AJA
AJA XXL … ou S ?
le mardi 23 juillet 2013, 13:16 - AJA - Lien permanent
La défaite cuisante en match de préparation
contre Metz (0-4) a l’avantage de permettre à Bernard Casoni de mettre la
pression sur le président Guy Cotret qui n'a pas encore cassé sa tirelire
Bernard Casoni a des valeurs et des principes (DR)
Avec un budget en diminution de 4,5 millions d’euros par rapport à la saison dernière (de 21,5 millions d’euros à 17), un budget encadré par la DNCG ( en gros, pas question d’acheter sans vendre), on savait qu’il ne fallait pas s’attendre à des miracles, au point du jour de la nouvelle saison 2013-2014.
On oublie l’essentiel, c’est qu’une holding financière luxembourgeoise a sauvé in extremis l’AJA du dépôt de bilan et de la relégation en CFA voire la division d’honneur avec son cortège de licenciements et la fermeture du centre de formation, flambant neuf. La filiale PLP, bras armé de la holding Centuria Capital, société financière d’investissement, a amené les 5 millions d’euros exigés par la Direction nationale du contrôle des budgets de la Ligue professionnelle de football. Avec en contrepartie, la prise de participation majoritaire (plus de 65%) au sein de la nouvelle structure juridique SAOS (société à objet sportif) AJA XXL dans laquelle l’association AJA (40 membres) présidée par Henri Maupoil, détient un peu moins de 35% des actions.
Le président Guy Cotret a, dès le départ, été clair : il n’y aurait pas un kopek d’investi dans le recrutement d’autant que le marché s’est retourné. Les clubs sont exsangues et certains tel le grand Lyon très endettés. Le phénomène n’est pas français mais touche l’ensemble du football européen. D’un mot, personne n’a les moyens d’acheter (hors Monaco et le PSG qui disposent de fonds puits sans fond) et la plupart des clubs doivent vendre des joueurs. Autrement dit, l’offre de joueurs sur le marché est supérieure de loin à la demande. Sachant en outre que les salaires à servir sont exorbitants pour ne pas dire déments. Le foot professionnel est bien dans une bulle financière qui ne demande qu'à éclater, comme pour les subprimes.
Pas un kopek d’investi par l’AJA parce que le club qui doit réduire ses dépenses de 4,5 millions d’euros, ne va pas commencer par les augmenter sans garanties. La DNCG ne le permettrait d’ailleurs pas et poserait son veto.
Une dizaine de joueurs ont déjà quitté le club sans que ces derniers pourtant formés à Auxerre ne génèrent une rentrée d’argent, à l’exception de deux ou trois d’entre eux, pour des sommes modiques voire symboliques.
Une partie de poker
Dans ces conditions, la seule carte à jouer était et est d’être patient pendant le mercato en attendant qu’il se décante avant sa fermeture, le 3 septembre. D’ici là, des joueurs d’Auxerre tels Boly, Coulibaly et d’autres pourraient quitter le club, d’autant que ce dernier cherche à les placer afin d’une part de réduire la masse salariale trop importante et d’engranger, le cas échéant, un peu d’argent frais, d'autre part.
La patience est également de rigueur pour débusquer l’affaire rare, l’opportunité, voire rafler une mise dans les derniers instants début septembre. En somme, cela ressemble à une vraie partie de poker. Ce ne sont pas les cartes qui sont importantes, c’est ce qu’on en fait.
Bernard Casoni, qui a sauvé l’AJA d’une relégation qui semblait promise début janvier, était et demeure parfaitement conscient de ces contraintes. Il en a en outre une expérience certaine par le passé à Bastia et à Évian.
On ne va pas rejouer le match de Jean-Guy Wallemme qui donna pour explication des mauvais résultats en début de saison dernière, la relative démobilisation de joueurs au mois d’août qui ne savaient pas s’ils allaient rester ou pas sachant que d’aucuns souhaitaient partir.
Bernard Casoni entre autres qualités, est un homme droit et fidèle qui tient ses engagements. Il n’est pas du genre à déroger à ses principes.
Une pointe, un ailier droit et un patron
Aussi ne faudrait-il mal interpréter ses propos d’après match après la déconfiture (très relative et ponctuelle) face à Metz. Il a fait état de sa perplexité, de son inquiétude et expliqué que « on sait qu’on est en difficulté … je ne suis pas surpris de ce qui nous arrive ». Il a également affirmé que le potentiel de son groupe était limité et qu’il attendait des renforts depuis un mois. Et que ces renforts ne venaient pas.
L’AJA manque de poids devant et de puissance selon Casoni, des joueurs n’ont pas été remplacés. En attendant il faut faire avec et tenter de trouver des solutions.
Les priorités du président Guy Cotret et du coach en termes de recrutement à « zéro euro », affirmées et répétées depuis plus d’un mois, sont une « pointe » et un ailier droit. On y ajoutera, un meneur, un patron au milieu, un joueur d’expérience, style le danois Poulsen que Casoni réussit à faire venir de Liverpool en prêt à Évian-Thonon, où il fut le métronome de l’équipe.
