Et puis c’est Charlemagne qui, soucieux de la qualité, donna aux moines le monopole de la fabrication de la bière, et c’est Jean sans Peur, duc de Bourgogne qui, au XVème siècle, imposa le houblon comme arôme principal de la bière. Suivant la règle de leur ordre, les moines bénédictins accueillaient volontiers les gens de passage, et leur servaient déjà une bière épaisse, bouillie lors de son élaboration, bien plus saine que l'eau courante, et évidemment plus nourrissante.

 

Aujourd’hui, les micro-brasseries fleurissent dans le  département de la Côte d’Or, mais ce renouveau ne doit pas faire oublier l’ancienneté de cette production. Deux brasseurs étaient déjà signalés en 1839 à Fontaine-Française et la rue Fourcault est encore souvent appelée « chemin de la brasserie », un tel établissement ayant été implanté à proximité de l’actuelle salle des fêtes. La fabrication de bière est à relier à la très importante culture du houblon dans la région, développée après la guerre de 1870 (après la perte de l’Alsace Lorraine) dont l’évolution et l’économie ont été magistralement retracées et analysées par Dominique Bourguignon dans les récents numéros de la revue Terroir de la Société Historique et Historique et Touristique de la Région de Fontaine- Française (numéros 147 et 148). Les modes de culture de la plante, ses divers usages depuis l’époque romaine, son introduction dans la recette de la bière au Moyen Âge, son développement depuis les premiers essais de Victor Noël à Beire-le-Châtel en 1833 jusqu’aux foires de renommée nationale à Fontaine-Française en 1900, les problèmes de surproduction et de concurrence étrangère, transparaissent à travers l’évolution des paysages du canton, les hautes perches apparaissant et disparaissant des photographies au fil du temps

Le Houblon de Rivières-Les-Fosses faisait partie des "Houblons de Bourgogne", introduit en 1833 à Beire le Châtel par Victor Noël, maître de forges.

Sentant les mines de fer locales péricliter, il a vraisemblablement voulu apporter une autre source de richesse.

Administrativement et même religieusement, la Haute-Marne et la Bourgogne sont liées (la région dijonnaise dépendait du diocèse de Langres jusqu’ en 1733). Rivière-Les-Fosses se situe en limite des deux départements.

En 1957, sur les 125 hectares des Houblons de Bourgogne (exploités par 700 planteurs), 10 hectares sont cultivés à Rivière-Les-Fosses (par 30 à 35 planteurs) et à Chalancey.

C'est monsieur Noble, Conseiller Général du Canton de Prauthoy, qui reprit l'idée de son oncle Victor Noël vers 1850. Il fut suivi par monsieur Petit de la Fontanelle, maire d'Aulnoy (dans le canton d'Auberive) qui vers 1880 encouragea la culture du houblon pour remplacer la vigne anéantie par le phylloxera. Ces cent cinquante années de culture n’ont laissé que quelques traces qui définissent en pointillés une « route de la bière » : le monument à Victor Noël à Beire-le-Châtel, un pied de houblon à Bèze, quelques pieds à Saint Maurice sur Vingeanne, un lieu-dit à Fontaine-Française, la maison du houblon à Rivière les fosses … et des micro-brasseries à Saint-Maurice-sur-Vingeanne et à Talmay.

Pied de Houblon à St-Maurice sur Vingeanne. Photo Rémy Monget (D.R.)

Les moines de l'Abbaye de Scourmont, à Chimay produisent de la bière, ils appartiennent à l'Ordre Cisterciens de la Stricte Observance, appelés communément Trappistes. Ces moines suivent la Règle de Saint Benoît (remontant au 6e siècle), tirent leur nom de "Cisterciens" du monastère de Cîteaux, fondé en Bourgogne au 12e siècle.

Les monastères Cisterciens sont regroupés en deux grands Ordres, dont l'un se rattache historiquement à l'Abbaye de La Grande Trappe, en Normandie. De là vient le nom populaire de "Trappistes".

Les moines consacrent leur vie à la louange de Dieu dans la prière et la méditation. Faisant le vœu de célibat, ils vivent en communauté, sous la direction d'un Abbé et renoncent à toute possession privée. Ils ont à cœur de vivre de leur propre travail et s'efforcent de se procurer aussi par ce travail de quoi aider les plus pauvres.

Le travail des moines fut longtemps essentiellement la culture des champs, mais s'est étendu à l'époque moderne à de petites industries, surtout dans le domaine agroalimentaire. C'est ainsi que, dans les pays du Nord, depuis quelques siècles, ils brassent des bières et produisent des fromages.

Eduard von Grützner - Le bon vivant, ou le moine capucin (1904)

La bière des moines cisterciens de Chimay est de renommée mondiale comme celle d’Orval ou de Westemalle.  La dénomination de bière trappiste est accordée aux seules bières produites par ou sous le contrôle des moines de l'ordre. Les bières trappistes ont toutes un logo hexagonal Authentic trappist product sur leur étiquette. Il y avait en 2013 seulement dix brasseries possédant cette appellation, six belges, deux néerlandaises, une autrichienne et une américaine. En juin 2011, l'abbaye du Mont des Cats a annoncé la reprise de son activité brassicole arrêtée il y a plus de cent ans. Une huitième bière trappiste, seule française, a donc vu le jour et devrait avoir le logo Authentic trappist product.

Logo authentifiant la trappiste

Selon la légende, la bière augmenterait la production de lait chez les nourrices. Certains disent que la bière rendrait la consommation de la bière rendait plus costauds et résistants aux maladies, vertus que l’on prête à la levure de bière.

         Rémy Monget

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