L'association AJA présidée par Henri Maupoil est-elle devenue la courroie de transmission de la nouvelle direction et du nouveau propriétaire du club du patro, ou demeure-t-elle suffisamment indépendante pour tenir tête au nouveau tôlier ? Sachant que propriétaire des bâtiments et terrains, elle n'a pas les moyens financiers de son objet, se trouvant donc en situation de dépendance voire de soumission, sauf à convaincre le boss.

 

Devant le fait accompli

Ils sont 42 membres qui vont devoir se prononcer, lundi soir, à partir de 18h30, sur la privatisation de la direction et de la gestion des études du centre de formation de la route de Vaux, institution connue et reconnue par delà les frontières, qui a fait ses preuves tant sur le plan sportif que sur le plan de l'éducation, véritable marque de fabrique et honneur de l'AJA. Une école qui fonctionne globalement bien et équilibre ses comptes (un budget de 500 000 à 700 000 euros selon les sources), si l'on en croit les rapports financiers de ces dernières années, grâce à la taxe d'apprentissage et aux subventions formation. Ou alors beaucoup de monde a été objectivement trompé.

En fait, les membres de l'association ont été mis devant le fait accompli de ce qui ne constituerait pour le président Henri Maupoil "qu'un simple et pure acte de gestion courante". L'association AJA est en effet responsable de l'École privée du Moulin de Preuilly, association agréée à but non lucratif, dont le directeur est (fut) Christian Jadot, professeur au lycée Jacques-Amyot qui a succédé à Claude Soyer à l'automne 2012. Fut, parce que Christian Jadot a démissionné de son poste dans la foulée de la décision de confier la gestion des études du centre de formation dont il avait la charge à la société commerciale "Sport Études Concept" au capital de 7 622, 45 euros.

 

Profs en colère

Les quelques 40 professeurs vacataires du centre de formation de l'AJA sont remontés car ils ne comprennent pas la logique sans évoquer la méthode utilisée brutale et sans concertation. Selon eux, il n'y a pas de dysfonctionnement. Lors d'un entretien pour Auxerre TV, Henri Maupoli a évoqué des élèves non scolarisés. Or ces élèves en nombre très limité auraient plus de 16 ans et sont donc libres, l'école n'étant pas obligatoire au-delà de l'âge légal. Alors en quoi une société privée serait capable de faire mieux que ce qui se fait aujourd'hui et par le passé ?

Des économies ? Alors là oui mais n'importe qui peut les faire, c'est facile affirme l'un d'eux : " il suffit de diminuer les nombre de filières, les heures de cours, le nombre de semaines de cours et de moins payer les professeurs.... Or c'est excatement ce que veut faire la société Sport Études Concept ".

Les professeurs n'ont en outre pas digéré les "mensonges" qu'aurait proféré sans vergogne le représentant de ladite société lors de la réunion du 20 août, pour vanter sa compétence et vendre son image. Un autre professeur qui veut garder l'anonymat ajoute : " Demandez à Fabien Cool (l'ancien gardien pro de l'AJA), son fils est en sports études tennis et c'est cette société Sports Études Concept qui gère ses études.... Or c'est le CNED qui assure par correspondance les cours et ce sont des étudiants qui vérifient s'il fait ses devoirs...Sans commentaire".

 

Roux et Parmentier à l'écoute

Pas étonnant que seuls 2 professeurs sur les 42, ont été recrutés par la nouvelle société privée en charge des études au centre de formation de l'AJA, qui a reçu les profs un par un, mardi dernier. "Personne ne veut travailler avec eux..."

En attendant, le collectif des professeurs a adressé une lettre recommandée avec accusé de réception au directeur général de l'AJA Fabrice Herrault.

Les professeurs ont rencontré, dimanche, Guy Roux et Michel Parmentier membres du conseil d'administration de l'association AJA, de retour de vacances, qui n'étaient pas au courant des évolutions et n'avaient pu assister à la réunion du conseil d'administration de l'association, vendredi. Henri Maupoil n'est pas venu à la réunion de dimanche.

L'enjeu de l'assemblée générale de lundi soir, est donc la découverte de la nouvelle donne et la ratification de la décision prise par une délibération, le cas échéant, de la remise en cause de quelque chose qui a particulièrement bien fonctionné à l'AJA pendant des décennies.

À moins que la majorité ne considère en effet, que la délégation de la direction et de la gestion des études du centre de formation de l'AJA à une société privée dont le but est de faire du bénéfice, ne "constitue qu'un simple et pur acte de gestion". Bref, circulez, il n'y a rien à voir.

Dans cette hypothèse, gageons que les dossiers de la salle de sport près du rugby qui menace ruine, l'incendie de vestiaires amateurs voilà peu et l'élection de deux nouveaux membres au conseil d'administration occuperont l'essentiel des débats. Henri Maupoil passera la main l'année prochaine et prépare sa succesion.

 

P-J. G.

 

ACTUALISÉ mardi 7h30 //

 

Deux nouveaux administrateurs

L'association AJA a élu, lundi soir, lors de l'assemblée générale, deux nouveaux administrateurs. L'un d'entre eux pourrait (devrait) succéder au président Henri Maupoil qui entame sa dernière année de mandat.

Il s'agit de Robert Clairay gros sponsor à l'AJA, pneus à Montargis notamment et Alain Géhin, patron de l'hôtel Ibis centre ville Auxerre. Alain Géhin est un des trois repreneurs locaux avec Joël Loubert et Frédéric Carre qui voulaient sauver l'AJA en proposant un plan de reprise subordonné à la participation des collectivités locales : ils avaient réuni près de 3 millions d'euros pas assez pour reprendre le club vendu 5 millions à Centuria Capital.

Le budget de l'association est de l'ordre de 1 millions d'euros, les recettes de 400 000 euros. La SAOS AJA XL, le propriétaire du club, comble donc la différence.

 

 

EN SAVOIR PLUS 

 

Un centre flambant neuf

Doté de 14 salles de classe, le tout sur 5 hectares, le nouveau centre de formation de l'AJA est opérationnel depuis une semaine après deux ans de travaux. Il accueille 70 jeunes apprentis footballeurs âgés de 12 à 19 ans.

L'un des avantages du nouveau centre de formation : tout est regroupé sur place.  Après les cours, direction les chambres, toutes individuelles, pour se changer et prendre ses affaires.  Puis à l'heure de  l'entraînement, on rejoint immédiatement vestiaires et pelouse ainsi que le pôle médical, situé juste en dessous.. Avec ce centre dernier cri, le club espère redynamiser la formation, qui fait depuis toujours partie de son identité et lui a permis de faire émerger nombre de joueurs de classe nationale, voire internationale.

Mais si les dirigeants misent énormément sur ce nouvel outil pour renouer avec le passé glorieux de l'AJA, il semble bien que le centre aura partie liée avec l'avenir du club lui même.