Amener un métronome patron à l’AJA et vous verrez qu’il fera jouer l’équipe lui ajoutant un surcroît d’âme et d’intelligence collective, favorisant la confiance qui permet aux jeunes inexpérimentés de se révéler et de s'épanouir. Un patron c’est ce qui manque à Auxerre depuis belle lurette. Non pas une vedette, une star, mais un vrai footballeur professionnel, voué au collectif, chargé d’expérience, de vision et d'esprit de sacrifice.
Il ne nous l’a pas dit mais il y a fort à parier que Bernard Casoni regrette qu’Auxerre ait laissé passer l’occasion d’enrôler Jérôme Rothen, disponible après son départ de Bastia, même si la personnalité de ce dernier est contestée dans le milieu des amateurs de foot. Rothen a choisi Caen parce que l’offre de l’AJA n’était pas attrayante.
Si tel est le cas, pourquoi le président Guy Cotret, proche de Bernard Casoni en contrat (non renouvelé) jusqu’à la fin de l’année civile, n’a-t-il pas cassé la tirelire ? Il pouvait le faire en dépit des contraintes. Guy Cotret a déclaré lors du grand format qu’AUXERRE TV lui a consacré, que la holding Centuria Capital pouvait être amenée, à la marge, à apporter des fonds supplémentaires.
Les banquiers frileux
Enfin, at last but not least, ce ne sont pas 5 mais 10 millions d’euros que Centuria Capital a placé pour l’AJA. Cinq autres millions sont bloqués qui peuvent être débloqués à tout moment. Pourquoi le président Guy Cotret n’a-t-il pas cassé la tirelire pour Jérôme Rothen ?
Sans doute n’en voulait-il pas de ce joueur controversé qui a parfois senti le souffre. On ne voit pas d’autre explication.
Il reste que la tirelire existe ainsi qu’une marge de manœuvre certaine. Mais c’est oublier que les banquiers sont des gestionnaires frileux, nous voulons signifier que leur métier n’est pas de prendre des risques …. C’est bien un des problèmes de l’économie en France : le manque de soutien des banques à l'activité.
Il reste que Bernard Casoni, lui, anticipe et met en garde. Une manière de placer chacun devant sa responsabilité.
Le championnat débute le samedi 3 août à Nancy pour Auxerre. D’ici là, le coach ajaïste va faire monter son collectif en puissance et en intelligence car il mise beaucoup sur l’éducation solidaire. Cela prend du temps et les fruits ne tombent pas comme à gravelotte.
Et puis, le match contre Metz est anecdotique donc sans grande signification. D’ailleurs, le nul contre Sochaux (L1) et la courte défaite (0-1) face à Dijon, ont montré des choses intéressantes. Enfin le stage à Vittel de l’avis unanime, fut une réussite totale. Il fallait bien l’air des Vosges pour espérer conquérir la Lorraine.
Pierre-Jules GAYE
Commentaires
Mon cher dom89000,
C’est avec célérité que je m’astreins à répondre à votre message, sans pour autant faire acte de contrition (oui oui, en ouvrant le dictionnaire j’en ai profité pour apprendre plein de nouveaux mots compliqués, c’est génial !!).
Quelle était la philosophie de l’AJA, celle qui a fait sa réputation ? Avoir une vraie politique de formation des jeunes, s’appuyer en interne sur un petit noyau de gens compétents (Roux s’occupait de tout, n’avait qu’un adjoint (Cuperly) qui s’occupait des gardiens, des petits tracas des uns et des autres), dépenser intelligemment sur le marché des transferts pour compléter l’effectif pro avec des joueurs expérimentés, former pour revendre et faire vivre le club financièrement.
Quelle est la politique de la nouvelle équipe (politique annoncée, il est encore trop tôt pour tirer un quelconque bilan) ? Perpétuer la tradition de la formation à l’auxerroise, restructurer les effectifs du club pour s’adapter aux conditions économiques, ne pas dépenser plus d’argent sur le marché des transferts que ce que les finances permettent, chercher un ou deux joueurs majeurs pour encadrer les plus jeunes, faire confiance aux jeunes du centre de formation.
J’ai quand même l’impression que, grosso modo, c’est la même philosophie non ?
PS : des exemples de mécènes dans le foot pro, j’en vois peu. En dehors de Dreyfus à Marseille qui a investi à fonds perdus, sans chercher à faire de profit, sur des joueurs plus ou moins connus et plus ou moins bons. Paradoxalement, il n’a gagné aucun titre malgré les millions dépensés. Comme quoi l’argent ne fait pas toujours le bonheur ….
