ARQUEBUSADE
République, dessine un avenir
le mardi 13 janvier 2015, 21:02 - ARQUEBUSADE - Lien permanent
Quel avenir propose la République à ceux qui ont 20 ans ?
Après la séquence émotion et recueillement, Manuel Valls et son gouvernement auront beau prendre toutes les mesures de sécurité et de lutte contre le terrorisme et le fanatisme, si la France ne propose aucun avenir aux jeunes, rien ne changera. Ce sera un coup d'épée dans l'eau.
Quand on a 20 ans on déborde d'énergie, on refait le monde.On a un besoin viscéral d'absolu. Encore faut-il faut que le monde soit ouvert et non fermé.
Un avenir pour les jeunes c'est la possibilité d'avoir un idéal et d'imaginer qu'un chemin de vie existe.
Aujourdh'ui, il n'y a plus d'idéal, plus de raison de se dépasser, Il y a eu la religion, la nation, le patriotisme, la foi dans le progrès continu, la science. Maintenant la société de consommation débouche sur l'enrichissement insensé, la fuite en avant, le toujours plus pour certains et le toujours moins pour les autres.
Un avenir pour les jeunes, c'est l'abord avoir la liberté et les moyens d'étudier. Comment étudier si la bourse maximum d'un étudiant est de 5 500 euros par an ? Comment vivre ? Seuls ceux des familles aisées y arrivent.
Regardez les statistiques : combien de fils d'ouvriers font des études supérieures ? Le pourcentage est infime et l'école reproduit l'ordre établi. Elle reproduit la structure de la distribution du capital culturel et financier.
Un avenir pour les jeunes c'est de pouvoir avoir une chance, une vraie chance d'emploi. Aujourd'hui, un jeune hyper diplômé est content lorsqu'il obtient un stage non rémunéré dans une entreprise.
Notre économie ne crée pas d'emplois et les rares postes disponibles sont immédiatement pris d'assaut par les fils de ceux qui ont déjà tout. Nous sommes entrés dans le monde des “relations”. Que fait-on pour ceux qui n'en ont pas ?
Pire, la République au travers des lois sur la transmission des patrimoines, accepte que les outils économiques - les entreprises - transmises aux enfants des entrepreneurs, au risque qu'elles tombent dans les mains d'incompétents. C'est un autre scandale. L'outil économique ne devrait pas être ainsi transmis. Les biens de famille, jusqu'à un certain point, oui, les entreprises non. N'en déplaise aux fils à papa qui n'ont jamais rien entrepris véritablement dans leur vie et qui, par le hasard de la naissance sont “bien” nés.
La République dont Manuel Valls apparaît devant l'Assemblée nationale comme le héraut, doit aller de l'avant. Sécuriser certes, mais surtout aller de l'avant, inventer, créer avec force et vigueur, tracer de nouvelles voies, belles, capables de se transfomer en idéal pour les jeunes.
La laïcité, seule, la plus belle invention humaine, ne suffit pas. Elle est la condition nécessaire mais pas suffisante.
L'idéal de la République pour les jeunes de banlieue et beaucoup d'autres, aujourd'hui, c'est l'impasse. Le non avenir. Le néant.
Alors ce paradis promis aux martyrs avec toutes ces vierges qui les attendent… quel rêve. Les esprits les plus démunis, fragiles ou désespérés y découvrent une lumière, une foi en quelque chose qui les dépasse, la création d'un nouveau pays qui abrite cette religion
Acheter une kalachnikov coute 250 Euros. Se sentir surpuissant et exister. Fut-ce furtivement. De vivre, enfin. Ou au moins en avoir le sentiment, quelle qu'en soit l'issue.
Pierre-Jules GAYE
Commentaires
Très bien exprimé!
Constatation qui peut s'appliquer à plusieurs pays européens qui se sont installés dans ces rituels de copinage. L'Italie, pendant longtemps, voyait les fils des employés de banque "hériter" automatiquement de la place du père... Vrai que le piston, s'il est inévitable - nature humaine oblige - , devrait être aussi le reflet de qui pistonne: pistonner un imbécile est un signe d'esprit malhonnête et doit être sanctionné. On ne peut se sentir déresponsabilisé d'avoir fait engager un parasite incapable.
Quelque part, la situation actuelle due au manque d'éducation, d'emploi et d'avenir, ressemble à celle des Indiens des réserves, les autrefois solides et impétueux Sioux par exemple qui aujourd'hui, privés de ce qu'ils ont dans le sang, le nomadisme et la chasse, et tenus loin d'une éducation et acceptation qui leur offrirait une alternative digne dans le nouveau contexte, sont souvent de tristes excités qui meurent au volant, une bouteille de vodka à la main. Et leur système de famille a éclaté, il n'en reste rien. Ce qui arrivera chez nous aussi : les femmes répugneront à choisir pour leurs enfants des pères improbables et plus difficiles à tenir que leurs propres enfants.
L'éducation et la reconnaissance des capacités, la justice dans l'octroi des places et oui, AuxerreTV: un avenir pour lequel ça vaille la peine de tenir bon, c'est bien ce qu'il faut!