collège. "Les élèves ont été envoyés dans des locaux insalubres, exposés à l'amiante pendant un trimestre pour une fenêtre décrochée au collège Bienvenu-Martin. La directrice académique des services de l'Éducation nationale a maintenant accéléré la répartition des élèves dans les autres collèges d'Auxerre à la rentrée de septembre pour mettre la clé sous le paillasson !", lit-on sur un tract diffusé par le Parti ouvrier indépendant démocratique lors du rassemblement et du défilé, samedi en fin de matinée.

Les enseignants veulent que le retour de tous les cours dans le site du collège Bienvenu-Martin, soit organisé à la rentrée de Pâques. " Qui croirait un instant au retour des élèves après les avoir installés dans les autres collèges ?"

Pour accueillir les enfants de la Zac, de la ZUP, de Vallan, de Gy l'Évêque, Gurgy et Lindry, la seule solution est le maintien du collège dans son intégrité morale.

Pierre-Jules GAYE

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Journée "collèges morts" jeudi 28 mars

Une journée "collèges morts" est prévue jeudi 28 mars.

Les parents de l'Auxerrois sont invités à ne pas envoyer leurs enfants au collège pour manifester leur inquiétude et leur solidarité avec le personnel et les élèves du collège Bienvenu-Martin.

Commentaires

1. Le mardi 19 mars 2019, 23:15 par Pj Gaye pour la Rédaction

La ville mettra 500 000€ sur les crédits dits de droit commun, et les financements ANRU pourront se monter à 20% du coût des travaux.
Il faut toutefois que la Ville soit sollicitée par le Conseil départemental.
Ces décisions doivent encore être confirmées, respectivement par le conseil municipal et les instances décisionnaires de l'ANRU.

La Ville est aussi prête à mettre à disposition gratuitement l'espace public nécessaire pour implanter les bâtiments modulaires (les "Algecos").

2. Le dimanche 17 mars 2019, 17:29 par BOB

Gorillo, d'où tenez vous votre source? si les écoles entrent bien dans le cadre de l'ANRU, il n'est nul par marqué que les collèges entrent dedans.

Périmètre d’intervention

Parmi les 751 ZUS, l’Agence a pour mission de traiter en priorité les quartiers les plus vulnérables. Environ 90 % de son budget est consacré à la mise en œuvre de conventions pluriannuelles pour les « 215 sites prioritaires » qui rencontrent les plus grandes difficultés sociales, urbaines et économiques et les « 342 sites supplémentaires» confrontés à des situations sociales, urbaines et économiques difficiles, en métropole comme en outre-mer.
Sur ces quartiers, l’ANRU participe à :
la reconstitution des logements sociaux démolis,
la réhabilitation et la résidentialisation de logements locatifs,
la démolition de logements pour une meilleure organisation urbaine ou pour cause de vétusté,
à des actions sur des copropriétés dégradées,
l’amélioration des espaces urbains et la création de voies délimitant des îlots et désenclavant le quartier,
le développement des équipements publics incluant la livraison de nombreuses écoles,
la création ou la rénovation d’équipements commerciaux, sociaux et culturels,
l’ingénierie nécessaire à la mise en œuvre et à la conduite des projets.

3. Le dimanche 17 mars 2019, 17:05 par Patrice Pimoulle

Il faut serier les questions. L'integrite morale est une chose, l'integrite de la construction une autre chose. N'y a t-il aucune experience pouvant servir a la decision a venir? Les assureurs connaissent bien le sujet. L'integrite morale peut-elle justifier la reparation, necessairement approximative, d'un batiment vetuste et potentiellement dangereux? Il y a un temps ou la passion doit ceder a la raison.

4. Le dimanche 17 mars 2019, 15:38 par gorlio

Il y a deux ans, il y avait tout autant dl'éus pour défendre le collège des hauts d'Auxerre. Il n'y avait pas d'élections municipales en vue.
Pour le reste, c'est l'État qui tranchera car c'est le préfet qui a le dernier mot dans la mesure où l doit signer un arrêté de fermeture.
Or il a refusé de le faire voilà deux ans et a dit qu'on y revindrait pas et que tout sera fait pour faire du collège un établisement d'excellence. Il avait promis des fonds publics pour les travaux sur des crédits d'État.
Quant au coup de maguette magique évoqué par bernard boucherat la mouche du coche, elle n'a rien de magique : 500 000 euros en investissement dans l'enveloppe anneulle de 11 millions prévue et 1,3 millions dans le cadre de la convention de rénovation urbaine signée avec l'Anru.

5. Le dimanche 17 mars 2019, 14:03 par bernardboucherat

Beaucoup d'élus d'Auxerre en tête de cortège, à un an des élections municipales. C'est sans doute normal dirons les vieux politiciens. Sans préjugé du fond de cette éducation à deux vitesse et de la décision du CD , je me souviens que lorsqu'à Paul Bert la ZEP a été supprimée, les loups ont hurlé, mais cela s'est bien passé pour les élèves. Une zep n'a pas vocation à être éternelle. Dommage que l'après midi, ces mêmes élus étaient aux abonnés absents, pour la Manif sur le climat. Admettons qu'un mécène sauve le collège, il sera le bienvenu mais aura t'il assez d'argent, comme l'a si bien dit un jeune, pour acheter une autre planète.
Je ne veux pas être défaitiste, mais tout le monde connaît l'antagonisme entre la ville d'Auxerre et le Conseil Départementale et tout le monde sait que les hauts d'Auxerre sont une réserve de voix à préserver. La Mairie d'un seul coup de baguette magique trouverait 1, 8 million d' euros pour subventionner le Conseil Départemental, ce qui réduirait la facture estimée à 5, 3 millions d'euros. Mais que dira la cour des comptes sur cette dépense alors qu'Auxerre n'a pas la compétence collège? Et plus concrètement ou l'Adjoint aux finances va t-il trouver l'argent? Si le Conseil Départemental refuse de payer une étude de structure, alors pour financer les 80000 euros necéssaire, peut-être que la ville pourrait demander une dérogation au Préfet, mais il est bien tard. Pourtant cette étude est indispensable pour les élus du CD, afin qu'il décide en toute connaissance.

LA CITE