Le motif invoqué pour justifier la suspension provisoire de Jean-Philippe Bailly, en attendant que son cas soit examiné par la Commission nationale de transparence et d'éthique de l'UDI (union des démocrates et indépendants), est d'ordre politique.

Certains lui reprochent d'avoir accepté de faire partie de la liste d'ouverture du maire soclaliste d'Auxerre Guy Férez aux élections municipales de 2014 et de ne pas voter de la même manière que les deux conseillers d'opposition UDI, Jean-Pierre Bosquet et Élisabeth Carré-Billebault.

Ce n'est pas nouveau. Jean-Philippe Bailly avait déjà été suspendu une première fois, avec Jean-Paul Soury, en mars 2014 au même motif, avant d'être réintégré au mois d'août 2015.

Les élections à l'UDI dans l'Yonne doivent avoir lieu, en principe, le 2 juillet, après avoir été différées le 21 mai les quelques 140 adhérents n'ayant pas reçu de convocation. L'enjeu est l'élection du comité directeur de l'UDI qui est une fédération de partis (Nouveau centre, Parti radical valoisien, Force européenne démocrate et adhérents directs) ainsi que celle d'un nouveau président départemental. En effet le président sortant André Villiers, n'a pas repris sa carte à l'UDI en 2015 et ne peut donc se représenter non plus que voter pour cette élection.

Or deux listes étaient en présence, la première emmenée par Dominique Vérien (Parti Radical) et la seconde par Jean-Philippe Bailly (Nouveau centre).

Il ne pourrait donc y en avoir plus qu'une seule, puisqu'une tête de liste est suspendue, que le recours n'est pas suspensif, et que l'élection prévue le 2 juillet arrive dans un délai très court. À moins qu'une nouvelle tête de liste surgisse au dernier moment.

 

André Villiers en campagne

 

Il faut savoir que Jean-Philippe Bailly élu récemment président du Nouveau Centre 89 qui succède à André Villiers, soutient Hervé Morin qui lui-même entend soutenir le candidat à la primaire LR le plus proche de ses idées. André Villiers, lui, est dans le sillage de Christophe Lagarde, le nouveau président national de l'UDI (Force européenne démocrate), qui compte bien se présenter à l'élection présidentielle avec l'étiquette UDI.

Autrement dit, l'enjeu de la présidence de l'UDI dans l'Yonne est d'importance, notamment dans la perspective des investitures aux élections législatives de 2017. André Villiers qui est déjà en campagne, a demandé l'investiture de l'UDI au plan national dans un courrier officiel.

Il est clair que l'ancien président de l'UDI 89 a davantage intérêt à collaborer avec la radicale valoisienne Dominique Vérien, une proche, plutôt qu'avec Jean-Philippe Bailly qui lui a raflé la présidence du Nouveau centre. Et le député LR Guillaume Larrivé, chef de l'opposition au conseil municipal d'Auxerre aussi, car il fadura négocier les investitures aux législatives.

Il reste qu'au-delà de la cuisine interne, cette suspension semble instrumentée à dessein. Une espèce de double peine qui tombe comme par hasard au moment utile empêchant J-P Bailly de se présenter, alors qu'il a déjà purgé un an pour le même motif.

 

Pierre-Jules GAYE