Mon Cher Zioum ,je vous suggère d'ouvrir un dictionnaire à la page mécène où mécénat,vous y apprendrez que : LE MECENAT EST UN SOUTIEN FINANCIER PAR UNE PERSONNE OU UNE SOCIETE A UNE ACTION D'ACTUALITE D'INTERET GENERAL TEL LE SPORT,LES ARTS etc....LE MECENAT EST DONC UN DON ET LE MECENE N'ATTEND RIEN EN RETOUR DE CEUX QU'IL AIDE, IL NE PEUT PRETENDRE SELON CERTAINS CRITERES QU'A UN AVANTAGE FISCAL .D'autre part je ne vois pas monsieur Cotret perpetuer les valeurs de l'Aja au rythme ou vont les licenciements de salariés compétents et vicéralement ajaistes.Bien sur qu'il déclare perpétuer et insister sur la formation
comment pourrait t'il en être autrement.Le problème est qu'à défaut de booster l'équipe pro sur le court terme ,le risque de descente aux enfers est énorme et qu'un centre de formation même high tech ne sera pas attractif pour les meilleurs espoirs qui ont une autre ambition que de jouer en national ou en cfa. Mais je suppose que M Cotret en cas d'echec footballistique aura prévu des solutions de remplacement plus rentables avec les structures dont il disposera . Non Zioum le banquier Cotret n'est pas un philanthrope (voir éventuellement le dictionnaire) et ce qui me dérange le plus c'est le manque évident de confiance qu'il accorde à Bernard Casoni (il souhaite le connaitre plus!!!!!) Ben voyons si les choses se passent mal le "fusible" sera viré à moindre frais Heureusement que ses références et son aura lui permettront de retrouver un nouveau club et un nouveau président plus reconnaissant Les dés seront jettés à la fin du mercato et tout est à craindre. Bravo pour le commentaire lucide de Gorlio.
Ça sent mauvais... Auxerre Tv l'a expliqué depuis le début. Au fait, il faut rendre hommage à cette web tv même si on ne partage pas forcément ses analyses. On y apprend beaucoup et cela permet de se faire une opinion.
Cela sent mauvais parce que l'AJA ne repose plus que sur deux jambes.
La première celle du patron, un banquier qui n'aurait que peu de marge de manoeuvre même s'il en a une, du moins cet article veut-il nous le faire croire.
La deuxième est Bernard Casoni qui semble faire l'unanimité ,hormis son patron Guy Cotret qui na pas prolongé son contrat pour l'instant, désirant mieux faire connaissance. Tiens tiens... aurait-il un entraîneur ami miracle sous le coude ?
Autrement dit, si le binôme Cotret-Casoni ne fonctionne pas à 100%, c'est mort.
Si je peux me permettre, le "mécène" l'aurait ramené sur la berge, en aurait fait son jouet et se serait complètement foutu de voir partir des Sanogo ou des Ambrose de son centre de formation.
Qu'est ce qui est le mieux : un banquier qui sort rarement le carnet de chèque mais qui perpétue la tradition de l'AJA ou un mécène qui enterre tout espoir de voir un jeune percer un jour à Auxerre ?
J'ai du mal à imaginer que le repreneur "ait réalisé une superbe opération financière à moindre coût" et que dans le même temps il se désintéresse du sort du club. Il a justement tout intérêt à faire en sorte que l'équipe marche s'il souhaite un jour le revendre et faire une plus-value.
Merci à PJG d'alimenter la chronique Aja .Il est vraiment dommage qu'il y ait aussi peu d'echo de la part des internautes .Moi ,je me fais un devoir d'exprimer mes réfléxions même si elles ne paraissent pas pertinentes. Je suis arrivé à Auxerre en 2000 et je me suis régalé avec des joueurs comme Kapo,Boumsong,Méxès,Lachuer Cissé ( qui lors d'une interview récente déclarait avec humour qu'il aurait pu marquer depuis les vestiaires ), Benjani,Kalou,Kahlenberg,Jelen,Cheyrou,Pedretti .Depuis ,plus rien, aucun joueur qui ne ressorte vraiment du lot et qui influe sur le jeu et les partenaires.Les énormes erreurs de recrutement,de gestion des contrats,la valse des entraîneurs ont amené une situation désastreuse .J'espère me tromper mais il serait envisageable de penser que le repreneur ait réalisé une superbe opération financière à moindre coût et que le sort de l'Aja ne soit à court terme qu'une priorité mineure .Je suis inquiet également pour B Casoni qui pourrait rejoindre sa superbe ile avant Noël si les premiers résultats ne sont pas satisfaisants et je préviens M Cotret qu'à Auxerre on sait réagir quand le président n'est pas à la hauteur. L'Aja se noyait,le banquier lui a sorti la tête de l'eau .Le mécène lui,l'aurait ramené sur la berge au sec et en sécurité.Hélas,on peut rêver.
Un article intéressant !
Deux points ont retenu mon attention :
- Sauf erreur de ma part, le coach a encore un an de contrat. Ce dernier ne prend donc pas fin "à la fin de l'année civile".
- Je suis OK pour dire qu'Auxerre a besoin d'un patron, d'un vrai meneur mais pas pour dire que ce doit être un milieu de terrain. Un défenseur ou un attaquant expérimenté peut également faire l'affaire. Pour ce qui est de l'exemple de Poulsen (qu'on ressort régulièrement sur Auxerre TV je trouve), il ne faut pas oublier qu'Evian venait d'accéder à la Ligue 1. Plus facile d'attirer ce type de joueur quand on évolue à l'étage supérieur.
Attendons, des 4 à 0 on en prendra d'autres. L'important ce n'est pas d'être au top dans les matchs amicaux mais de bien figurer en championnat.